Après la rapide visite de L. Paul Bremer III à Washington, George W. Bush a déclaré qu’il voulait que les Irakiens soient plus impliqués dans le gouvernement de leur pays et que l’occupation prendrait fin en juin 2004 pour ne plus être qu’une « présence militaire ». Bientôt, Bremer nommera un dirigeant irakien chargé de gouverner le pays jusqu’à ce qu’une constitution soit adoptée, des élections organisées et l’armée « irakisée ». Il est donc aujourd’hui moins question d’établir une démocratie jeffersonienne en Irak que de transmettre rapidement le pouvoir et les responsabilités aux Irakiens.
Il s’agit là d’une victoire du réalisme du département de la Défense sur les phantasmes du département d’État. Il aurait été merveilleux de pouvoir éduquer les Irakiens politiquement, mais cela est voué à l’échec. Après la Seconde Guerre mondiale, les Allemands et les Japonais n’ont accepté une modification de la culture et des valeurs de leur pays que parce qu’ils avaient été vaincus après une guerre de plusieurs années ; les Irakiens ont le sentiment d’avoir été libérés et non vaincus, et ils n’acceptent donc pas qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire.
Il faut, comme je le demande depuis avril 2003, nommer un homme fort favorable à la démocratie en Irak et la Coalition doit diminuer son rôle. Les Irakiens doivent assurer la sécurité dans les villes et les troupes de la Coalition ne doivent que protéger les frontières, les ressources naturelles et le gouvernement. Le gouvernement irakien assurera tous les pouvoirs à l’exception de la politique étrangère et la défense. Vu ce que les Irakiens ont montré pendant 70 ans, le futur gouvernement ne sera pas exemplaire, mais au moins il ne sera plus un danger pour l’extérieur et ne brutalisera plus la population.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« The case for ’Iraqification’ », par Daniel Pipes, Jerusalem Post, le 19 novembre 2003.