L’intérêt du monde pour l’Irak, la guerre au terrorisme et la doctrine des frappes préventives a relégué en second plan la nouvelle insistance de l’administration Bush sur l’utilité des armes nucléaires. C’est regrettable car il s’agit d’une transformation révolutionnaire de la stratégie de sécurité nationale. Les crises nord-coréenne et iranienne exigent que les États-Unis assument la direction dans les paroles et les faits de l’effort visant à réduire le risque et le rôle des armes nucléaires dans le monde. Malheureusement l’administration Bush fait exactement le contraire.
La nouvelle stratégie nucléaire, présentée en 2002, affirme que les États-Unis pourraient utiliser en premier des bombes atomiques contre des États non-nucléaires, associant les armes nucléaires aux frappes conventionnelles et proposant la production de mini-bombes nucléaires. Malgré les démentis de Spencer Abraham, les États-Unis étudient la possibilité de concevoir de nouvelles bombes nucléaires. Cette année, l’interdiction vieille de dix ans de ne pas mener de recherches sur des bombes faisant moins de cinq kilotonnes a été levée et le Congrès a autorisé la dépense de 21 millions de dollars pour l’étude et le développement de nouvelles armes nucléaires tactiques et la production de nouvelles matières fissibles. J’ai voté contre ces demandes car cette approche ne va pas dans l’intérêt des États-Unis et va à l’encontre des principes de la guerre juste et de notre tradition militaire.
Cette stratégie représente un vrai risque car cela diminue les exigences nécessaires à l’utilisation des armes nucléaires pour tous les pays, y compris l’Inde et le Pakistan. Cette politique peut encourager la prolifération.

Source
Taipei Times (Taïwan)

« America should not lower the nuclear threshold », par Dianne Feinstein, Taipei Times, 9 janvier 2004.