15.1. Comme nous l’avons déjà mentionné, le bilan des Nations Unies et du Conseil de sécurité est peu enviable dans les mois qui ont précédé le génocide. Nous nous devons malheureusement d’ajouter que leur réaction après l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana le 6 avril ne contribue aucunement à redorer le blason ni de l’un ni de l’autre.

15.2. Dans les heures qui suivirent l’accident, le général Roméo Dallaire, commandant militaire de la MINUAR, envoya à New York un câble disant : "Donnez-moi les moyens et je pourrai faire davantage[1]." Selon un spécialiste des affaires africaines au Pentagone, Dallaire "comprit bien avant tout le monde ce qui était en train de se produire. Je crois qu’il aurait joué un rôle positif plus actif et peut-être décisif si on lui avait donné l’autorité pour le faire[2]." Le Secrétariat savait fort bien que l’équipement dont la MINUAR disposait suffisait à peine à lui permettre de jouer un rôle minimal, encore moins de mener une intervention plus étendue. Presque immédiatement après le début du conflit, Dallaire et Booh-Booh résumèrent leur piètre situation logistique. La plupart des unités avaient de l’eau et des vivres pour deux jours à peine et du carburant pour trois jours ; dans plusieurs cas, c’était moins. Le manque d’armes légères et de munitions était criant dans toutes les unités.

15.3. La MINUAR n’allait recevoir ni autorité nouvelle ni nouveaux approvisionnements. Dallaire résume en ces termes la réaction du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) à la requête selon laquelle les moyens pour faire mieux devraient lui être octroyés : "Personne à New York ne s’y était intéressé[3]." Tragiquement pour le Rwanda, la situation n’a jamais intéressé personne parmi ceux qui comptaient.

15.4. Le lendemain matin, sachant qu’elle était recherchée par les extrémistes Hutu, la Première ministre Agathe Uwilingiyimana s’enfuit de sa résidence de Kigali et chercha refuge dans un camp de l’ONU situé près de chez elle. Dallaire téléphona immédiatement à Iqbal Riza à New York, l’informant qu’il serait peut-être nécessaire d’utiliser la force pour sauver la Première ministre. "Riza se contenta de confirmer les règles d’engagement : les soldats de la MINUAR ne devaient utiliser leurs armes que s’ils étaient attaqués[4]." Les assassins avaient donc carte blanche ; tant qu’ils n’attaquaient pas directement les Casques Bleus, ils pouvaient tuer qui ils voulaient. Environ 40 minutes après l’appel de Dallaire à Riza, des soldats rwandais entraient dans le campement de l’ONU, trouvaient la Première ministre et l’abattaient sur place.

15.5. Nous devons souligner une exception à l’application rigide du mandat imposé par New York aux forces de la MINUAR. Quel que fût leur rôle au sein du Conseil de sécurité, la France et les États-Unis ne se faisaient aucune illusion sur la situation réelle au Rwanda, comme ils le montrèrent immédiatement après l’attaque de l’avion présidentiel. Comme l’a dit plus tard le général Christian Quesnot, alors chef des affaires militaires auprès du Président de la France, dans son témoignage devant la Commission parlementaire d’enquête : "Les dirigeants politiques autant que militaires comprirent immédiatement que nous nous dirigions dès lors vers un massacre d’une ampleur jamais vue auparavant[5]."

15.6. La France et les États-Unis, suivis de la Belgique et de l’Italie, entreprirent immédiatement de mettre sur pied un plan d’évacuation de leurs ressortissants. Le 9 avril, un câble en provenance de Kofi Annan et signé par Iqbal Riza ordonnait à Dallaire de "coopérer avec les commandants français et belges pour faciliter l’évacuation de leurs ressortissants et d’autres résidants étrangers demandant à être évacués [...] Vous devez prendre toutes les mesures nécessaires pour ne pas compromettre votre impartialité ni outrepasser votre mandat, mais vous avez la discrétion de le faire si cela s’avère essentiel pour permettre l’évacuation des ressortissants étrangers. Ceci ne comprend pas, je répète ne comprend pas, la participation aux combats, sauf en cas d’auto-défense[6]."

15.7. Seuls la Commission Carlsson et notre Groupe ont eu l’autorisation d’étudier les dossiers confidentiels des Nations Unies se rapportant à cette période. Dans la mesure où nos deux enquêtes ont permis de le constater, ce fut la seule occasion pendant toute la durée de la mission de la MINUAR où Dallaire fut autorisé de quelque manière à utiliser sa discrétion "d’agir hors des limites de son mandat" et l’objet de cette exception ne peut être plus clair : "[...] si cela s’avère essentiel pour permettre l’évacuation des ressortissants étrangers." Cette latitude ne lui fut jamais accordée pour la protection de citoyens rwandais. Le Secrétariat ne savait que trop que les États-Unis, surtout, ne donneraient jamais leur accord à une intervention armée des forces de l’ONU à cette fin. Mais il savait également que tous les gouvernements occidentaux accepteraient - même exigeraient - l’autorisation pour les Casques Bleus de franchir ces limites afin d’assurer le sauvetage des expatriés. Des millions de spectateurs à travers le monde ont vu les documentaires télévisés montrant des soldats occidentaux escortant des Blancs vers la sécurité au milieu de foules de Rwandais qui allaient bientôt être massacrés[7]. Nous condamnons ces pays et ces bureaucrates de l’ONU coupables d’avoir pratiqué de façon flagrante deux poids, deux mesures.

