En Irak, les États-Unis et l’ONU avaient des raisons de penser que Saddam Hussein, un homme qui a envahi ses voisins, abrité des terroristes et rivalisé avec Hitler en termes de cruauté, poursuivait un programme d’armes de destruction massive. Selon toute vraisemblance, Saddam Hussein le pensait lui-même alors qu’il n’y avait rien. Dans le même temps, la Corée du Nord a accueilli une délégation non-officielle états-unienne pour lui prouver qu’elle disposait de moyen de dissuasion.
Vu ces deux situations, on pourrait penser que notre fenêtre d’opportunité pour une intervention militaire se situe entre le moment où on dispose des preuves irréfutables qu’un pays cherche à acquérir des armes de destruction massive, mais avant qu’il n’en dispose réellement. Or, c’est exactement la situation dans laquelle se trouve l’Iran, mais personne ne semble prêt à l’arrêter. D’un autre côté, suite à l’arrêt du programme d’armement libyen, les États-Unis sont prêts à normaliser leurs relations avec un pays que Kadhafi a transformé depuis 35 ans en camp de prisonnier. En outre, il ne faut pas oublier que l’attaque la plus meurtrière de l’histoire a été lancée depuis l’Afghanistan, qui ne disposait pas d’armes de destruction massive.
Aujourd’hui, dans le débat public états-unien, la seule bonne raison d’attaquer un pays est sa possession d’armes de destruction massive. Pourtant, si cette question est importante, la capacité de nuisance d’un régime ne se limite pas à cette propriété ou non. L’URSS n’en a jamais utilisé et pourtant, selon le Livre noir du communisme, le communisme a fait 100 millions de morts durant les répressions politiques.
L’arsenal compte moins que les valeurs défendues par le régime en place.

Source
Wall Street Journal (États-Unis)

« Weapons of Mass Distraction », par Claudia Rosett, Wall Street Journal, 28 janvier 2004.