« Pourquoi les chiites sont la clef »

Why the Shiites are the key
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Reuel Marc Gerecht est un ancien officier de la CIA. Il a publié divers ouvrages contre les ayatollahs iraniens sous le pseudonyme d’Edward Shirley. Il est membre de l’American Enterprise Institute et du Project for a new American Century.

[RESUME] L’attentat qui a tué à Najaf l’ayatollah Mahammed Bakr al-Hakim est une extrêmement mauvaise nouvelle pour les États-Unis car cette mort crée une tension dans la population chiite qui rassemble 60 % de la population de l’Irak. Cet attentat avait pour but de terroriser l’establishment religieux chiite et de saper le dialogue entre les chiites et les Américains.
Il est difficile de savoir qui est responsable de cet attentat : les extrémistes chiites de Moktada al-Sadr ? Les fondamentalistes sunnites ? Les loyalistes du Ba’as ? Les agents iraniens ? Certains responsables états-uniens et Amhed Chalabi ont rapidement accusé les sunnites anti-américains. C’est possible, mais on peut également craindre les rumeurs affirmant qu’al-Sadr et les fondamentalistes sunnites ont scellé une alliance.
Les extrémistes savent que si la convention constitutionnelle à venir parvient à rédiger une constitution largement acceptée en Irak, ils seront rejetés au ban de la société irakienne. Les attentats de Najaf peuvent donc être interprétés comme la preuve de l’échec des extrémistes à mobiliser l’opinion chiite derrière eux. Cet attentat pourrait peut-être provoquer un retour de flammes contre eux. L’administration américaine doit agir de façon décisive. Si elle dispose de preuves solides de l’implication des partisans d’al-Sadr dans les attaques, elle doit agir vite et fort. Washington doit également démontrer sa détermination à empêcher l’arrivée de combattants étrangers en Irak en faisant pression sur l’Iran et la Syrie.
L’aide aux chiites, nos principaux alliés en Irak, est la clé de succès, bien plus que l’aide de l’ONU ou l’envoi de troupes étrangères.

« L’échec de Clinton contre le terrorisme »

Bill Clinton’s failure on terrorism
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Caspar W. Weinberger est ancien secrétaire à la Défense états-unien sous l’administration Reagan (1981-1987). Il est actuel président de Forbes.

[RESUME] Dans son dernier livre Losing bin Laden : How Bill Clinton’s Failures Unleashed Global Terror, Richard Miniter expose la triste histoire des occasions qu’a eu Bill Clinton d’arrêter, d’emprisonner ou de tuer Ben Laden. Aujourd’hui, Ben Laden est toujours libre, il a planifié le pire attentat de l’histoire de l’Amérique et on ignore ce qu’il prépare actuellement. Pourquoi une administration états-unienne n’a-t-elle pas tout mis en œuvre pour arrêter l’un des plus vicieux et l’un des mieux financé des dirigeants terroristes dans le monde ?
L’obsession d’être réélu qui a caractérisé l’administration Clinton l’a poussé à rejeter toutes mesures pouvant prêter à controverse et donc à minimiser toutes les mauvaises nouvelles, de l’attentat contre le World Trade center de 1993 à l’hélicoptère Black Hawk abattu en Somalie. Clinton a très peu reçu James Woolsey et a peu soutenu ses requêtes alors qu’il dirigeait la CIA. Cette attitude a laissé l’Amérique aveugle et sourde pendant que Ben Laden complotait. De même, les États-Unis ont refusé l’offre du Soudan de livrer Ben Laden.
Le livre se termine par une démonstration des liens entre l’Irak et Al Qaïda qui convaincra tout le monde sauf les plus extrémistes des ennemis de Bush. Ce que démontre le livre c’est que nous avons eu raison de faire la guerre et que si Ronald Reagan avait eu la même attitude que Clinton, nous n’aurions pas gagné la Guerre froide.