15.8. Il est tout aussi important de souligner ce qui ne s’est pas produit durant ces quelques premiers jours. Tout à coup, quelque 1 500 soldats français, belges et italiens, bien entraînés et bien armés, firent leur apparition dans les rues de Kigali (les Américains avaient aussi des troupes à 20 minutes seulement de distance, à Bujumbura). Ce sont ces troupes européennes que les soldats de la MINUAR avaient reçu l’ordre d’aider pour évacuer les ressortissants. Pourtant, ces soldats ne reçurent jamais l’ordre de quitter l’aéroport pour se joindre aux forces de la MINUAR afin de protéger la vie des Rwandais. Dès que l’évacuation des ressortissants fut complétée, les troupes disparurent, laissant la MINUAR et le peuple rwandais encore une fois isolés.

15.9. Comme nous le verrons bientôt, le lendemain de l’accident, les soldats du gouvernement battirent et tuèrent dix Casques Bleus belges désarmés. Les politiciens belges paniquèrent et rappelèrent immédiatement le reste de leurs troupes. Comme les Belges constituaient le tiers des 1 260 militaires de la MINUAR, ce fut un désastre que Dallaire qualifia de "coup terrible pour la mission[8]." Il fit également valoir clairement un point que nous avons déjà souligné : outre l’aberration que constitue l’assassinat des soldats belges, délibérément ciblés par les extrémistes Hutu pour des raisons stratégiques, il suffisait d’un petit nombre de Casques Bleus pour protéger un grand nombre de civils rwandais. Dès le 8 avril, Dallaire informa New York que "les camps de la MINUAR abritent des civils terrifiés par une campagne brutale de terreur et de purification ethnique[9]." Le gouvernement belge resta impassible. Il décida que l’humiliation serait au moins atténuée si elle était partagée et il entreprit de faire campagne auprès des membres du Conseil de sécurité pour que la MINUAR soit entièrement dissoute.

15.10. Le DOMP répondit en présentant deux nouvelles options au Conseil de sécurité : garder la MINUAR sur place, sans le contingent belge, pour une période supplémentaire de trois semaines, ou rappeler immédiatement la MINUAR et ne laisser sur place qu’une présence symbolique des Nations Unies. La première option était conditionnelle à ce qu’il y ait un cessez-le-feu réel, les deux parties acceptant d’assurer la loi et l’ordre ainsi que la protection des civils dans les secteurs sous leur contrôle. Les belligérants devaient être informés que s’ils ne parvenaient pas à un accord avant le début de mai, la MINUAR serait retirée du pays. Ces propositions furent faites le 13 avril. Le génocide venait de commencer le 12 avril ; les leaders des génocidaires venaient d’annoncer que tout Hutu digne de ce nom devait maintenant se rallier à la campagne d’extermination complète des Tutsi du Rwanda. Malgré cela, les Nations Unies semblaient continuer de croire que les dirigeants extrémistes Hutu craindraient tant le retrait de la MINUAR qu’ils se conformeraient aux exigences de l’ONU. C’était comme si New York n’avait jamais voulu comprendre les réalités les plus fondamentales de la situation au Rwanda.

15.11. De toute évidence, certains membres des Nations Unies avaient compris. Le 13 avril également, le Nigeria, membre temporairement du Conseil de sécurité, soumit une proposition de résolution au nom du caucus des pays non-alignés des Nations Unies demandant le renforcement de la MINUAR et un élargissement de son mandat. De l’avis de notre Groupe, il semble qu’il s’agissait là de la réaction la plus évidente et la plus appropriée aux événements qui se déroulaient alors au Rwanda. Le Nigeria fit également valoir que les inquiétudes du Conseil de sécurité ne devaient pas se limiter à la sécurité des étrangers, mais inclure aussi la protection des civils rwandais. Cette approche ne sembla jamais prise au sérieux. Quand les ambassadeurs occidentaux se mirent à demander un consensus, même le Nigeria se rendit compte que sa proposition était une cause perdue et il la retira[10]. Boutros-Ghali préférait la première option proposée par le DOMP, mais il entendait se tourner vers la seconde si la situation ne progressait pas. Le représentant britannique prit la tête du groupe en appuyant la proposition belge de retrait complet de la MINUAR[11]. L’administration Clinton fit valoir que les opérations de maintien de la paix n’avaient pas de rôle utile à jouer au Rwanda dans les circonstances ; autrement dit, la MINUAR ne pouvait être efficace, parce que la rendre efficace aurait impliqué des risques réels. La nature extrême de cette position fit qu’elle fut abandonnée, même par ceux qui étaient d’accord en principe, et la Grande-Bretagne comme les États-Unis se rallièrent à la proposition de maintenir une présence symbolique des Nations Unies.

