Malgré les déclarations de Bush lors de son dernier discours sur l’état de l’Union, Washington n’est plus en guerre. Bien sûr, la lutte contre le terrorisme international et la prolifération des armes de destruction massive restera une priorité de la politique étrangère et George W. Bush se présentera comme le commandant en chef d’une nation en guerre durant la campagne électorale à venir, mais psychologiquement, les États-Unis ne sont plus en guerre. La guerre de cette année sera une guerre électorale et elle se gagnera sur l’économie, l’éducation, la santé et les valeurs familiales tandis que la politique étrangère retrouvera sa traditionnelle deuxième, troisième voire quatrième place dans les préoccupations des états-uniens.
Cela n’empêchera pas que le Proche-Orient est toujours dans le chaos et que ce chaos affecte avant tout l’Europe. Pourtant, la guerre au terrorisme, centre de la politique étrangère de l’administration Bush, est terminée. Le 11 septembre a changé notre vision des risques et de la sécurité pour longtemps, mais la guerre est finie et les néo-conservateurs ne dominent plus l’agenda politique.
Je n’ai jamais considéré que le plus grand risque de la politique de l’administration Bush était une sorte de guerre itinérante. Je craignais plutôt que les États-Unis commencent à intervenir puis se retirent sur leur problème intérieur et laissent l’Europe seule pour affronter le désordre du Proche-Orient. Heureusement, ce n’est pas non plus le cas puisque George W. Bush a annoncé le doublement du budget de la National Endowment for Democracy (NED).
La NED, sans qui Milosevic serait encore au pouvoir, va remplacer les canons et les armées et c’est une bonne nouvelle : la guerre au terrorisme est finie, la campagne pour la liberté au Proche-Orient commence.

Source
The Age (Australie)

« The War on Terror is over », par Timothy Garton Ash, The Age, 28 janvier 2004.