« Mener le combat contre les terroristes »

Take the Fight to the Terrorists
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Membre des administrations Nixon, Ford et Reagan, [Donald Rumsfeld] est secrétaire à la Défense états-unien. Il est ancien membre du Center for Security Policy de [Frank J. Gaffney Jr.] auquel le Réseau Voltaire a consacré une enquête : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».
Le Réseau Voltaire a réalisé un dossier spécial sur Donald Rumsfeld.

[RESUME] La semaine dernière, nous avons célébré le vingtième anniversaire de l’attaque suicide à la bombe qui a tué 240 Américains à Beyrouth, épisode qui nous a beaucoup appris sur le terrorisme et suite auquel j’avais été nommé envoyé spécial du président Reagan pour le Proche-Orient. Aujourd’hui le président George W. Bush affirme à juste titre que, pour gagner la guerre au terrorisme, nous devons frapper au « cœur de son pouvoir ». Pour comprendre pourquoi, il nous faut nous pencher sur la situation à Beyrouth il y a 20 ans.
Suite à l’attentat, nous avions pris des mesures pour éviter d’autres attaques de ce type et nous fîmes attaquer à la roquette. Nous avions pris alors de nouvelles mesures de sécurité et les terroristes commirent alors des assassinats ciblés. Finalement, moins de six mois après l’attentat suicide, la plupart des troupes états-uniennes avaient quitté le Liban. Les terroristes découvrirent ainsi les grands bénéfices qu’ils pouvaient tirer de leurs actions alors que nous comprenions que les terroristes pouvaient frapper n’importe quand, n’importe où et n’importe comment. Comme il est impossible de défendre efficacement toutes les cibles potentielles contre toutes les formes d’attaques, il faut s’attaquer aux terroristes là où ils vivent et se cachent. Après le 11 septembre, le président a compris qu’il fallait être offensif contre le terrorisme et nous avons donc arrêté des centaines de terroristes et provoqué la chute de deux régimes terroristes en deux ans.
Il y a 20 ans, les terroristes pouvaient provoquer la mort de centaines de personnes avec des armes conventionnelles. Aujourd’hui, ils en tuent des milliers avec des avions de lignes. Nous faisons face à une menace de dizaines de milliers de morts s’ils acquièrent des armes de meurtre de masse. C’est pour cela qu’une coalition de 90 pays est en guerre et nous savons que ce conflit sera long. C’est aussi une guerre des idées et le président met tous les moyens à sa disposition dans cette guerre car il a retenu les leçons de Beyrouth.

« La voie de la paix au Proche-Orient passe par l’Iran ? »

Path to Mideast peace via Iran ?
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Ancien officier de la CIA, Constantine C. Menges est chercheur à l’Hudson Institute et a été assistant spécial du président aux Affaires de sécurité nationale. Son dernier livre est 2008 : The Preventable War - the Strategic Challenge of China and Russia.

[RESUME] Il existe une solution politique à l’expansion du terrorisme, aux risques que le nouvel Irak soit dominé par des chiites extrémistes et de voir l’Iran se doter d’armes nucléaires : aider la population iranienne à instaurer une démocratie constitutionnelle plutôt que d’utiliser des moyens militaires ou des pressions diplomatiques.
Depuis 1979, l’Iran riche en pétrole est sous la coupe d’une dictature cléricale qui a engendré le terrorisme islamique dirigé contre les États-Unis, Israël et les gouvernements d’États musulmans comme l’Arabie saoudite ou le Bahreïn. Il dépense des centaines de millions de dollars tous les ans pour assurer la propagande et le soutien du Hamas, du Jihad islamique, du Hezbollah ou de l’OLP. L’Iran est donc co-responsable de la mort de milliers de civils innocents dont 1500 Américains. Depuis le 11 septembre, l’Iran a organisé des sommets terroristes dans lesquels il a annoncé publiquement l’augmentation du financement du Hamas et d’autres organisations et qu’il fournirait plus d’argent aux familles des kamikazes. Il a aussi publiquement annoncé qu’il organiserait des entraînements pour détourner des avions ou les abattre à la roquette. Par ailleurs, les dirigeants iraniens ont déclaré que quand ils auraient la bombe, ils détruiraient l’État juif. D’après la CIA ce pays, qui pour le département d’État est celui qui soutient le plus le terrorisme dans le monde, développe des armes nucléaires et biologiques.
Aujourd’hui, en Irak, la menace la plus sérieuse est le soutien de l’Iran à la constitution d’un gouvernement extrémiste en Irak. Pour cela Téhéran utilise le clergé en établissant le Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak et en appuyant Muqtada al-Sadr pour qu’il prenne la tête du clergé en intimidant ou assassinant ses opposants modérés. Le régime iranien est pourtant contraire aux enseignements de la religion chiite qui interdit au clergé de diriger politiquement un État. Ce régime est rejeté par la population iranienne, surtout les femmes et les jeunes. Il faut donc soutenir la population pour qu’elle se libère comme l’ont fait les populations des pays d’Europe de l’Est.