15.12. Mis à part l’échec absolu des puissances mondiales à placer les intérêts du peuple rwandais avant leurs propres intérêts politiques, l’aspect le plus significatif de ces propositions avait trait au fait qu’elles ne faisaient aucunement mention des massacres en cours, déjà connus de tous à l’époque. Instinctivement, on tenait pour acquis que ces massacres étaient un sous-produit de la guerre. On croyait qu’en laissant les Nations Unies, partie neutre, mettre fin à la guerre, le massacre des innocents prendrait fin. Ceux qui étaient sur place comprenaient et tentaient de faire valoir une réalité différente : c’était un vrai génocide, sans lien aucun avec la guerre. Il fallait pour les Tutsi que le génocide prenne fin, quelle que fût l’issue de la guerre.

15.13. Mais les grandes puissances, États-Unis en tête, refusaient d’utiliser le mot génocide, encore moins de convenir que c’était exactement ce dont il s’agissait, ni même de comprendre que les massacres étaient un événement en soi. Au lieu de cela, la principale préoccupation du Conseil de sécurité tout au long du conflit fut de conclure un cessez-le-feu immédiat dans la guerre entre le FPR et le gouvernement qui avait succédé à Habyarimana et de ramener les parties à la table de négociation. Nous pouvons nous estimer heureux que cette exigence à courte vue n’ait jamais été acceptée, sans quoi un cessez-le-feu aurait tout simplement permis aux génocidaires de continuer le massacre des Tutsi sans avoir à s’inquiéter de l’avance des forces du FPR.

15.14. Le 17 avril, Dallaire envoya au général Baril un câble l’informant que, de plus en plus démoralisées, les troupes de la MINUAR non seulement ne protégeaient plus les civils, mais les remettaient entre les mains des génocidaires sans combattre. On sait également que plusieurs personnes - dont Joseph Kavaruganda, ancien juge en chef, Boniface Ngulinzira, ancien ministre des Affaires étrangères et Landoald Ndasingwa, ministre du Travail et des Affaires sociales - furent abandonnées par les soldats de la MINUAR et brutalement assassinées, le dernier avec sa mère, sa femme et deux de ses enfants[12]. Le 21 avril, dix jours après le début du génocide, le Conseil de sécurité adopta une résolution dans laquelle les membres se disaient "consternés par l’étendue de la violence au Rwanda, qui a entraîné la mort de centaines de milliers de civils innocents, dont des femmes et des enfants [...]" avant de voter à l’unanimité la réduction de la MINUAR à une force symbolique de 270 hommes et de limiter son mandat en conséquence. Heureusement, Dallaire "tarda" à donner suite à la résolution et parvint à conserver environ 450 hommes[13].

15.15. Les grandes puissances étaient peut-être consternées, mais elles n’en ont pas moins refusé de s’engager. Selon James Wood, à l’époque affecté depuis huit ans au Pentagone à titre de sous-secrétaire d’État aux Affaires africaines, le gouvernement américain savait, "entre 10 et 14 jours" après le crash, que les massacres avaient été "prémédités, soigneusement planifiés et exécutés selon les plans avec la complicité totale du gouvernement rwandais alors en place[14]." Après tout, il incombait aux "gens qui suivent ces affaires de près, à l’État-major interarmées, aux services de renseignements de la Défense ou au bureau du secrétaire de la Défense[15]" de savoir ces choses.

15.16. Il n’y avait aucun problème de manque d’information aux États-Unis. Human Rights Watch et le US Committee for Refugees, qui obtenaient leurs renseignements directement du Rwanda, ont tenu régulièrement des points de presse et publié des mises à jour sur le cours des événements. Le fait qu’il s’agissait d’un génocide ne faisait plus aucun doute quand, deux semaines plus tard, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) estima qu’il y avait déjà probablement des centaines de milliers de morts et que l’ampleur de la tragédie humaine dépassait de loin tout ce dont il avait été témoin. Parallèlement, la stratégie du Conseil de sécurité menée par les États-Unis fut condamnée pour son irrationalité. Par exemple, Human Rights Watch se hâta de rappeler aux Nations Unies que "l’objectif des autorités n’était pas de maintenir la paix" à Kigali et qu’un "cessez-le-feu entre des parties en guerre serait largement inadéquat compte tenu des carnages de non-combattants perpétrés aux quatre coins du Rwanda [...] par l’armée et les milices[16]."

15.17. James Wood, l’ex-spécialiste des affaires africaines au Pentagone, croit que "le principal problème à l’époque était l’absence de leadership, ce qui était délibéré et calculé parce que tant en Europe qu’à New York ou à Washington, les décideurs politiques ne voulaient pas faire face à la situation. Ils ne voulaient pas admettre ce qui se passait, ni qu’ils savaient ce qui se passait, parce qu’ils ne voulaient pas porter la responsabilité de l’organisation d’une mission humanitaire - probablement dangereuse - pour contrer un génocide [...] Je crois que tout cela [faire comme si ce n’était pas un génocide] n’était qu’un écran de fumée pour escamoter une politique déterminée d’avance : ’N’intervenons pas dans ce désastre ; laissons les Africains s’en charger eux-mêmes’[17]."

15.18. Mais le Rwanda n’allait pas disparaître si facilement de l’actualité. Les histoires d’horreur se multipliaient de jour en jour et ne pouvaient plus être ignorées. À la fin d’avril, on signalait que plus de 200 000 personnes avaient déjà été tuées. Le 28 avril, l’ambassadeur du Nigeria reconnaissait ce que tout le monde hors des circuits diplomatiques savait déjà : on consacrait beaucoup trop d’efforts aux négociations de cessez-le-feu et pas suffisamment à la prévention d’autres massacres.

15.19. Pourtant, sur le terrain, le personnel des Nations Unies continuait de prétendre que l’ONU était "neutre" au Rwanda, une attitude qui lui permettait ostensiblement de jouer le rôle d’intermédiaire honnête tentant de négocier un cessez-le-feu. Le Représentant spécial Jacques-Roger Booh-Booh refusait de critiquer le gouvernement intérimaire, alors même que ses principaux membres incitaient activement la population au génocide ; à l’inverse, si l’une des parties faisait l’objet de critiques, il s’employait scrupuleusement à rééquilibrer la situation en critiquant l’autre partie. Nous regrettons profondément que Booh-Booh n’ait pas insisté et qu’il ait échoué à faire comprendre à New York que les génocidaires devaient être amenés à assumer leurs agissements haineux. Même à la fin d’avril et au début de mai, les points de presse quotidiens donnés à Nairobi par les représentants de l’ONU continuaient de rappeler que les Nations Unies devaient être "perçues comme neutres" ou que "nous ne devons pas donner l’impression de prendre parti pour l’un ou l’autre camp[18]."

15.20. Quelques années après, dans un rapport sur l’échec de l’enclave de Srebrenica en Bosnie en 1995, le Secrétaire général Kofi Annan écrivit que l’une des questions majeures soulevées au cours de ces terribles circonstances était une idéologie institutionnelle d’impartialité [de la part de l’ONU] même lorsqu’elle était en présence d’une tentative de génocide [...] Certainement des erreurs de jugement étaient commises [par l’ONU] [...] erreurs qui trouvaient leurs racines dans une philosophie d’impartialité et de non-violence totalement incompatible avec le conflit en Bosnie. En effet, conclut-il, négocier pendant la guerre avec "les architectes et exécuteurs de la tentative de génocide en Bosnie [...] équivalait à un apaisement[19]."

15.21. Pour le Rwanda en 1994, il fallut attendre jusqu’à la fin d’avril avant que Boutros-Ghali ne réalise à quel point sa position était peu judicieuse. La Commission Carlsson critique sa passivité jusqu’à ce moment. "Le Secrétaire général peut avoir une influence marquante sur les décisions prises par le Conseil de sécurité, et a la capacité de mobiliser la volonté politique des États membres autour des grandes questions à l’ordre du jour. Boutros-Ghali était absent de New York durant la plus grande partie du génocide. La Commission comprend que le Secrétaire général ne peut être présent à toutes les réunions du Conseil de sécurité. Les archives montrent toutefois des communications quasi-quotidiennes informant le Secrétaire général du déroulement des événements à Kigali et au siège de l’Organisation relativement au Rwanda, avec parfois des réponses et des commentaires du Secrétaire général. La Commission conclut que le Secrétaire général était tenu informé des principaux développements au Rwanda. Toutefois, le rôle du Secrétaire général face au Conseil dans de véritables situations de crise comme celle du génocide rwandais ne peut que dans une faible mesure être joué à distance. Sans des contacts personnels directs entre le Secrétaire général et l’ensemble du Conseil de sécurité ou chacun de ses membres, l’influence du Secrétaire général sur le processus de prise de décision ne peut être aussi efficace ni aussi forte que s’il était présent[20]."

15.22. Finalement, un peu plus d’une semaine après la décision du Conseil de sécurité de réduire la MINUAR, Boutros-Ghali se fit abruptement l’avocat d’une intervention plus musclée des Nations Unies. Il avait finalement compris que la priorité n’était pas d’agir à titre de médiateur neutre dans une guerre civile, mais de mettre un terme aux massacres de civils. Il n’était toutefois pas encore prêt à admettre la réalité d’un génocide délibérément planifié et exécuté. Au contraire, jusqu’à la fin d’avril, Boutros-Ghali continua d’affirmer que les massacres étaient la conséquence de violences déraisonnées mais probablement inévitables entre deux groupes ethniques se détestant profondément. Ce fut une approche particulièrement malheureuse de la part du Secrétaire général puisqu’elle venait renforcer l’argument principal des génocidaires, à savoir que la crise découlait d’animosités ethniques historiques plutôt que d’assassinats massifs organisés[21].

15.23. Malgré cela, des vies pouvaient encore être sauvées et le Secrétaire général poussa le Conseil de sécurité à reconsidérer sa décision de rester militairement passif et politiquement neutre. Le Conseil n’était toutefois pas pressé d’agir. Malgré ce qui se passait au Rwanda, il semble que le Conseil avait besoin d’autres pourparlers et d’autres documents. À chaque occasion, comme nous l’avons vu plus tôt, l’ambassadrice des États-Unis Madeleine Albright s’empressait de dresser des obstacles sur la voie d’une décision rapide en vue d’une action efficace. Finalement, le 17 mai, le Conseil de sécurité accepta la mise sur pied de la MINUAR II avec 5 500 hommes et un mandat Chapitre 7 lui permettant d’avoir recours à la force nécessaire pour mener sa mission à bien.

