Le FPR poursuit sa progression vers Gisenyi -où se trouvent les autorités dites " de Gisenyi " représentatives du Gouvernement intérimaire. Cette arrivée déclenche le 14 juillet le départ de ces autorités et provoque l’exode en quatre jours vers le Zaïre (à Goma) d’un million de réfugiés hutus. Gisenyi tombe le 17 juillet. Le 19 juillet, le FPR décide unilatéralement l’arrêt des combats, ce qui entraîne, de facto, le cessez-le-feu.

Face à la catastrophe humanitaire résultant de l’exode, elle-même induite par la guerre, la France a dû réagir et affronter le vif ressentiment de la population zaïroise, qui fut toutefois rapidement dissipé.

Le 22 juillet, le choléra se déclare. Selon le Médecin en chef François Pons, l’épidémie fait de 20 000 à 50 000 morts en dix jours, ce qui oblige la France à aménager son antenne, initialement conçue pour effectuer le soutien de ses forces, en une unité de soins aux cholériques.

L’épidémie justifie également l’envoi, le 22 juillet, de la Bioforce, qui met en place une campagne de 24 000 vaccinations pour enrayer l’épidémie.

Extrêmement performant, selon le Médecin en chef Robert de Resseguier -puisqu’il a servi de référence aux différents organismes internationaux présents à Goma- ce laboratoire, complété par six équipes d’investigation, a travaillé uniquement au profit des populations civiles réfugiées, en liaison avec les différents organismes internationaux présents.

S’agissant de la collaboration avec les ONG, le Médecin en chef Robert de Resseguier a souligné que certaines d’entre elles avaient d’abord manifesté de la réserve, notamment la Croix rouge, ainsi que le HCR, mais que les relations s’étaient ensuite considérablement améliorées à l’arrivée de la Bioforce. De façon plus générale, la catastrophe de Goma met en évidence le problème des relations entre les militaires et les ONG.

Celles-ci ne peuvent utilement intervenir que si la zone est pacifiée, d’où la nécessité d’une bonne collaboration avec les militaires, mais certaines d’entre elles refusent, pour des raisons de principe, d’intervenir à côté de l’armée. De leur côté, certains militaires considèrent qu’ils n’ont pas à s’insérer dans un cadre humanitaire et qu’il leur appartient seulement de " s’interposer " pour faire cesser les massacres, les ONG ayant l’exclusivité de l’action humanitaire.

Parallèlement, la ville de Goma n’ayant plus les moyens de faire face aux conséquences de cet exode, le Général Jean-Claude Lafourcade décide l’engagement d’une partie des capacités disponibles du bataillon de soutien logistique (BSL). Six circuits de ramassage des morts du choléra, utilisant jusqu’à douze véhicules passant deux fois par jour, sont organisés dans les rues de la ville.

Le Colonel Alain Le Goff a précisé au cours de son audition que, pendant les premières semaines, les soldats français avait ramassé seuls les cadavres avant que ne soit recrutée et rémunérée de la main d’oeuvre locale. Puis, les ONG et les particuliers ont participé à cette entreprise. Au total 42 000 à 45 000 morts auront été inhumés dans les deux fosses communes ouvertes par le BSL à côté de l’aéroport.

Le BSL entreprendra d’autre part une opération de distribution de 5 500 mètres cubes d’eau épurée, ce qui permettra, conjointement avec les vaccinations, d’enrayer l’épidémie de choléra.

L’intervention des militaires français à Goma s’est déroulée sous l’oeil de 200 journalistes et d’autant d’ONG, alors que, dans le même temps, les forces de Turquoise assuraient la sécurisation de la zone humanitaire sûre, évitant ainsi que ne survienne un " deuxième Goma " à Bukavu ou au Burundi.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr