Nous reproduisons ci-dessous les principaux extraits du discours sur l’état de l’Union. On pourra aussi se reporter à notre analyse : Une nation en guerre
(…)
L’Amérique est ce soir une nation appelée à de grandes
responsabilités, et en marche pour les assumer.
Alors que nous sommes réunis, des centaines de milliers de soldats
américains, hommes et femmes, sont déployés à travers le monde dans la
guerre contre le terrorisme. En apportant de l’espoir aux opprimés et
en soumettant les violents à la justice, ils renforcent la sécurité de
notre pays.
Tous les jours, des policiers et des agents de renseignement suivent
la trace des menaces de terroristes ; des analystes examinent les
listes de voyageurs des lignes aériennes ; les hommes et les femmes de
notre nouveau ministère de la sécurité intérieure patrouillent nos
côtes et nos frontières. Leur vigilance protège notre pays.
Les Américains montrent une fois de plus qu’ils sont le peuple le plus
travailleur du monde. L’économie américaine se renforce. Les
allégements fiscaux que vous avez votés donnent des résultats.
Ce soir, les membres du Congrès peuvent tirer fierté des grandes
oeuvres de compassion et des réformes que les sceptiques estimaient
impossibles. Vous améliorez le niveau de nos écoles publiques et vous
donnez aux personnes âgées la possibilité d’obtenir le remboursement
de médicaments prescrits dans le cadre de "Medicare".
Nous avons fait face ensemble à de graves problèmes, et maintenant
nous avons à faire face à un choix. Nous pouvons aller de l’avant avec
confiance et détermination ou nous pouvons retourner à l’illusion
dangereuse selon laquelle les terroristes ne complotent pas et les
régimes dévoyés ne nous menacent pas. Nous pouvons poursuivre la
croissance économique ainsi que les réformes dans les domaines de
l’éducation et de l’assurance maladie pour les personnes âgées ou nous
pouvons revenir aux anciennes politiques et aux anciennes divisions.
Nous ne sommes pas arrivés jusqu’ici, à travers les tragédies, les
épreuves et la guerre, pour vaciller et laisser notre tâche inachevée.
Le peuple américain a relevé le défi de l’histoire, et il attend la
même chose de nous. Par ses efforts, son entreprise et son caractère,
il montre combien l’état de notre Union est confiant et fort.
Notre obligation la plus grande est la défense active de la
population. Vingt-huit mois se sont écoulés depuis le 11 septembre
2001 - plus de deux ans sans une attaque sur notre territoire - et il
est tentant de croire que le danger a disparu. Cet espoir est
compréhensible, réconfortant, et faux. Les attentats ont continué à
Bali, à Djakarta, à Casablanca, à Riyadh, à Mombassa, à Jérusalem, à
Istanbul et à Bagdad. Les terroristes continuent de comploter contre
les Etats-Unis et contre le monde civilisé, mais par notre volonté et
notre courage, nous vaincrons ce danger.
Aux Etats-Unis, où la guerre a commencé, nous devons continuer de
donner au personnel chargé d’assurer la sécurité intérieure et de
faire appliquer la loi tous les instruments dont il a besoin pour nous
défendre. L’un de ces instruments essentiels est la loi PATRIOT, qui
permet aux policiers fédéraux de mieux échanger des informations, de
pourchasser les terroristes, de démanteler leurs cellules et de saisir
leurs biens. Depuis des années, nous appliquons des dispositions
semblables pour arrêter des escrocs et des trafiquants de stupéfiants.
Si ces méthodes sont bonnes pour pourchasser des criminels, elles sont
encore plus importantes pour pourchasser des terroristes. Des
dispositions clés de la loi PATRIOT vont arriver à expiration l’année
prochaine, alors que la menace que font peser les terroristes ne
disparaîtra pas en même temps. Nos services de police ont besoin de
cette loi essentielle pour protéger nos concitoyens. Il est nécessaire
que vous prorogiez la loi PATRIOT.