15.24. La résolution imposait un embargo sur les armes à destination du Rwanda, décision à laquelle s’opposa l’envoyé du gouvernement génocidaire qui représentait toujours le Rwanda au Conseil de sécurité. Le fait que le Hutu Power siège au Conseil de sécurité a offensé un grand nombre de personnes tout au long du génocide, mais cette situation a perduré jusqu’aux derniers jours de la guerre, quand l’armée du FPR a chassé le gouvernement du pays. Le lendemain de l’accord donnant naissance à la MINUAR II, Jérôme Bicamumpaka, ministre des Affaires étrangères, accompagné de Jean-Bosco Barayagwiza, chef du parti génocidaire CDR, prit la place réservé au Rwanda au Conseil de sécurité. Dans un discours raciste et enflammé, Bicamumpaka tenta de justifier le génocide, prétendit que des centaines de milliers de Hutu avaient été assassinés par le FPR. Une minorité seulement des membres du Conseil dénoncèrent le ministre et le gouvernement au nom duquel il avait pris la parole[22]. Au cours des mois pendant lesquels son gouvernement présida au génocide, l’ambassadeur rwandais ne fut jamais empêché de voter, pas même sur les questions touchant directement son pays[23]. C’est cet incident humiliant qui entraîna la Commission Carlsson à recommander que l’on étudie "plus à fond la possibilité de suspendre la participation des représentants d’un État membre au Conseil de sécurité dans des circonstances aussi exceptionnelles que celles de la crise au Rwanda[24]."

15.25. Désormais, la MINUAR II existait, apparemment une victoire du bon sens. Mais elle n’existait que sur papier. Rien n’avait changé, comme ceux du milieu l’avaient prédit. "Il ne se produira absolument rien. C’est un beau document, mais qui a bien peu de chance d’être mis en application [...] Les États membres n’accorderont pas les ressources permettant de réaliser ce plan[25]." Deux semaines après la résolution créant la MINUAR II, Boutros-Ghali présenta son rapport au Conseil de sécurité. Il avait envoyé une mission d’observation au Rwanda et ses observations l’avaient passablement ébranlé. Le rapport contenait une description précise des horreurs des sept semaines précédentes qui faisait état d’une "frénésie de massacres" et estimait entre 250 000 et 500 000 le nombre de personnes ayant déjà trouvé la mort. De manière significative, il déclara que les massacres et les tueries avaient été systématiques et qu’il n’y avait que "peu de doute" que la situation constituait un génocide[26].

15.26. Les conclusions du Secrétaire général étaient très dures : "Le temps mis par la communauté internationale à réagir au génocide rwandais montre son incapacité à répondre rapidement par une action prompte et décisive aux crises humanitaires entrelacées avec un conflit armé. Ayant rapidement ramené la MINUAR à une présence symbolique sur le terrain parce que son mandat initial ne lui permettait pas d’intervenir au moment où le carnage commençait, la communauté internationale semble paralysée à réagir près de deux mois plus tard, et même au nouveau mandat établi par le Conseil de sécurité. Nous devons admettre qu’à cet égard, nous avons failli dans notre réponse à l’agonie du Rwanda, et que nous avons, ce faisant, acquiescé à la perte continue de vies humaines[27]."

15.27. Boutros-Ghali recommanda que les deux tâches principales de la MINUAR II soient de protéger les civils menacés et d’assurer la sécurité des missions d’aide humanitaire. Une semaine plus tard - trois semaines entières après l’établissement de la MINUAR II et après qu’une série d’obstacles dressés par les Américains eurent été surmontés - le Conseil de sécurité endossa finalement ces objectifs et appela instamment les États membres à répondre rapidement à la demande de ressources lancée par le Secrétaire général. Même à ce stade, une majorité de membres du Conseil, avec l’ambassadrice des États-Unis Madeleine Albright en tête, continuait de refuser de reconnaître dans le drame du Rwanda un génocide, par crainte des obligations juridiques découlant de la Convention sur le génocide qui leur imposait de prendre des mesures efficaces une fois l’existence d’un génocide reconnue.

15.28. De plus, encore une fois grâce aux États-Unis, il y eut un nouveau délai extraordinaire. Cette fois-ci, ce fut une question d’argent. L’administration Clinton avait promis de fournir à la MINUAR 50 véhicules blindés de transport de troupes qui, selon Dallaire, pouvaient jouer un rôle important dans la libération des civils encerclés. Washington décida de négocier avec l’ONU les conditions de location des véhicules et de les négocier à partir d’une position de force. Avant d’autoriser l’envoi des véhicules blindés au Rwanda, la nation la plus riche du monde augmenta l’estimation de coût initiale de moitié et exigea ensuite que les Nations Unies (envers qui les États-Unis avaient déjà une dette énorme) assument le coût du retour des véhicules à leur base en Allemagne. Le coût global de l’exercice était évalué à 15 millions de dollars américains.

