The Independant reproduit le passage chahuté du discours d’Ariel Sharon au comité central du Likoud. Le Premier ministre y affirme qu’il faudra bien à un moment accepter une frontière pour Israël et démanteler les colonies qui se trouveront à l’extérieur, même si par la grâce de la barrière de séparation, cette frontière est très au delà de la Ligne verte. Une partie de l’auditoire l’a alors conspué, considérant que les frontières de l’État hébreu doivent encore être étendues bien au-delà de toutes les colonies existantes.

L’ambassadeur Morton Abramowitz relève dans le Washington Post que la Yougoslavie, où l’OTAN était prétendument venue sauver un peuple opprimé par un tyran, est désormais aux mains de criminels de guerre avérés et de mafieux. Pour Abramowitz, le péché originel des Occidentaux aurait été de prétendre maintenir l’unité de la Serbie alors que la scission du Kosovo et du Monténégro serait inévitable. À moins que les États-Unis aient toujours souhaité cet éclatement et qu’ils aient été obligés de laisser pourrir la situation pour le réaliser. Dans un cas comme dans l’autre, Washington s’est toujours réclamé de la démocratie, mais n’a jamais souhaité que le peuple serbe décide de sa politique.
Même topo à Kaboul : alors que la presse occidentale se réjouit de l’adoption de la nouvelle constitution d’Afghanistan, John Sifton de Human Rights Watch lève le voile sur les conditions non-démocratiques de son adoption. Dans l’International Herald Tribune, il décrit une Assemblée constituante élue par fraudes où siègent des criminels de guerre avérés et où règnent corruption et intimidation. Mais comment pourrait-il en être autrement dans la mesure où la manière dont on conduit une guerre détermine le genre de paix que l’on obtiendra. Or, alors qu’elle prétendait rétablir la liberté, la Coalition renversa les Talibans en engageant des seigneurs de la guerre comme mercenaires. Aujourd’hui, elle ne peut espérer à la fois les rétribuer et installer la démocratie, aussi se contente-t-elle d’apparences formelles comme l’existence d’une Constitution.
Approfondissant la question, l’ancien sous-secrétaire d’État David Newsom s’interroge dans le Christian Science Monitor sur la prétendue volonté des États-Unis d’exporter la démocratie. On ne cesse de souhaiter l’installation de régimes démocratiques dans les pays arabes, mais les accepterait-on s’ils s’opposaient à la politique états-unienne ? À voir la manière dont l’Allemagne, la France et la Turquie sont traitées pour avoir refusé de participer à l’attaque contre l’Irak, il y a de quoi en douter.
Bref, oui à la démocratie tant que les peuples se rallient à la politique de la classe dirigeante états-unienne, non au-delà.

L’iranien Bagher Asadi analyse les prochaines élections dans son pays, paralysé depuis longtemps par un partage du pouvoir entre tendances. Il affirme dans le New York Times à la fois sa confiance dans le caractère démocratique du scrutin et son inquiétude devant un choix électoral peu satisfaisant : d’un côté des conservateurs à bout de souffle, de l’autre des réformateurs sans souffle.
Daniel Pipes, administrateur de l’Institut des États-Unis pour la paix, montre dans le Jerusalem Post qu’il n’a pas la même confiance dans la démocratie de son pays. Non qu’il mette en doute la sincérité du scrutin, mais la capacité du peuple à faire le bon choix. Ainsi, accuse-t-il les responsables politiques opposés à la guerre au terrorisme et à la suspension des libertés individuelles de ne pas être de bons citoyens.

Enfin, l’ambassadeur russe Felix Stanevsky présente aux lecteurs du Taipei Times la vision de son gouvernement sur la Géorgie. L’attitude de Moscou vis-à-vis du président nouvellement élu Saakashvili dépendra d’abord de sa politique face aux Tchétchènes et à ses propres sécessionnistes. Le second critère sera d’ordre économique : le nouveau gouvernement misera-t-il sur une coopération avec la Russie ou sur le projet de pipe-line des compagnies états-uniennes ?