« Le bourbier général de Rumsfeld »

A General Bind for Rumsfeld
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] William M. Arkin est analyste en questions militaires, rédacteur du site The U.S. Military Online. Il est chroniqueur du Los Angeles Times.

[RESUME] Donald Rumsfeld n’a pas renvoyé le Général William G. « Jerry » Boykin, récemment nommé au poste de vice sous-secrétaire à la Défense chargé des questions de renseignement, après la révélation de ses déclarations où il affirmait que la guerre au terrorisme était une guerre de la Chrétienté contre Satan. Il estime l’esprit combatif du général, mais surtout il s’inquiète de la tournure que prend la guerre au terrorisme comme l’a révélé un mémo rendu public la semaine dernière. Aussi, si le secrétaire à la Défense a pris ses distances avec les déclarations du général, il espère le conserver à son poste.
Dans le fameux mémo, Rumsfeld proposait la création d’une nouvelle structure anti-terroriste regroupant les capacités de plusieurs ministères et agences gouvernementales. Cela ressemble assez à ce que Boykin a aujourd’hui en charge. Toutefois, dans son mémo, Rumsfeld s’inquiétait également du fait que les États-Unis ne peuvent peut-être pas vaincre militairement les terroristes en raison de l’influence des écoles islamiques et du clergé radical. Or, Boykin, par ses affirmations, est contre-productif dans ce domaine. Il prétend certes ne pas être islamophobe, mais il a répété ses propos contre l’islam à de multiples reprises, parfois avec l’uniforme, et même depuis qu’il est en poste au Pentagone.
Cette situation laisse penser que ce qu’affirme Boykin tout haut est ce à quoi croit secrètement l’administration Bush. Rumsfeld doit donc remettre en cause son jugement sur le général Boykin.

« Un silence qui fait du bruit »

Silence speaks volumes
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Anas Altikriti est directeur des relations publiques de la Muslim Association of Britain.

[RESUME] Dans un monde qui confond terrorisme et islam, il est facile de désigner un adversaire musulman, comme un terroriste et de présenter son agression comme une partie de la « guerre au terrorisme ». C’est ce qu’a fait le Royaume-Uni en soutenant les États-Unis en Afghanistan et en Irak, Israël en tuant des Palestiniens, la Russie en Tchétchénie et l’Inde au Cachemire. Toutefois, ceux qui s’attaquent aux croyances mêmes d’1,3 milliards de musulmans sont encore pires. La communauté musulmane britannique prend note du silence des autorités face aux attaque du Général William G. « Jerry » Boykin, le vice sous-secrétaire à la Défense états-unien, contre notre religion.
Il a déclaré que le Dieu des musulmans était une idole et que « pour vaincre notre ennemis spirituels », les chrétiens devaient « combattre au nom de Jésus ». Toute attaque de cette nature contre une autre religion aurait soulevé des réactions outragées. Ainsi, le gouvernement a, à juste titre, condamné les propos du Premier ministre malais, mais, en revanche, il n’a pas condamné les propos de Boykin, de Silvio Berlusconi, de Jerry Falwell, Pat Robertson ou Franklin Graham sur l’islam. Ce sont pourtant à chaque fois des incitations à la haine raciale et religieuse.
Ces déclarations minent les efforts des musulmans modérés dans leur lutte contre le terrorisme et mettent en danger les États-Unis et leurs alliés. L’absence de réaction de Tony Blair sur cette question, au moment où il expulse George Galloway du Parti travailliste marque une cassure dans la relations entre ce parti et les musulmans.

« Laïcité : une loi pour la cohésion »

Laïcité : une loi pour la cohésion
Le Monde (France)

[AUTEUR] Ancienne avocate du FLN pendant la guerre d’Algérie et figure du féminisme en France, Gisèle Halimi est avocate, écrivaine et présidente de Choisir - La Cause des femmes. Elle est ancienne députée (apparentée socialiste) (1981-1984), ambassadrice déléguée permanente de la France auprès de l’UNESCO (1985-1989) et a été présidente de la commission politique de l’Observatoire pour la parité (1996-1998).