15.29. Ce n’était pas tout. Une fois que l’administration eut accepté en principe de fournir les véhicules "au lieu d’assurer le leadership de l’opération à travers la bureaucratie du Pentagone afin de rendre les véhicules à destination le plus rapidement possible, l’affaire se déroula de la manière la plus lente et la plus tortueuse, de sorte que lorsque les véhicules furent enfin prêts à être envoyés au Rwanda, tout était fini. Il aurait été trop tard de toute façon [...] ils [les bureaucrates] s’enfermèrent dans des questions sans fin sur la terminologie de contrat, le type de lettrage à appliquer sur les véhicules [...] la couleur [...] et toutes sortes d’autres détails. Toutes ces choses peuvent être résolues en une ou deux rencontres [...] ou vous pouvez les laisser s’étirer sur des mois, ce qui est exactement ce qui s’est produit. Le temps qu’il faudrait [...] pour les mettre en route devint presque un sujet de plaisanteries. Pour moi, la situation démontrait clairement l’absence totale d’intérêt de nos [les États-Unis] décideurs, dans cette situation, à soutenir l’ONU dans son intervention[28]."

15.30. Les véhicules de transport de troupes arrivèrent finalement en Ouganda le 23 juin et y restèrent. Aucun véhicule n’était encore entré au Rwanda quand le FPR a gagné la guerre et que le génocide a pris fin, le 17 juillet.

15.31. Le fait qu’on ait été incapable de trouver à transporter un contingent éthiopien entièrement équipé, entraîné et disponible pour servir au sein de la MINUAR II est tout aussi inquiétant. Aucune des puissances occidentales qui avaient immédiatement envoyé des avions pour rapatrier leurs ressortissants après la mort du Président Habyarimana n’était en mesure d’apporter son aide. Le 25 mai, le gouvernement éthiopien s’était formellement engagé à fournir 800 soldats ; on ne put leur trouver un transport avant la mi-août, plus d’un mois après la fin du génocide[29].

15.32. En fait, aucun soldat rattaché à la MINUAR II - seule intervention positive du Conseil de sécurité durant tout le génocide - ne mit le pied au Rwanda avant que la victoire militaire du FPR ne mette un terme aux massacres. Du début à la fin, le bilan de l’ONU dans l’affaire du Rwanda a été incroyablement déconcertant. Le peuple et le gouvernement du Rwanda considèrent qu’ils ont été trahis par la communauté internationale et nous sommes d’accord avec eux. Qui sont les responsables ? La Commission Carlsson s’est surtout penchée sur le Secrétariat et lui attribue la plus grande part de responsabilité, en particulier au Secrétaire général et au Département des opérations de maintien de la paix sous Kofi Annan. Comme Dallaire l’a rappelé par la suite : "Soixante-dix pour cent de mon temps et de celui de mon État-major était consacré à une bataille administrative dans le cadre de la structure administrative et logistique quelque peu constipée des Nations Unies[30]."

15.33. D’autres sont profondément en désaccord et considèrent qu’on cherche un "bouc émissaire" en blâmant les services civils de l’ONU. Chose intéressante, ce groupe comprend entre autres le général Dallaire. Pour lui, le principal coupable n’est pas le Conseil de sécurité, mais plutôt certains membres de ce Conseil. "Les coupables sont principalement les puissances mondiales", a-t-il indiqué à notre Groupe. "Dans leur propre intérêt, ils avaient déjà décidé que le Rwanda était sans importance. Dans les faits, il y a le Secrétariat des Nations Unis, le Secrétaire général et le Conseil de sécurité, mais dans mon esprit, il y a quelque chose au-dessus de tout cela. Il y a quelque chose au-dessus du Conseil de sécurité. Il y a une rencontre de puissances qui ont les mêmes opinions et qui prennent leurs décisions avant même que le Conseil de sécurité soit saisi d’une question. Ces pays avaient plus de sources d’information que moi sur le terrain et ils savaient exactement ce qui se passait au Rwanda[31]."

15.34. Il apparaît sans doute déjà clairement au lecteur que le personnel du Secrétariat des Nations Unies fut bien autre chose qu’un groupe de fonctionnaires exécutant les souhaits de leurs maîtres politiques au sein du Conseil de sécurité. À plusieurs reprises, ils imposèrent à la MINUAR les contraintes les plus étroites, lui refusant la plus élémentaire flexibilité alors même que des vies étaient directement menacées. La seule exception à cette règle fut au moment où les vies menacées étaient celles d’expatriés qu’on évacua frénétiquement du pays après le 6 avril.

15.35. Le Secrétariat n’a pas exercé son droit d’intervenir devant le Conseil de sécurité en tentant de persuader les membres du besoin urgent de prendre des mesures actives. En fait, les membres non permanents du Conseil étaient parfois laissés dans l’ignorance la plus complète. Par exemple, l’ambassadeur tchèque à l’époque se plaignit du fait que "le secrétariat ne nous donnait pas toute l’information. Il en savait davantage que ce qu’il disait et les membres comme nous ne pouvaient établir s’il s’agissait vraiment d’une guerre civile ou d’un génocide[32]." Leur bilan à cet égard est une tache honteuse au dossier des Nations Unis et au leur, comme le Secrétaire général Kofi Annan, successeur de Boutros-Ghali, le reconnut dans sa réponse au rapport de la Commission Carlsson : "J’accepte pleinement leurs conclusions, y compris celles qui mettent en cause certains membres du Secrétariat de l’Organisation, dont moi-même[33]."