Les Etats-Unis sont de nouveau à l’offensive contre les terroristes
qui ont déclenché cette guerre. En mars dernier, Khalid Shaikh
Mohammed, l’un des organisateurs des attentats du 11 septembre, s’est
réveillé aux mains des autorités américaines et pakistanaises. Le 11
août dernier a eu lieu la capture du terroriste Hambali, l’un des
principaux auteurs d’une l’attaque qui avait fait plus de 200 morts en
Indonésie. Nous pourchassons les membres d’Al-Qaïda à travers le monde (et près des deux tiers de leurs chefs connus ont maintenant été
arrêtés ou tués). Des milliers de militaires extrêmement habiles et
résolus se livrent à une chasse à l’homme, à la poursuite du reste des
tueurs qui se cachent dans les villes et des cavernes et nous
traduirons, un par un, ces terroristes en justice.
Dans le cadre de l’offensive contre le terrorisme, nous affrontons
également les régimes qui recèlent et soutiennent les terroristes et
sont susceptibles de leur fournir des armes nucléaires, chimiques ou
biologiques. Les Etats-Unis et leurs alliés sont déterminés : Nous
refusons de vivre sous la menace de cet ultime danger.
Les premiers qui ont pu constater notre détermination ont été les
talibans qui avaient fait de l’Afghanistan la principale base
d’entraînement des tueurs d’Al-Qaïda. A partir de ce mois-ci, ce pays
a une nouvelle constitution qui garantit des élections libres et la
pleine participation des femmes. Les maisons de commerce ouvrent leurs
portes, des dispensaires sont établis et les enfants afghans, garçons
et filles, vont de nouveau à l’école. Avec l’aide de la nouvelle armée
afghane, notre coalition lance des raids puissants contre les membres
survivants des talibans et d’Al-Qaïda. Les Afghans, hommes et femmes,
construisent un pays libre et fier qui combat le terrorisme - et c’est
un honneur pour les Etats-Unis d’être leur ami.
Depuis la dernière fois que nous nous étions réunis dans cette salle,
des forces combattantes des Etats-Unis, de Grande-Bretagne,
d’Australie, de Pologne et d’autres pays ont fait appliquer les
exigences des Nations unies, mis fin au régime de Saddam Hussein - et
le peuple irakien est libre. Après avoir abattu le régime baassiste,
nous nous heurtons à un reste de partisans violents de Saddam Hussein.
Des hommes qui avaient fui devant nos troupes sont maintenant
dispersés et sortent de l’ombre pour nous attaquer.
Ces tueurs, auxquels se joignent des terroristes étrangers,
représentent un danger grave et constant. Mais nous marquons des
progrès contre eux. Le dirigeant naguère tout-puissant de l’Irak a été
découvert dans un trou et il est maintenant dans la cellule d’une
prison. Nous avons capturé ou tué 45 des 55 principaux personnages
officiels de l’ancien régime. Nos forces sont à l’offensive, menant
chaque jour plus de 1.600 patrouilles et lançant chaque semaine une
moyenne de 180 raids. Nous affrontons ces bandits irakiens avec tout
autant de fermeté que nous avions affronté le régime maléfique de
Saddam Hussein.
Le travail de construction d’un nouvel Irak est ardu, mais il est
juste. Et les Etats-Unis ont toujours été disposés à faire ce qu’il
fallait pour être justes. En janvier dernier, la seule loi qui régnait
en Irak était dictée par les caprices d’un homme brutal. Aujourd’hui,
notre coalition collabore avec le Conseil de gouvernement irakien à
l’élaboration d’une législation de base et d’une déclaration des
droits. Nous travaillons avec les Irakiens et les Nations unies pour
préparer le passage à une pleine souveraineté irakienne d’ici la fin
juin. Au fur et à mesure que la démocratie prendra pied en Irak, les
ennemis de la liberté feront tout en leur pouvoir pour répandre la
violence et la peur. Ils essaient d’ébranler la volonté de notre pays
et celle de nos amis, mais jamais les Etats-Unis d’Amérique ne se
laisseront intimider par des bandits et des assassins. Les tueurs
échoueront et le peuple irakien vivra dans la liberté.
