Mes critiques envers l’Union européenne ne font pas de moi une eurosceptique. Je suis européenne, mais quelque chose ne va pas avec l’Europe au drapeau bleu et aux douze étoiles. Cela va plus loin que le désaccord de ce week-end.
Il faut gagner la confiance des populations de l’Union dont plus de la moitié fait défaut. Les politiciens ne peuvent pas se contenter de blâmer les populations pour cela. Il faut changer notre rapport aux institutions européennes et discuter des décisions de la Commission européenne comme s’il s’agissait de politique nationale. Le Parlement britannique consacre cinq jours à débattre du discours de la Reine, il est absurde de ne pas dire un mot du programme annuel de la Commission alors que la moitié de notre législation est décidée à Bruxelles.
Plus fondamental encore, il faut reconnaître quel échelon doit prendre quelle décision et ne pas les centraliser et harmoniser toutes. Il faut que les États puissent disposer d’une marge de manœuvre. C’est pourquoi le Royaume-Uni demande le maintien de l’unanimité sur les décisions fiscales et sur la sécurité sociale, qui sont à la base des politiques nationales.
Le modèle européen construit en 1957 pendant la Guerre froide ne fonctionne plus. Il faut l’amender pour soutenir le principe de subsidiarité et pour démocratiser l’Europe. Le débat européen ne doit pas rester celui des élites.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« We have to tear it up and start again », par Gisela Stuart, The Guardian, 17 décembre 2003.