15.36. Quelles sont les conclusions acceptées par Annan, cela n’apparaît pas clairement. Environ 18 mois plus tôt, comme le Président Clinton, il s’était rendu à Kigali et avait lui aussi présenté des excuses, affirmant qu’"aux heures les plus sombres de son histoire, le monde a abandonné le peuple du Rwanda [...] Nous tous qui nous préoccupons du Rwanda, qui avons été témoins de ses souffrances, nous aurions voulu pouvoir prévenir le génocide[34]." L’explication du Secrétaire général était remarquablement similaire à celle du Président des États-Unis. "Lorsque nous regardons en arrière", dit-il devant le Parlement rwandais, "nous voyons les signes que nous n’avons alors pas su reconnaître. Nous savons maintenant que ce que nous avons fait n’était pas suffisant, pas suffisant pour protéger le Rwanda contre lui-même[35]." Les parlementaires rwandais, qui n’avaient quant à eux aucun doute sur le fait que ces signes étaient connus, étaient furieux contre de tels propos du Secrétaire.

15.37. Par ailleurs, les acteurs des événements de 1994 ne partagent pas tous le sentiment de contrition d’Annan. Iqbal Riza, commandant adjoint du DOMP et à l’époque chef d’État-major des opérations de maintien de la paix, continue de rejeter toute responsabilité pour la tragédie rwandaise. Bien sûr, il regrette la tragédie et reconnaît qu’une initiative plus rigoureuse de l’ONU à l’époque aurait pu sauver des vies humaines. Mais il insiste : "Avec tout le respect que je dois aux morts, les responsables de cette tragédie sont ceux qui ont planifié les massacres. Ce sont eux qui sont responsables de ces morts[36]." C’est pourtant ce même Riza qui refusa unilatéralement l’autorisation sollicitée par Dallaire le 11 janvier de confisquer une cache d’armes et qui lui ordonna plutôt d’en informer Habyarimana. Trois ans plus tard, il expliqua à un journaliste de télévision pourquoi il n’avait pas pris au sérieux la déclaration d’un informateur selon laquelle il existait un plan en vue d’éliminer tous les Tutsi de Kigali. "Écoutez, les cycles de violence au Rwanda se répètent depuis 1960 - Tutsi contre Hutu, Hutu contre Tutsi. Je suis désolé de paraître cynique, mais ce n’était rien de nouveau. Ce qui avait commencé dans les années 60 s’était poursuivi dans les années 70 et 80 et se répétait encore une fois dans les années 90[37]."

15.38. Cette déclaration était incompatible avec les faits. Comme nous l’avons montré plus tôt, il n’y a eu à peu près aucune violence entre les deux groupes durant la plupart des années 70 et durant toutes les années 80. Après 17 années de paix ethnique, le ressentiment anti-Tutsi et les massacres n’ont débuté qu’à la suite de l’invasion menée par les forces du FPR en octobre 1990, moins de trois ans plus tôt. En réalité, ce sont ces années qui constituaient une aberration. Notre Groupe est extrêmement troublé de constater que l’un des membres les plus élevés dans la hiérarchie du Secrétariat continue de ne voir dans le génocide que l’expression d’une quelconque rivalité tribale et de croire que ses actions n’ont eu aucun impact sur les événements au Rwanda.

15.39. D’un autre côté, quels qu’aient pu être les préjugés de certains de ses représentants, nous ne pouvons concevoir que le Secrétariat ait pu adopter une approche aussi négligente si le Conseil de sécurité avait choisi de faire tout en son pouvoir pour empêcher le génocide ou y mettre fin. Comme nous l’avons dit précédemment, un grand nombre d’organisations externes doivent assumer une part de responsabilité dans ce qui s’est produit au Rwanda - les églises, les institutions financières internationales et tous les organismes humanitaires qui adoraient travailler dans le Rwanda d’Habyarimana et dont les largesses ont rendu possible l’accroissement de la capacité de coercition de l’État[38], de même que toutes les nations qui ont ignoré la tournure résolument ethnique que prenait l’administration rwandaise et qui ont détourné le regard des massacres ethniques qui avaient commencé en 1990.

15.40. Néanmoins, au-delà de tout cela, les preuves démontrent clairement qu’il y a un petit nombre d’importants acteurs dont l’intervention aurait pu directement prévenir le génocide, y mettre fin ou en réduire grandement l’importance. Il s’agit de la France dans son intervention au Rwanda ; des États-Unis au Conseil de sécurité avec le soutien indéfectible du Royaume-Uni ; et de la Belgique, qui s’est enfuie du Rwanda pour tenter ensuite de démanteler complètement la MINUAR après le début du génocide. Le Représentant permanent du Nigeria aux Nations Unies, l’ambassadeur Ibrahim Gambari, nous a rappelé que "toutes les imperfections des Nations Unies sont attribuables à ses membres", ce qui l’a amené à conclure que "sans l’ombre d’un doute, ce fut le Conseil de sécurité, et en particulier ses membres les plus influents, ainsi que la communauté internationale dans son ensemble, qui ont failli à leurs obligations envers le peuple du Rwanda aux heures les plus sombres de son histoire[39]." Comme l’ont dit avec amertume le général Dallaire et son commandant adjoint, le colonel Marchal, "la communauté internationale a les mains souillées de sang[40]."