[RESUME] Le problème du port d’insignes religieux à l’école publique, déjà complexe, est aggravé par le désordre né de l’absence de toute hiérarchisation des données, des valeurs et des conséquences des décisions prises au cas par cas. Dans cette affaire, ce sont les principes de laïcité (article deux de notre constitution), de liberté de conscience, d’opinion et d’expression (article dix de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen) et d’égalité entre hommes et femmes (préambules des constitutions de 1946 et 1958) qui sont en cause.
Dans ce débat, l’égalité homme-femme est le parent pauvre de l’argumentation alors qu’elle met en cause le port du voile, dit « foulard islamique », signe d’infériorisation des femmes. La convention de New York de 1979 entrée en vigueur en France en 1981 oblige les États signataires à « modifier les schémas et modèles de comportements socioculturels de l’homme et de la femme en vue de parvenir à l’élimination des préjugés et des pratiques coutumières ou de tout autre type, qui sont fondés sur l’idée de l’infériorité ou de la supériorité de l’un ou de l’autre sexe ou d’un rôle stéréotypé des hommes et des femmes ». Pourtant le Conseil d’État a laissé à chaque établissement, dans son avis du 27 novembre 1989, la possibilité de statuer au cas par cas sur le « caractère ostentatoire ou revendicatif » du signe religieux.
Dans le cas du lycée d’Aubervilliers, les déclarations des deux lycéennes ne permettaient pas le doute. L’exclusion, après des mois de dialogues, était la seule solution. Mais que faire quand le prosélytisme est caché ? Il faut une loi ou toute autre disposition générale ayant force exécutoire pour rappeler avec rigueur que la liberté de conscience religieuse ne se confond pas avec la liberté de pratiquer une religion à l’école. Elle doit interdire tous les symboles religieux, prescrire un dialogue obligatoire et des délais de réflexion avant une exclusion qui interviendra faute de compromis. Il en va de notre cohésion nationale.
L’affaire du voile est malheureusement le révélateur de l’échec de nos politiques d’intégration de nos communauté et de la plus importante, la communauté musulmane.

« Bush passe sur les droits des exilés cubains »

Bush Passes on Cuban Exiles’ Right
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Ann Louise Bardach écrit pour Newsweek International et est commentatrice dans l’émission de radio Marketplace. Elle est l’auteur de Cuba Confidential : Love and Vengeance in Miami and Havana.

[RESUME] Au début du mois, George W. Bush a annoncé à une centaine d’exilé cubain rassemblé à la Maison-Blanche qu’il allait créer une nouvelle commission co-dirigé par Colin Powell et Mel Martinez dont la mission serait de préparer la transition vers la liberté de Cuba après la chute de Castro et de travailler à ce que cette dernière ait lieu le plus vite possible. Ce plan repose sur une criminalisation des voyages dans l’île, qui seront surveillés par le département de la Sécurité de la Patrie et sur l’interdiction d’envoyer des fonds à Cuba. Ces mesures poseront surtout des problèmes aux Americano-cubains qui voyagent pour voir leur famille et qui leur envoient de l’argent.
Le discours de Bush s’adresse en fait à une faction d’exilés, petite mais extrêmement réactionnaire. C’est pour cette raison que, s’il a parlé des prisonniers politiques cubains, il n’a pas mentionné les dissidents Oswaldo Paya et Elizardo Sanchez, militants anti-castristes ayant également eu le tort de critiquer l’embargo. Ces opposants sont une menace pour le favori de Washington, Lincoln Diaz-Balart, représentant républicain de Floride pressé de remplacer Castro dont il est par ailleurs le neveu par alliance.
La liste des invités à la Maison-Blanche en dit long sur le plan de Bush. On comptait ainsi de nombreux représentants du Cuban Liberty Council, un groupe dissident de la conservatrice Cuban American National Foundation, jugée trop modérée. Cette dernière association, tout comme le représentant états-unien démocrate Roberto Menendez, fervent anti-castriste, n’aveint pas été invitée. En fait aucun groupe ayant dénoncé l’embargo n’avait été invité. Dans son discours Bush a affirmé, sans aucune preuve, que le gouvernement cubain encourageait le tourisme sexuel et qu’il poserait son veto contre toute proposition d’assouplissement de l’embargo.
En réalité, ces déclarations n’ont rien avoir avec Cuba. Ce sont des gages donnés à l’extrême droite cubaine qui contrôle la machine électorale des exilés de Floride.

« Les pollueurs de la planète doivent être mis dans le box des accusés »

The planet’s polluters should be put in the dock
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Michael Meacher a été ministre de l’Environnement travailliste (1997-2003). Cette tribune est adaptée du discours qu’il va prononcer aujourd’hui à la Victoria Rooms de Bristol. M. Meacher est le premier homme politique britannique à avoir publiquement mis en cause la version officielle des attentats du 11 septembre et à s’être interrogé sur la responsabilité de l’administration Bush dans ce complot.

