La diminution des réserves de chlore menace les enfants iraquiens, qui risquent de succomber à des maladies d’origine hydrique

L’UNICEF a déclaré aujourd’hui qu’il risque de devenir impossible d’épurer l’eau dans les semaines à venir dans le sud de l’Iraq car les réserves de chlore s’y amenuisent rapidement. Ceci aurait de graves conséquences sur la santé des Iraquiens.

L’UNICEF a affirmé que l’Iraq ne traite qu’une petite partie de ses eaux d’égout. La plus grande partie est rejetée sans être épurée dans le Tigre et l’Euphrate, puis pompée à nouveau par les stations de pompage et de traitement qui fournissent de l’eau à la majorité des foyers. Mais ces stations n’ont plus beaucoup de chlore et des eaux complètement non traitées et contenant de fortes concentrations de toxines et de charges organiques contaminées pourraient bientôt circuler dans les canalisations des habitations.

« Nous savons que les villes de Nassiryah, Bassorah, Zubair et Safwan sont menacées, a constaté Carel de Rooy, directeur du bureau de l’UNICEF en Iraq. Plusieurs évaluations indiquent que les stations d’épuration d’eau vont manquer de chlore dès la mi-mai. »

Alors que les températures s’élèvent rapidement en Iraq, la consommation d’eau insalubre pourrait porter un coup fatal à des milliers d’enfants iraquiens, déjà affaiblis par la malnutrition.

« L’équation de l’eau polluée est très simple, a déclaré Carol Bellamy, Directrice générale de l’UNICEF. Les jeunes enfants ont un système immunitaire qui est encore en plein développement et un poids léger. Qu’on y ajoute une crise de diarrhée ou de choléra transmise par des eaux polluées et nous risquons de les voir mourir rapidement. »

Mme Bellamy a fait valoir qu’un hôpital de Bagdad avait admis la semaine dernière 300 enfants atteints de diarrhée en 3 heures seulement. « Quand les réserves de chlore s’épuiseront, ce qui risque de se produire cette semaine déjà dans certains endroits, il sera tout aussi dangereux de boire l’eau du robinet que celle puisée dans un marais », a-t-elle dit.

Le sud de l’Iraq ainsi que certains quartiers de Bagdad ont souffert récemment de graves pénuries d’eau, ce qui explique l’augmentation du nombre de cas de diarrhée chez les jeunes enfants. Si, en plus, la qualité de l’eau disponible se détériore, les conditions seront propices à des épidémies de choléra ou typhoïde par exemple.

A Bassorah, où une équipe de l’UNICEF évalue la situation, M. de Rooy a fait remarquer que le manque de chlore commence à se faire sentir depuis une semaine dans les villes du sud et qu’on y constate parallèlement une augmentation du nombre des cas de diarrhée.

« Nous sommes très inquiets. La crise de l’eau est grave. Il faut comprendre que si des enfants attrapent la diarrhée, sans parler du choléra, leur corps ne peut garder les aliments. Ils s’étiolent. Et nous sommes sur le point de voir des eaux contaminées couler dans les tuyauteries des habitations en provenance directe de grandes rivières putrides. »

L’Opération citerne a sauvé des vies

Dans les communautés où l’approvisionnement en eau a été complètement interrompu par la guerre, l’UNICEF a acheminé par camion citerne des millions de litres d’eau potable et mis sur pied des postes d’alimentation en eau près des hôpitaux et centres sanitaires. Grâce aux convois organisés par l’UNICEF, une vingtaine de camions-citernes traversent chaque jour la frontière iraquienne en provenance du Koweït. Les résultats sont là : par exemple, dans la petite ville d’Oum Qasr, dans le sud, les centres sanitaires signalent déjà une diminution des cas de diarrhée.

L’UNICEF a également livré par camion des tonnes de chlore et d’autres fournitures : des stocks de sels de réhydratation orale qui servent à soigner les enfants atteints de diarrhée, et des biscuits enrichis aux protéines pour aider les enfants malnutris à se remettre d’un accès de diarrhée.

« Malheureusement, c’est encore insuffisant », a constaté M. de Rooy. Il a fait remarquer que les systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement ne sont pas encore revenus à leur niveau d’avant-guerre, lequel était déjà inadéquat.

« Ce qu’il faut faire à présent, a-t-il précisé, c’est livrer d’urgence d’environ 400 tonnes de chlore. Sinon, nous verrons encore beaucoup d’enfants mourir avant la fin du mois. »

Contexte

L’UNICEF emploie plus de 200 personnes qui travaillent dans tout l’Iraq pour évaluer les besoins et fournir des secours d’urgence, y compris des vivres pour les enfants qui souffrent de malnutrition, du matériel de purification de l’eau, des médicaments et du matériel de première nécessité pour les hôpitaux. L’UNICEF fait parvenir des fournitures d’urgence en Iraq tous les jours, grâce à des convois qui partent du Koweït, d’Iran ou de Turquie.

L’UNICEF a lancé un appel de fonds d’un montant de 166 millions de dollars pour financer ses opérations humanitaires pour les enfants iraquiens. Il n’a encore reçu qu’un tiers des sommes demandées. Le financement de l’UNICEF se fait exclusivement par le biais de contributions et l’agence compte sur la générosité des particuliers, de fondations, d’entreprises ou de gouvernements pour remplir sa mission.

Source : UNICEF