Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, Donald Rumsfeld annonçait que la « guerre au terrorisme » impliquerait une militarisation de toute la société états-unienne. Il écrivait alors dans le New York Times : « Les costumes rayés des banquiers et les fringues râpées des programmateurs constitueront les uniformes de ce conflit aussi assurément que le seront les camouflages du désert ». Ce thème, caractéristique de l’installation des régimes totalitaires, surgit aujourd’hui dans les débats publics, comme le secrétaire à la Défense l’avait prévu. Dans l’International Herald Tribune, le sénateur Richard G. Lugar assure que les diplomates forment la « première ligne » de la guerre au terrorisme et doivent être protégés en conséquence. Tandis que, dans le même quotidien, John Edwin Mroz et Bill Conner assurent que le moment est venu d’enrôler les entreprises contrôlant les infrastructures des systèmes d’information. Malgré la paix apparente en Occident, nous serions en guerre et il n’y aurait plus de distinction possible entre civils et militaires, qu’un engagement collectif pour défendre la patrie en danger.

La visite d’État du président George W. Bush au Royaume-Uni suscite bien des commentaires et des quiproquos. L’opinion publique états-unienne est persuadée que le Royaume-Uni est aujourd’hui la seconde puissance mondiale, aussi bien sur les plans militaire qu’économique. Elle pense que Londres, en s’engageant en Irak derrière la bannière étoilée, a acquis un leadership en Europe, marginalisant ces ronchons de Français et d’Allemands. Les conseillers électoraux du président, notamment Karl Rove, ont insisté pour que cette visite prenne des allures inédites incluant une séance photo avec la reine Élisabeth II. Ces clichés consacreraient, aux yeux de l’opinion états-unienne, la reconnaissance internationale de la fonction impériale désormais dévolue à « l’Amérique ». Simultanément, 60 % des Britanniques désapprouvent la politique irakienne du président Bush et considèrent que le suivisme du cabinet Blair a nui aux intérêts de leur pays. Et, selon le Sunday Times, 37 % des Britanniques qualifient le président US de « stupide ».
David Frum, ancien rédacteur des discours du président Bush, explique donc aux lecteurs du Daily Telegraph les éléments qui leur ont échappé et qui les conduisent à mépriser la politique commune anglo-états-unienne, dont ils devraient être fiers. On observera si ces arguments décourageront les Londoniens de manifester contre leur hôte de quatre jours, alors que leur maire, Ken Livingstone, vient de décrire George W. Bush comme « la pire menace pour la vie sur la planète ».
Sur un registre un peu différent, le ministre des Affaires étrangères, Denis MacShane, plus ou moins convaincu que les Français apprécient cette politique, érige dans Le Monde le New Labour en modèle pour le reste de l’Europe.

La croyance des responsables politiques dans la toute-puissance de conviction de la presse est peut-être exagérée et dangereuse. C’est ce que pense Lance Price, ancien directeur de communication du New Labour, dans The Independent. Il observe que l’alliance entre le magnat d’extrême droite Rupert Murdoch et le politicien travailliste Tony Blair a peut-être contribué aux victoires électorales de ce dernier, mais n’a pas été décisive. En outre, elle a probablement été chèrement payée par les « retour d’ascenseur » que Murdoch exigea une fois Blair installé à Downing Street. Les conservateurs devraient donc être prudents face au revirement du magnat et à son ralliement à leur parti.

Peter Hansen, directeur de l’UNRWA, répond aux critiques de l’association UN Watch dans le Jerusalem Post. En réalité, cette ONG est un faux-nez du gouvernement Sharon, chargé de discréditer tous les organes de l’ONU qui défendent les droits des Palestiniens. Elle a commencé ses campagnes en stigmatisant la Commission des droits de l’homme, puis l’UNRWA et maintenant l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité. Quoi qu’il en soit, l’existence de l’Agence de secours aux Palestiniens est aujourd’hui menacée.

Dans le Christian Science Monitor, le sociologue démocrate-chrétien Amitai Etzioni prône une approche humaine de la situation en Irak. D’où il ressort que Washington devrait installer un gouvernement local élu, pour satisfaire le sentiment national irakien, tout en continuant à tirer les ficelles pour défendre ses intérêts dans la région.
Enfin le coordinateur des faucons, Frank J. Gaffney Jr., se félicite dans le Washington Times de l’excellent rapport secret que le vice-secrétaire à la Défense, Douglas Feith, vient de remettre à des parlementaires. En 50 points, il démontre l’existence et l’ampleur des liens unissant Saddam Hussein et Ben Laden contre les États-Unis. En réalité, il s’agirait là de la dernière production du Bureau des plans spéciaux, spécialiste des intoxications en tous genres. D’ailleurs, les exemples donnés par Gaffney, telle que la rencontre secrète d’Atta à Prague, ont été démentis depuis longtemps.