Question de Peter Jennings - Pensez-vous vraiment pouvoir exercer la pression nécessaire - non pas uniquement de l’influence, mais une véritable pression - sur les Palestiniens, sur les Israéliens, sur les autres dirigeants
arabes, pour que les choses se passent selon votre volonté ?
M. Powell - Il ne s’agit pas d’exercer notre volonté. Il s’agit
d’appliquer la feuille de route qui a été présentée aux parties de
manière à les acheminer vers cette vision de deux Etats coexistant
côte-à-côte dans la paix.
L’Autorité palestinienne a un nouveau premier ministre. Le peuple
palestinien a décidé qu’il fallait se doter d’une nouvelle direction.
Par ailleurs, Saddam Hussein a disparu, lui qui menaçait Israël.
Enfin, comme vous le savez, le premier ministre israélien, M. Sharon,
a remporté les élections il y a deux mois, et il a un nouveau
gouvernement en place.
Tout le monde sait que nous ne pouvons pas en rester là. L’économie
palestinienne est ruinée. L’économie israélienne est en difficulté.
Israël ne souhaite pas maintenir ses troupes en place éternellement
dans ces villes et villages. Je pense donc que tous les éléments sont
réunis, et nous sommes ici à Charm El-Cheikh pour profiter de la
nouvelle donne et de cette nouvelle occasion qui se présente.
Question - Vous savez par expérience que les sceptiques sont légion
dans cette région, qu’ils doutent fort que le premier ministre
israélien soit sincère lorsqu’il dit qu’il est temps de mettre fin à
l’occupation et de démanteler les colonies de peuplement.
M. Powell - Je pense que M. Sharon tient à progresser vers la paix. Il
sait que, tôt ou tard, un Etat palestinien devra être créé pour
recevoir à l’intérieur de ses frontières, pour accueillir en son sein
le peuple palestinien, et je suis absolument convaincu de son désir
sincère d’avancer sur cette voie.
Il reste qu’il est premier ministre d’Israël et qu’il doit s’assurer
de la sécurité du peuple israélien, ce qui signifie que la terreur et
la violence doivent cesser.
Question - On se demande également, dans la région, mais aussi aux
Etats-Unis, si le président Bush est prêt à s’engager durablement sur
cette question. Qu’en pensez-vous ?
M. Powell - Les instructions qu’il m’a données sont on ne peut plus
claires : nous avons réglé l’affaire de Saddam Hussein. Nous avons
obtenu ce que nous demandions en ce qui concerne une nouvelle
direction pour le peuple palestinien, en la personne du premier
ministre, M. Abbas. Il faut l’aider et il faut saisir cette occasion.
J’y suis personnellement engagé.
Question - Au sujet de votre crédibilité, et de celle de M. Bush, on
est en train de vous pilonner, aussi bien aux Etats-Unis que dans la
région, sur cette affaire d’armes de destruction massive. Ne
croyez-vous pas que cela nuit à votre crédibilité, alors que vous
entreprenez de relever ce défi extraordinaire ?
M. Powell - Non, notre crédibilité est intacte. Tout le monde sait que
l’Irak possédait des armes de destruction massive.
Question - Pourtant, on vous accuse, vous et les Britanniques, d’avoir
employé, au mieux, des renseignements inexacts.
M. Powell - On finira bien, à mesure que les inspections continueront,
grâce notamment aux nouvelles équipes que nous avons envoyées là-bas,
par reconnaître que nous avons présenté des faits solides, des faits
qui sont là, qui étaient là et qui demeureront. Et on se rendra bien
compte que les sceptiques étaient dans l’erreur et que toutes leurs
accusations étaient fausses.
Traduction officielle du département d’État
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