Les Etats-Unis n’avaient pas au Rwanda d’intérêts nationaux significatifs. Le Rwanda fait partie des pays les moins avancés (PMA) et est dépourvu de ressources naturelles rares. En conséquence, pour les Etats-Unis, le Rwanda ne représente aucun enjeu et a du reste été négligé par les entreprises américaines, dont aucune n’était implantée en 1994 dans ce pays.

Il n’a donc pas existé de " complot " américain qui aurait eu pour objet de supplanter l’influence française au Rwanda. Au contraire, même si les Etats-Unis étaient présents aux négociations d’Arusha et ont déployé une certaine activité diplomatique, leur implication dans le règlement de la crise rwandaise a été surtout négative.

Tout d’abord, les Etats-Unis ont eu comme priorité principale d’éviter un engagement trop important des Nations Unies dans la crise rwandaise pour des raisons à la fois budgétaires et politiques. Cette attitude a été constante, du déploiement d’observateurs à la frontière rwando-ougandaise à la fourniture de matériel pour la MINUAR I et la MINUAR II, décision à l’occasion de laquelle les Etats-Unis ont multiplié les obstacles administratifs.

Ils militaient au lendemain des événements du 6 avril 1994 pour un retrait pur et simple de la MINUAR I et ont retardé autant qu’ils le pouvaient l’introduction du mot génocide dans une résolution du Conseil de sécurité, de crainte que l’ONU n’ait à intervenir massivement.

La directive présidentielle du Président Bill Clinton (voir annexe) relative à la politique des Etats-Unis sur la réforme des opérations de paix multilatérales, qui est rendue publique le 5 mai 1994 mais qui a servi de base aux décisions américaines adoptées quelques semaines auparavant, établit une doctrine selon laquelle les Etats-Unis ne soutiendront militairement et financièrement une opération que si celle-ci fait " progresser les intérêts nationaux américains ". A l’évidence, tel n’était pas le cas du Rwanda.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr