Maintenant que les fanfares internationales autour de l’Accord de Genève se sont tues, on peut se pencher sur le texte et observer qu’il est différent de ce que les auteurs israéliens en disent. On peut également noter qu’il existe un problème de crédibilité dans sa conception.
En effet, l’accord a été présenté comme le fruit d’une négociation entre membres de la société civile palestinienne et israélienne, mais si cette proposition est vraie pour le côté israélien, ce n’est pas le cas des négociateurs palestiniens. L’Accord de Genève est en fait un accord entre une partie de l’opposition israélienne et l’establishment palestinien au pouvoir. Les auteurs israéliens affirment qu’ils ont obtenu la reconnaissance d’Israël comme un État juif, mais ce n’est pas vrai. Ils n’ont obtenu qu’une déclaration dans le préambule reconnaissant le droit des juifs à un État sans préciser sa localisation qui pourrait aussi bien être l’Ouganda.
Les négociateurs israéliens se réjouissent que le texte ne fait plus référence au droit au retour alors qu’il fait explicitement référence à la résolution 194 de l’ONU ce qui revient au même pour les Palestiniens. En outre, l’accord prévoit le déplacement de 140 000 colons et la participation de la Ligue arabe dans le groupe international de vérification du respect des accords. Enfin, si les réfugiés palestiniens de 1948 recevront des compensations, ce qui est acceptable pour beaucoup d’Israéliens, ce sera également le cas pour les pays arabes qui les ont accueillis, ce qui, vu le cynisme avec lequel ces réfugiés ont été utilisés, va trop loin.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Fatally Flawed Peace Proposal », par Shlomo Avineri, Los Angeles Times, le 4 janvier 2004.