À la « Une » du 13 septembre 2003, le quotidien parisien Le Monde, relate les menaces proférées par le gouvernement du général Sharon à l’encontre du président de l’Autorité palestinienne.

Le premier sous-titre indique : « Selon Jérusalem, le chef de l’Autorité palestinienne est un "obstacle absolu à la réconciliation" ».
La métonymie, qui permet de désigner un gouvernement par la capitale de son pays, est une figure de style fréquente dans la presse. Contrairement à la communauté internationale qui reconnaît Tel Aviv comme capitale d’Israël, Le Monde situe le siège du gouvernement d’Ariel Sharon à Jérusalem. Cette prise de position, conforme aux revendications de la frange la plus intransigeante du mouvement sioniste, implique la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le territoire palestinien de Jérusalem Est, illégalement annexé en 1967.

Le second sous-tire est ainsi rédigé : « Le gouvernement adopte le principe de son expulsion ».
Les membres du gouvernement Sharon désignent le déplacement du président Arafat du terme de « transfert », son opposition la qualifie de « déportation ». Se raliant à la diplomatie états-unienne, Le Monde a choisi, le terme « d’expulsion ». Celui-ci sous-entend qu’Israël n’occupe pas les Territoires palestiniens, mais que ces Territoires en sont partie intégrante. En effet, un gouvernement ne peut expulser quelqu’un d’un territoire sur lequel il n’exerce pas de juridiction souveraine.
La délégation états-unienne au Conseil de sécurité avait exigé que la proposition de résolution condamnant les menaces pesant sur Yasser Arafat emploie exclusivement le terme « d’expulsion ». Malgré cette correction sémantique, ils y ont apporté leur veto.

Les titres en « Une » du Monde sont choisis par les rédacteurs en chef au cours d’un conseil de rédaction quotidien. Il ne s’agit donc pas ici d’une « coquille » ou d’une faute d’inattention, mais d’une prise de position politique, d’un choix éditorial du quotidien parisien.

Télécharger la « Une » du Monde du 13 septembre (Pdf, 235 Ko)