La commission a également examiné l’évaluation et la présentation a posteriori, au sein de l’armée, des événements tragiques du Rwanda.

Retenons à cet égard :

la constatation qu’il n’y a eu aucun débriefing au sein des états-majors ;

En tout cas, l’on n’a jamais demandé au colonel Marchal ni au colonel Dewez de participer à une ou plusieurs réunions au cours desquelles l’on a tiré les leçons des événements. Le lieutenant général Berhin a répondu devant la commission à la question de savoir si des débriefings ont été organisés : " Pas que je sache. " (403c)

la limitation de l’enquête Uytterhoeven aux militaires présents au Rwanda ;

le lieutenant général Berhin a déclaré à ce sujet au cours de son audition du 29 avril 1997 : " Le ministre à l’époque a demandé au lieutenant général Charlier une enquête sur les fautes éventuelles commises au Rwanda " et " le lieutenant général Charlier était d’accord qu’il fallait chercher la cause des problèmes au Rwanda, pas au-delà " (404c) ; à l’exception d’une audition sommaire de l’amiral Verhulst, personne du C Ops ni, moins encore, parmi les responsables de la logistique, de la force terrestre ou de l’état-major général, n’a été interrogé ; par ailleurs, la commission Uytterhoeven s’est basée exclusivement sur des auditions et n’a consulté aucun document du SGR ou du C Ops ;

la constatation que cette enquête interne à la force terrestre a précisément été effectuée par le lieutenant général Uytterhoeven, qui a été impliqué dans l’opération MINUAR, puisqu’en février 1994, il a rédigé sur place un rapport d’inspection axé surtout sur les problèmes de discipline qui existaient sur place parmi les troupes belges ; le lieutenant général Berhin n’y vit aucun inconvénient (405c) ;

la constatation que la note d’évaluation du 12 octobre 1994 a été élaborée par la division opérations de l’état-major général sous la direction de l’amiral Verhulst, sans que l’on ait pris contact, du moins selon les affirmations du colonel Marchal, avec les commandants de secteur ou de bataillon. À une question à ce sujet de la part d’un commissaire, le lieutenant général Charlier a répondu : " Si cela n’a pas été fait, c’est une erreur. " (406c) Il n’est donc pas étonnant que la note d’évaluation ne contienne pas la moindre critique sur le fonctionnement de l’état-major général ou du C Ops à Evere ;

la constatation que l’aumônier Quertemont a été jusqu’à employer le mot intimidation quand il parlait des pressions exercées pour que les hommes ne dévoilent pas tout (407c) ; il convient encore de vérifier si l’on vise ici la même chose que le " débriefing " qu’a donné le colonel Jacqmin plus tard aux troupes : " Le colonel Jacqmin est venu faire un débriefing au niveau du bataillon. En fait, c’était plus un exposé qu’une discussion ", après quoi un membre de la commission conclut : " C’était donc plutôt une justification de ce qui avait été dit ou fait. " (408c)

Enfin, la commission mentionne le rapport " Militaire studie Rwanda Kritische analyse van het verslag van de ad-hocgroep " établi le 29 août 1997 par une commission dirigée par le lieutenant général Van Hecke à la demande du ministre de la Défense nationale.

Il faut retenir de ce rapport :

la constatation que le rapport " Van Hecke " est présenté comme une analyse critique du rapport du groupe ad hoc, et ce, alors que les auteurs se sont surtout concentrés sur l’existence ou l’absence d’un climat antibelge et la menace contre les Casques bleus belges. Outre le fait que le rapport du groupe ad hoc ne mentionne nulle part un " climat antibelge général ou généralisé ", la commission fait observer qu’il manque dans le rapport du chef d’état-major Van Hecke un certain nombre de documents importants (entre autres, le rapport de la mission Recce, l’allocution du général Dallaire à l’occasion de l’installation de la MINUAR, ...) ;

la constatation que dans un deuxième volet du rapport Van Hecke, on aborde amplement l’aspect de la collecte et du traitement d’informations. En complément des travaux de la commission, ce rapport esquisse une image claire du fonctionnement des différents services de renseignement, des différents canaux et sources d’information dont l’armée disposait, de la capacité d’analyse aux différents niveaux et des lacunes et limitations inhérentes à la structure propre de l’armée. C’est ainsi que nous lisons dans le rapport, par exemple, que : " In het geval " Jean-Pierre " worden via Ambabel Kigali en de Sect Comd de door Kapt. Claeys ontvangen informaties (na RV met de informant) aan C- Ops en SGR overgemaakt. Uit de daaropvolgende analyse op SGR blijkt dat in eerste instantie de informant als weinig geloofwaardig wordt beschouwd. Niet alleen wordt dit niet aan de afzenders (Marchal en Claeys) gemeld, maar ze vinden ook geen sporen van effectieve pogingen van SGR om die zaak eventueel op te helderen. Wel maakt SGR in het " rapport Hock " melding van de moeilijkheid om op het terrein over geloofwaardige informanten te beschikken. " (409c) ;

la constatation que, dans une troisième partie, le " rapport Van Hecke " tente, dans une large mesure, de répondre aux griefs des familles des paras assassinés. Fournir des renseignements et une aide aux proches parents des victimes et développer un réseau social convenable au sein de l’armée sont ici des recommandations pour l’avenir.


Source : Sénat de Belgique