« Soutenir nos troupes »

Support Our Troops
Wall Street Journal (États-Unis)

[AUTEUR] [Paul Wolfowitz] est vice secrétaire à la Défense états-unien et auteur de la doctrine des frappes préventives. Il a été membre du Project for the New American Century et ancien administrateur du Washington Institute for Near East Policy.

[RESUME] Les bombes qui ont explosé en Irak ont tué des musulmans rassemblés pour prier, un éminent dirigeant chiite et des hommes et des femmes engagés dans une mission humanitaire pour l’ONU. Mais ces victimes n’étaient pas les seules cibles. Les terroristes visaient également le projet de construction d’un Irak libéré de leur contrôle. Les terroristes craignent qu’un Irak libre soit un exemple pour tout le monde musulman qui désire la liberté.
Même si nous ne pouvons pas encore porter d’accusation précise concernant les auteurs du plus récent acte de terrorisme, nous savons que les partisans de Saddam et les terroristes étrangers souhaitent l’échec de la reconstruction de l’Irak. Nous combattons aujourd’hui une coalition regroupant les loyalistes de l’ancien régime et de « volontaires du jihad », ce qui montre que la guerre en Irak ne nous détournait pas de la guerre au terrorisme.
Les discussions que j’ai eues avec les généraux de notre armée m’ont confirmé que notre victoire en Irak sera un pas important dans la guerre au terrorisme et permettra de rendre la vie meilleure pour les habitants du Proche-Orient. Les Irakiens ont également compris que les terroristes étrangers ne doivent pas gagner. Nos troupes et celles de nos alliés sont déterminées à gagner si nous continuons à leur fournir le soutien moral et matériel dont elles ont besoin. Elles savent qu’elles se battent en Irak contre le terrorisme.

« Confier le pouvoir aux Irakiens »

Put the Iraqis in Charge
Wall Street Journal (États-Unis)

[AUTEUR] Bernard Lewis est professeur émérite d’études du Proche-Orient à l’Université de Princeton. Il est l’auteur récemment de What Went Wrong ? Western Impact and Middle Eastern Response. Il a successivement travaillé avec les services secrets britanniques et états-uniens. Universitaire de référence aux États-Unis sur l’orientalisme, il s’est efforcé de présenter l’Islam non comme une religion, ni même comme une culture, mais comme un système politique comparable au nazisme ou au communisme. Par ailleurs, Bernard Lewis a été condamné par la justice française pour avoir nié le génocide arménien.

[RESUME] Beaucoup ont considéré en s’appuyant sur des données historiques, géographiques et culturelles que si la guerre en Afghanistan serait difficile celle en Irak serait facile. Pourtant, aujourd’hui, s’il existe bien des problèmes en Afghanistan, le pays est en train de sortir de ses difficultés avec une aide minimale des États-Unis alors qu’en Irak, la situation semble devoir empirer. La différence entre les deux pays, c’est que l’Afghanistan a un gouvernement afghan alors que l’Irak est sous administration américaine ce qui permet aux ennemis de l’Amérique d’accuser Washington d’impérialisme, même si cette affirmation ne résiste pas à un examen attentif.
Les forces anti-américaines en Irak se divisent en deux groupes. Le premier est lié à Al Qaïda et aux mouvements religieux. Il voit l’Amérique comme le dirigeant de la Chrétienté, l’ennemi millénaire, mais aussi comme une société corrompue et faible ce qui en fait un tigre de papier. Les opérations en Afghanistan et en Irak ont porté un rude coup à cette dernière conclusion, mais il continue de croire en la faiblesse des États-Unis en s’appuyant sur les débats internes inhérents à la démocratie et sur la volonté d’avoir un minimum de morts. L’autre groupe rassemble tous ceux qui craignent l’installation d’une démocratie en Irak, que ce soit des alliés affichés ou des ennemis des États-Unis. Parmi eux, on compte à l’extérieur l’Iran qui espère acquérir bientôt l’arme atomique pour pouvoir jouir de la même impunité que la Corée du Nord.
Pour faire face à ces différents groupes d’adversaires, il faut au plus vite installer un gouvernement irakien qui gèrera la transition jusqu’à des élections libres qui devront arriver lorsque l’Irak sera prêt, à son rythme. Le noyau de ce futur gouvernement existe avec l’Iraqi National Congress d’Amhed Chalabi.