Mois après mois, les Irakiens assument davantage de responsabilités
pour assurer leur sécurité et leur avenir. Et ce soir, nous avons
l’honneur d’avoir parmi nous l’un des dirigeants les plus respectés de
l’Irak, le président actuel du Conseil de gouvernement irakien, M.
Adnan Pachachi. Monsieur, les Etats-Unis sont à vos côtés et aux côtés
du peuple irakien tandis que vous construisez une nation libre et
pacifique.
Grâce à l’action prééminente et déterminée des Etats-Unis, le monde
s’améliore. Le mois dernier, le dirigeant de la Libye a spontanément
promis de révéler et de démanteler son régime d’armes de destruction
massive, notamment un projet d’enrichissement de l’uranium pour des
armes nucléaires. Le colonel Kadhafi a correctement estimé que son
pays s’en tirerait mieux, et serait plus en sécurité, sans armes de
destruction massive. Neuf mois d’intenses négociations impliquant les
Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont abouti en Libye, alors que douze
années de diplomatie ont échoué en Irak. Et cela pour une raison
claire : pour que la diplomatie soit efficace, les mots doivent être
crédibles - et personne ne peut plus douter de la parole des
Etats-Unis.
Différentes menaces exigent différentes stratégies. De concert avec
les pays de la région, nous exigeons que la Corée du Nord élimine son
programme nucléaire. L’Amérique et la communauté internationale
exigent que l’Iran respecte ses engagements et s’abstienne de mettre
au point des armes nucléaires. L’Amérique est résolue à empêcher les
armes les plus meurtrières du monde de tomber entre les mains des
régimes les plus dangereux du monde.
Lorsque je suis venu à cette tribune le 20 septembre 2001, j’ai amené
l’écusson d’un policier victime des attentats afin d’évoquer les vies
brusquement finies et une tâche qui ne connaît pas de fin. Je vous ai
alors promis, ainsi qu’à tous les Américains, mon engagement total
envers la sécurité de notre pays et la défaite de nos ennemis. Or
cette promesse, faite par un individu, a été tenue par de nombreuses
personnes. Au Congrès, vous avez alloué les ressources nécessaires à
notre défense, et avez voté sur la difficile question de la guerre ou
de la paix. Nos alliés les plus proches ont été inébranlables. Nos
agents de renseignement et nos diplomates ont travaillé avec habileté
et sans relâche.
Quant aux hommes et aux femmes de l’armée des Etats-Unis, ils ont
entrepris la tâche la plus difficile de toutes. Nous avons constaté
leur compétence et leur courage dans les attaques de blindés, les
raids nocturnes et les heures solitaires de garde. Nous avons été
témoins de leur joie lorsqu’ils rentrent au pays, et nous avons
ressenti le chagrin de la disparition de l’un des leurs. Du pont d’un
porte-avions sur le Pacifique à un mess à Bagdad, j’ai eu l’honneur de
rencontrer nos soldats. Nombre d’entre eux nous écoutent ce soir. Et
je veux qu’ils sachent, ainsi que leur famille, que nous sommes fiers
d’eux. Et mon gouvernement, et ce Congrès, vous donneront toutes les
ressources dont vous avez besoin pour mener et gagner la guerre contre
le terrorisme.
