La majeure partie des initiatives parlementaires ont porté sur l’évaluation des événements qui ont eu lieu au Rwanda et l’évaluation de la politique que la Belgique a adoptée à l’égard de l’Afrique à la suite desdits événements :

Interpellations, questions orales et écrites à propos :
 des interventions ratées des organismes internationaux dans les régions à conflits, comme le Rwanda, la Bosnie (221c), ... ;
 de la politique belge à l’égard de l’Afrique et de son avenir (222c) ;
 de la participation belge aux opérations de l’ONU après les événements du Rwanda (223c) ;
 de la coopération technique militaire avec le Rwanda (224c).

Interpellations, questions orales et questions écrites à propos des thèmes connexes suivants :
 réfugiés et demandeurs d’asile rwandais en Belgique et membres des milices Interahamwe (225c) ;
 livraisons d’armes à des bandes rwandaises (226c) ;
 enquête pénale relative aux activités du présentateur de radio belge de Radio Mille Collines à Kigali (227c) ;
 surveillance de l’ambassade belge au Rwanda par des gendarmes (228c) ;
 intervention militaire française au Rwanda (229c) ;
 danger de voir le drame rwandais s’étendre au Burundi (230c).

Il convient d’examiner l’attitude de l’actuel ministre de la Défense nationale et du ministre des Affaires étrangères à cet égard. Il faut, en effet, répondre à la question de savoir de quelle manière ils ont informé le Parlement. Le 22 novembre 1995, les deux ministres ont, en effet, été interrogés par la Commission de la Défense nationale de la Chambre des représentants qui leur a demandé s’ils savaient éventuellement au préalable qu’un génocide et des attaques contre les soldats belges allaient se produire.

Ainsi le député Harmegnies, parmi d’autres, a-t-il interrogé très concrètement le ministre de la Défense : " Il s’avère aujourd’hui que notre renseignement militaire a pu collecter, en janvier 1994, des informations alarmantes sur la préparation du génocide, de l’assassinat des Casques bleus et peut-être de l’attentat contre le président rawandais. " (231c)

Pourtant, la note du 2 février 1994 mentionne qu’" un des buts poursuivis par ces milices serait de viser en particulier les Mil (BE) participant à la mission UNAMIR, afin de provoquer le retrait du DET (BE), (...) ", alors qu’elle dit du rôle des Interhamwes qu’" ils auraient notamment reçu la mission de localiser toutes les familles tutsies. Des assassinats de Tutsis seraient prévus dans les zones où ils sont concentrés. " (232c) Bien que la note en question relativise aussi, dans un long commentaire, l’importance des Interhamwes et les résultats de leurs actions, il convient malgré tout de se demander pourquoi le ministre a privé le Parlement des informations (dures) que contenait la note.

Lors de cette même réunion, le ministre des Affaires étrangères a déclaré au sujet de l’information reçue concernant un possible attentat contre les Casques bleus belges : " D’autres informations de même source relataient le fait que les Interahamwe utilisaient du matériel de communication de l’armée et l’existence d’un plan visant à tuer ou blesser des militaires belges afin de provoquer le retrait des détachements belges ou même de la MINUAR. Je tiens à souligner ici que les informations concernant un possible attentat contre les Casques bleus n’apparaissent qu’une seule fois dans les messages en provenance de notre ambassade.

Elles émanent d’un seul informateur et n’ont pu être vérifiées. Il serait d’ailleurs peu sérieux de faire le lien avec le drame du 7 avril. Nos paras n’ont en effet pas été assassinés afin de provoquer le retrait de leur détachement ou de la MINUAR, car il était trop tard pour cela, mais dans l’exécution d’une mission s’opposant au plan des Interahamwes. " (233c)

Cependant, la commission a constaté que des informations provenaient de plusieurs sources (entre autres du lieutenant Nees) et que cette information était parfaitement vérifiable.

Le 27 juin 1996, les deux ministres ont aussi dû répondre à des questions similaires au Sénat, devant la Commission des Affaires étrangères. À cette occasion, le ministre de la Défense nationale a bien mentionné les informations précitées, mais il en a tiré la conclusion contradictoire que rien n’indiquait que des assassinats de militaires belges pourraient être commis. (234c)


Source : Sénat de Belgique