15.41. Le prix de cette trahison a été payé par un nombre incalculable de Rwandais en grande majorité Tutsi, dont les noms resteront à jamais inconnus du reste du monde. Par contre, aucun des acteurs clé du Conseil de sécurité ou du Sécrétariat qui ne réussirent pas à empêcher le génocide principaux au Conseil de Sécurité ou au Secrétariat responsable de cette trahison n’a jamais payé quelque prix que ce soit. Aucune démission n’a été demandée. Personne n’a donné sa démission pour des raisons de principe. La carrière de plusieurs est devenue hautement florissante depuis 1994. Il semble que la règle du jour soit l’impunité internationale et non la responsabilité internationale.


[1] Des Forges, 598.

[2] James Woods, entrevue au Frontline.

[3] Des Forges, 598.

[4] Enquête indépendante des Nations Unies, décembre 1999, 14.

[5] Assemblée nationale, Mission d’information commune, Tome 1 Rapport, 344.

[6] Enquête indépendante des Nations Unies, décembre 1999, 17.

[7] "The Triumph of Evil", PBS, Frontline, États-Unis, 1995 ; "Rwanda : triumph of a Genocide", CBC, Prime Time Magazine, Canada, 1994 ; "Rwanda : the Betrayal Channel", Royaume-Uni, 1995 ; "The Bloody Tricolour", BBC, Panorama, Royaume-Uni, 1995.

[8] Enquête indépendante des Nations Unies, décembre 1999, 18.

[9] Ibid.

[10] Entrevue avec un informateur crédible.

[11] Adelman, "Role of Non-African States", 23.

[12] Enquête indépendante des Nations Unies, décembre 1999, 16-17 ; Cynthia McKinney, "Two Families, One Genocide, and the United Nations : Two Families, Victims of Rwanda Genocide, Seek Reparations from the United Nations for UN Complicity in Murders During the 1994 Rwandan Genocide", bulletin de C. McKinney, députée au Congrès américain, 15 décembre 1999.

[13] Anyidoho, chap. 5.

[14] James Woods, entrevue au Frontline.

[15] Ibid.

[16] Cité dans US Committee or Refugees, Rwanda : Genocide and the Continuing Cycle of Violence, présentation au US House of Representatives Committee on International Relations, Sub-Committee on International Operations and Human Rights, 5 mai 1998.

[17] Ibid.

[18] African Rights, Death, Despair, 1120.

[19] Rapport du Secrétaire général relatif à la résolution 53/35 de l’Assemblée générale, "The Fall of Srebrenica", 15 novembre 1999, 110-111.

[20] Enquête indépendante des Nations Unies, décembre 1999, 46.

[21] Willum, 10, 15.

[22] Document du Conseil de sécurité, 49e année, 3 377e assemblée, le lundi 16 mai 1994 (S/PV.3377), 5.

[23] African Rights, Death, Despair, 1137.

[24] Enquête indépendante des Nations Unies, recommandation 12, 51.

[25] Michael Barnett, Mission américaine auprès des Nations Unies 1994, entrevue au Frontline.

[26] Secrétaire général des Nations Unies, "Report of the Secretary-General on the situation in Rwanda, reporting on the political mission he sent to Rwanda to move the warring parties towards a cease-fire and recommending that the expanded mandate for UNAMIR be authorized for an initial period of six months", S/1994/640 (31 mai 1994), par. 5.

[27] Ibid., par. 43.

[28] James Woods, entrevue au Frontline.

[29] African Rights, Death, Despair, 1130.

[30] Général Roméo Dallaire, "The End of Innocence : Rwanda 1994", dans Jonathan Moore (éd.), Hard Choices : Moral Dilemmas in Humanitarian Intervention (Langham, Maryland : Rowman and Littlefield, 1998).

[31] Entrevue avec un informateur crédible.

[32] Entrevue au Frontline.

[33] Secrétaire général des Nations Unies, "Statement on Receiving the Report of the Independent Inquiry into the Actions of the United Nations during the 1994 Genocide in Rwanda", 16 décembre 1999.

[34] "Triumph of Evil", Frontline, chronologie.

[35] Ibid.

[36] Iqbal Riza, entrevue au Frontline.

[37] Ibid.

[38] Tom Longman, "State, Civil Society and Genocide in Rwanda", dans Richard Joseph (éd.), State, Conflict and Democracy in Africa (Boulder, Colorado : L. Rienner, 1999).

[39] Ibrahim Gambari, "Guns over Kigali : A Review Article on the Rwandan Genocide", West Africa, 19 octobre - 1er novembre 1998, 747.

[40] Colonel Luc Marchal, entrevue au Frontline.

Source : Organisation de l’Unité Africaine (OUA) : http://www.oau-oua.org