[RESUME] Bien que cela ne soit pas perçu par la plupart, notre monde est en train d’être transformé par l’homme de façon exponentielle. Les effets de ces transformations pourraient entraîner un scénario apocalyptique. Les conséquences se font déjà sentir puisque 420 millions de personnes vivent dans des pays qui n’ont pas assez de récoltes pour les nourrir et un demi milliard vivent dans des zones subissant des sécheresses régulières, un nombre qui pourrait quintupler d’ici à 2025. En 2050, il pourrait ne plus y avoir d’Amazonie, nous pourrions être 9,3 milliards d’individus sur terre, dont 90 % vivraient dans les pays en voie de développement.
Pour remédier à ce problème, il faut que les réglementations internationales favorisent le libre-échange et l’économie mondiale, mais seulement en respectant des paramètres permettant la sauvegarde de la planètes. Ces idées sont déjà portées par les mouvements antiglobalisation, mais tardent à être transformées en idéologie alternative cohérente. Le noyau de cette nouvelle gouvernance environnementale doit être un regroupement des 200 accords environnementaux multilatéraux. Ils doivent être renforcés par la constitution d’un tribunal international qui visera à leur application grâce à un corps d’inspection permanent et sera financé par les amendes aux entreprises ne respectant pas les règlements. Il faut également renforcer l’United Nations Environment Programme et lui donner des pouvoirs de sanctions équivalents à ceux de l’OMC.
Les entreprises devront fournir un rapport annuel sur leur action dans le domaine environnemental. Les amendes seront augmentées et les dirigeants seront personnellement responsables des entreprises. L’apocalypse n’est pas inévitable, il faut simplement dessiner un nouvel ordre mondial.

« L’art délicat de faire de la politique à la mode de la chapelle sixtine »

Fine Art of Politicking, Sistine-Style
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] John L. Allen Jr est le correspondant au Vatican du National Catholic Reporter et de Fox News et l’auteur de Conclave : The Politics, Personalities and Process of the Next Papal Election.

[RESUME] Beaucoup de commentateurs ont interprété l’ordination de trente nouveaux cardinaux par Jean-Paul II comme sa dernière chance d’influencer sur le choix de son successeur et comme l’ouverture de la campagne pour sa succession.
La course à la papauté n’est pas une campagne politique laïque avec affiches, sondages et débats. Si l’élection avait lieu aujourd’hui, l’électorat serait composé de 135 cardinaux, hommes entre 51 et 79 ans, dont la moitié sont européens, un tiers latino-américains et le reste provenant du reste du monde. Dans ce corps électoral, on compte quatre partis qui influenceront l’élection :
 La patrouille frontalière, composé de conservateurs sur les questions de doctrines qui voient d’un mauvais œil les dialogues œcuméniques.
 Le parti de la réforme, souhaitant poursuivre les réformes internes de Vatican II concernant la décentralisation du pouvoir et l’ouverture aux laïcs.
 Le parti de la justice sociale, souhaitant que l’Église catholique s’implique dans l’humanisation de la globalisation.
 Les Intégristes, voulant que la loi civile se fonde sur les enseignements de l’Église.
Aucun de ces partis n’a la majorité des deux tiers. Il faudra donc passer par un compromis. Le profil idéal de ce compromis semble être un sexagénaire à la tête d’un diocèse plutôt qu’exerçant des responsabilité au Vatican, conservateur modéré sur les questions de doctrines, tournés vers les questions hors de l’Église avec une vie de prière et une grande intégrité morale et parlant au moins l’Italien, l’Espagnol et l’Anglais. Élire un non-européen serait une première, mais les cardinaux du tiers-monde sont considérés comme plus traditionalistes que les Européens. Parmi les latino-américains, trois noms se dégagent :
 Claudio Hummes, 69 ans, de Sao Paolo au Brésil, franciscain. C’est un modéré sur les questions de doctrine et champion de la justice social qui a soutenu le président brésilien.
 Oscar Rodriguez Maradiaga, 60 ans, de Tegucigalpa au Honduras. Homme passionné dans la défense des pauvres, il a gagné la confiance des conservateurs en s’attaquant à la façon dont les médias états-uniens avaient traité les affaires d’abus sexuel.
 Jorge Mario Bergoglio, 66 ans, de Buenos Aires, en Argentine, jésuite. C’est un intellectuel charismatique ayant acquis une grande popularité pendant la crise économique argentine.
Quoi qu’il en soit les pronostics sont difficiles car les conclaves réservent toujours des surprises. En outre, comme disent les Italiens, à un gros Pape succède toujours un Pape maigre.