« La démocratie pour les Arabes aussi »

Democracy For Arabs, Too
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Joshua Muravchik, néo-conservateur déclaré, est membre de l’American Enterprise Institute. Il travaille au sein de plusieurs organismes de communication satellites de la CIA. Il est l’auteur de Heaven on Earth : The Rise and Fall of Socialism.

[RESUME] Dans un éditorial du 17 août du Washington Post, George F. Will a mis en doute la possibilité d’instaurer une démocratie au Moyen-Orient en affirmant que la culture politique de cette région différait trop de la nôtre pour devenir une démocratie alors que nous avions déjà mis très longtemps pour nous démocratiser. En affirmant cela, il ignore que, s’il nous a bien fallu 561 ans entre la Magna Carta et la naissance de la république américaine, depuis 200 ans, la démocratie s’est toujours largement diffusée.
Aujourd’hui, 121 des 192 pays reconnus ont des gouvernements librement élus et 89 de ces pays peuvent être considérés comme totalement libres. Dans certains de ces pays, la pauvreté n’est pas apparue comme un obstacle insurmontable à la démocratisation, même si l’existence d’une classe moyenne la facilite. L’Égypte, la Syrie et la Jordanie ont un revenu par habitant supérieur à 27 démocraties électorales et à 11 pays libres.
L’argument culturel ne tient pas non plus, car s’il est vrai que nous avons des cultures différentes, il existe aussi des démocraties différentes et il y a de grandes disparités entre les systèmes américains, français et japonais. Il est vrai, comme le note Will, que le monde musulman a été peu touché par les mouvements de démocratisation. Aucun des 22 pays arabes n’est une démocratie, mais 9 pays musulmans le sont, ce qui démontre que l’Islam n’est pas antinomique avec la démocratie. On pourrait alors penser que c’est la culture arabe qui l’est, mais il faut cependant noter que c’est aussi ce qu’on a dit de la culture japonaise et même des catholiques à une époque.
Les États-Unis doivent aider à l’installation d’une démocratie dans le monde arabe pour rendre le monde plus sûr.

« Pour avancer en Irak »

Pour avancer en Irak
Le Monde (France)

[AUTEUR] Richard Holbrooks est ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU et ancien négociateur américain lors des discussions de paix dans les Balkans pendant l’administration Clinton.

[RESUME] L’attentat qui a visé les bâtiments de l’ONU à Bagdad visait également les États-Unis car l’organisation accomplissait une partie essentielle des objectifs américains concernant la politique de paix, de sécurité et de développement politique et économique du pays. Maintenant, que les Nations unies savent qu’elles sont visées, elles doivent défendre leur personnel, mission que ne peut pas assurer l’armée américaine déjà largement sollicitée sur le territoire irakien. Il faut donc une résolution du Conseil de sécurité qui envoie une force multinationale pour protéger le personnel et les installations de l’ONU. Le pays idéal pour diriger cette force est la Norvège, nation appréciée aussi bien par le Pentagone que par Kofi Annan.
Les États-Unis vont donc devoir trouver un accord avec les autres pays, faute de quoi la situation deviendra intenable. Ils devront donc amender leur position d’un commandement militaire unique sur le pays en acceptant que les forces de sécurité protégeant l’ONU ne soient pas sous leur responsabilité. Malheureusement, sur cette question, les États-Unis ne sont pas les seuls à défendre une position invendable : les Français continuent d’affaiblir Colin Powell au sein de l’administration Bush et l’ONU par leur prises de position.
Il est au contraire nécessaire de se rassembler et de sauver l’ONU. Aujourd’hui, pour des raisons électorales et à cause de la situation en Asie du Sud-Est, l’administration Bush ne souhaite pas augmenter le contingent américain en Irak. Elle ne s’opposera donc pas à une résolution prévoyant l’arrivée d’une force internationale qui est dans l’intérêt de tous. J’espère que les États-Unis vont revenir devant l’ONU et faire une proposition qui donnera au personnel de l’ONU une protection nécessaire à la réalisation de sa mission.

