Au cours de la période allant du 8 février au 30 mars, la mission des unités de Noroît basées à Kigali évoluera peu : contrôle de la ville et de l’aéroport, protection des ressortissants. En revanche, comme le souligne le Colonel Philippe Tracqui, la mission des unités déployées au nord et au sud de la ville sera sans cesse modifiée " allant d’une simple mission d’observation à une mission de contrôle de zone, puis de défense ferme et enfin de patrouilles, d’escorte de convois humanitaires, d’aide aux personnes déplacées de guerre et de protection des moyens de guerre électronique.

Les ordres d’opération

Plusieurs ordres d’opération et de conduite viennent définir les missions du détachement Noroît.

L’ordre de conduite n° 5 du 12 février 1993 demande d’être en mesure, en vue de faire face à toute action surprise du FPR sur Kigali et, tout en assurant le contrôle de l’aéroport et la protection des ressortissants :

 de renseigner sur les mouvements éventuels du FPR aux abords nord de la capitale,

 de gagner les délais nécessaires,

pour permettre une opération d’évacuation des ressortissants de la capitale.

L’ordre de conduite n° 7 du 20 février 1993 prévoit une infiltration possible d’éléments FPR à partir de la sortie de Rutongo et fait part de la présence d’environ 700 000 déplacés sur une frange de 15 km de profondeur, aux lisières nord de la capitale, dont une grande partie pourrait se diriger vers Kigali et se livrer à des opérations de pillage. L’ordre est d’assurer la protection rapprochée du nord et de l’ouest de Kigali et la sécurité des ressortissants français dans la capitale, tout en contrôlant l’aéroport.

L’ordre d’opération n° 3 du 2 mars 1993 fixe pour mission :

 de surveiller les accès nord et ouest de la capitale, en étant en mesure de les interdire temporairement ;

 d’assurer la sécurité des ressortissants, tout en contrôlant l’aéroport.

L’ordre de conduite n° 9 du 19 mars 1993, traite de l’allégement du dispositif Noroît.

Le réaménagement de la présence militaire française en application de l’accord de cessez-le-feu du 9 mars 1993

Le 9 mars, le FPR signe un accord de cessez-le-feu à Dar Es-Salam, en vertu duquel il se retire sur les positions qu’il occupait avant le 8 février. Cet accord prévoit par ailleurs le retrait du Rwanda, à partir du 17 mars 1993, des troupes françaises arrivées en renfort après le 8 février.

Le mercredi 17 mars, une partie du renfort EMT-EFAO arrivé le 9 février repart pour Bangui. Le vendredi 19 mars, une partie de la 4ème compagnie du 21ème RIMA, présente elle aussi depuis le 9 février, repart également à Bangui. Deux autres sections de cette même compagnie s’en iront le samedi 20 mars, puis le reliquat et le chef de corps du 21ème RIMA partiront le dimanche 21 mars.

Le dispositif Noroît, ramené à deux compagnies, est alors placé à Kigali, après que les troupes ont abandonné l’axe de Gitarama et les postes de contrôle sur les axes menant à Kigali.

En compensation de ce retrait, le Général Dominique Delort, alors Colonel, et le Colonel Bernard Cussac proposent, le 15 mars, une réorganisation du DAMI Panda renforcé en effectifs et dont les missions seraient élargies à l’assistance à l’état-major des FAR dans les domaines du renseignement, de la préparation et de la conduite des opérations, de la veille opérationnelle sur le front, du recyclage de quelques unités existantes.

De fait, le Général Dominique Delort considère le 16 mars, dans une note adressée au COA, que " si des impératifs politiques entraînent l’allégement de Noroît, le processus peut être différent en ce qui concerne l’assistance aux FAR. En effet..., la diminution de notre aide entraînerait l’effondrement rapide de l’armée gouvernementale en cas de reprise de l’offensive ".

De même, estime-t-il préférable, compte tenu du contexte, de maintenir le dispositif Chimère jusqu’aux derniers jours de mars. Le Général Dominique Delort sera entendu, puisque le détachement Chimère se retirera le 28 mars et que les effectifs du DAMI Panda seront portés à environ 80 personnes en juin, juillet, août et septembre 1993, avant de décroître rapidement en octobre 1993 à une trentaine.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr