L’aide du Pakistan aux programmes nucléaires en Iran, en Corée du Nord et probablement en Libye est un secret de Polichinelle, mais la contribution de ce pays à la guerre au terrorisme a semblé plus importante à Washington que la lutte contre son assistance à des États voyous. Pourtant, un pays qui arrête un jour un terroriste et vend sa technologie nucléaire le lendemain n’aide pas à la sécurité des États-Unis.
Après le 11 septembre des journaux ont rapporté que deux scientifiques pakistanais avaient des contacts directs avec Al-Qaïda et qu’Abdul Kadher Khan, le père du programme nucléaire pakistanais, s’était rendus une douzaine de fois en Corée du Nord. D’après l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA), le programme iranien est identique à celui du Pakistan et le programme libyen, aujourd’hui abandonné selon Kadhafi, portait sans doute également sa signature. Les États-Unis ont pourtant peu fait pour convaincre les responsables pakistanais de ne plus favoriser la prolifération et les réponses de Pervez Musharraf aux propositions de Washington ont toujours été négatives.
Il est possible que les scientifiques pakistanais aidant d’autres pays agissent de leur propre chef, mais il se peut également que cela participe d’une politique officielle. Le Pakistan est aujourd’hui le premier pays proliférateur et des sanctions ne feraient que fragiliser le contrôle, même nominal, effectué par les autorités d’Islamabad. Il faut pousser le Pakistan à accepter un partenariat avec Washington visant à sécuriser ses installations. Il faut que les États-Unis fassent de cette question un objectif supérieur à la coopération contre Ben Laden.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Keeping a Nuke Peddler in Line », par Jon B. Wolfsthal, Los Angeles Times, 11 janvier 2004.