« Les leçons d’"Artémis" »

Les leçons d’« Artémis »
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Michelle Alliot-Marie est la ministre de la Défense française. Membre de l’UMP elle est ancienne présidente du parti gaulliste, le RPR. Elle exerça auparavant ses talents d’expertise juridique au service de régimes autoritaires de la Françafrique, rédigeant aussi bien la Constitution de la République islamique des Comores que les Codes pénal et civil du Kivu.

[RESUME] Depuis le 1er septembre, la mission Artémis a laissé la place à une force multinationale de l’ONU en République démocratique du Congo. Il faut saluer la réussite de cette mission qui a permis de donner un coup d’arrêt aux violences au Congo et à l’impunité des milices. Aujourd’hui, la sécurité est rétablie à Bunia et dans ses environs et les populations civiles ont commencé à retrouver des conditions de vie acceptables même si tous les problèmes ne sont pas réglés. L’Union européenne a ainsi démontré sa capacité et sa volonté d’agir pour rétablir la stabilité dans un pays éprouvé. La France, à la tête de cette force, n’a pas ménagé ses efforts ni ses moyens alors que nous étions déjà fortement engagés en Côte d’Ivoire.
La présence permanente de 5000 de nos hommes en Afrique démontre l’importance que nous attachons à la stabilité et à la paix sur le continent. Il ne s’agit pas pour nous de nous substituer aux institutions africaines, mais de les accompagner en assistant à la formation de forces interafricaines de maintien de la paix. La mission Artémis est également la première action commune des Européens dans une mission de sécurisation en Afrique. Cela démontre que la capacité d’action opérationnelle n’est plus un projet puisque l’Union européenne a pu déployer ses troupes moins de 15 jours après la résolution de l’ONU. Cela démontre le bon fonctionnement de la chaîne de commandement mise en place.
L’Europe de la défense se développe en parallèle et non en concurrence avec l’OTAN, comme le prouve la mission Concordia en Macédoine qui remplace les troupes de l’organisation atlantique. Beaucoup reste à faire et nous avons encore des lacunes, mais l’Europe s’affirme jour après jour comme une réalité militaire et de défense faisant face à ses responsabilités.

« Hamas : bas les masques »

Hamas : bas les masques
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Nissim Zvili est ambassadeur d’Israël en France. Il est ancien membre de la Knesset, élu sous l’étiquette travailliste.

[RESUME] L’explosion d’un autobus en plein mois d’août à Jérusalem qui a fait 20 morts et 120 blessés a été revendiquée par le Hamas. Un tel acte devrait démontrer à tous qu’il s’agit d’une organisation terroriste, mais certains Européens, la France en tête, ne sont pas convaincus et estiment qu’il faut faire une distinction entre la branche armée et la branche politique du Hamas.
Une réunion en Italie entre pays de l’Union européenne aura lieu pour déterminer si le Hamas est un mouvement terroriste ou une organisation sociale. La distinction entre les branches politique et militaire est artificielle, la preuve en est que quand la « branche politique » signe une « trêve », la « branche armée » la respecte. Dix ans après Oslo, le Hamas rejette toujours une idée de paix avec Israël et a tout fait pour saper le processus de paix. Le Hamas n’est pas un mouvement social, il se substitue simplement à un système social défaillant pour se rendre indispensable et poursuivre l’embrigadement des Palestiniens. Souligner cet aspect social, c’est feindre de ne pas voir sa finalité : faire capoter la paix, pousser les Palestiniens à la négation d’Israël et édifier un État islamique fondamentaliste.
L’Europe doit prendre ses responsabilités, déclarer que le Hamas est une organisation terroriste en « appelant un chat un chat » et en soutenant ainsi l’action du Premier ministre palestinien. En mettant un terme à l’ambiguïté qui heurte la population israélienne, l’Europe se redonnera les moyens de jouer un rôle actif dans le processus de paix.