Je sais que d’aucuns se demandent si l’Amérique est vraiment en
guerre. Ils considèrent le terrorisme plus comme un crime, un problème
qui se règle essentiellement par des actions policières et des
poursuites judiciaires. Après la première attaque perpétrée en 1993
contre le World Trade Center, certains des coupables ont été traduits
en justice, jugés, condamnés et envoyés en prison. Mais cela n’a pas
réglé le problème. Les terroristes continuaient de s’entraîner et de
comploter avec d’autres pays, et de préparer des plans encore plus
ambitieux. Après le chaos et le carnage du 11 septembre, engager des
poursuites contre nos ennemis n’était plus suffisant. Les terroristes
et leurs partisans ont déclaré la guerre aux Etats-Unis, et c’est bien
la guerre qu’ils ont eue.
Certains, dans cet hémicycle et dans notre pays, n’ont pas soutenu la
libération de l’Irak. Faire objection à une guerre découle souvent
d’un motif sérieux. Mais reconnaissons franchement ce qu’il en aurait
coûté de laisser Saddam Hussein au pouvoir. Nous recherchons tous les
faits : déjà le rapport Kay a décelé des dizaines d’activités de
programmes liés à des armes de destruction massive et des quantités
significatives de matériel que l’Irak avait cachées aux Nations unies.
Si nous n’avions pas agi, les programmes d’armes de destruction
massive du dictateur se poursuivraient aujourd’hui. Si nous n’avions
pas agi, les résolutions du Conseil de sécurité sur l’Irak se seraient
révélées être des menaces vides, affaiblissant les Nations unies et
encourageant des gestes de défi des dictateurs de par le monde. Les
salles de torture de l’Irak seraient encore pleines de victimes
terrifiées et innocentes. Les champs de la mort de l’Irak, où des
centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont disparu
dans les sables, ne seraient encore connus que des tueurs. Pour tous
ceux qui aspirent à la liberté et à la paix, le monde sans Saddam
Hussein est un monde meilleur et plus sûr.
Certains détracteurs ont dit que nos obligations envers l’Irak
auraient dû être internationalisées. On aurait du mal à expliquer ce
reproche particulier à nos partenaires de Grande-Bretagne,
d’Australie, du Japon, de la Corée du Sud, des Philippines, de
Thaïlande, d’Italie, d’Espagne, de Pologne, du Danemark, de Hongrie,
de Bulgarie, d’Ukraine, de Roumanie, des Pays-Bas, de Norvège, du
Salvador et des dix-sept autres Etats qui ont engagé des forces en
Irak. Lors de nos débats internes, nous ne devons pas oublier les
contributions vitales de nos partenaires étrangers, ni diminuer leurs
sacrifices. Depuis le début, les Etats-Unis ont recherché un appui
international aux opérations en Afghanistan et en Irak, et en ont
obtenu beaucoup. Il existe cependant une différence entre le fait de
conduire une coalition de nombreuses nations et celui de se rendre aux
objections d’une minorité. L’Amérique ne demandera jamais de note
d’autorisation pour défendre la sécurité de son peuple.
Nous entendons également exprimer des doutes sur le fait de savoir si
la démocratie est un objectif réaliste pour le Moyen-Orient, où la
liberté est rare. Pourtant il est erroné, et condescendant, de
postuler que des cultures entières et de grandes religions sont
incompatibles avec la liberté et avec l’autonomie. Je crois fermement
que Dieu a planté en chaque âme le désir de vivre libre. Et même quand
ce désir est étouffé par la tyrannie pendant des décennies, il
ressurgit toujours.
Tant que le Moyen-Orient demeurera un lieu de tyrannie, de désespoir
et de colère, il continuera à produire des hommes et des mouvements
qui menaceront la sécurité des Etats-Unis et de leurs amis. Aussi
l’Amérique poursuit-elle une stratégie active pour la liberté au
Moyen-Orient. Nous mettrons au défi les ennemis de la réforme,
affronterons les alliés de la terreur et espérerons des normes plus
élevées chez nos amis. Afin de transpercer les barrières d’une
propagande haineuse, la Voix de l’Amérique et d’autres services de
diffusion augmentent leurs émissions en arabe et en persan, et,
bientôt, un nouveau service de télévision commencera à diffuser des
nouvelles et des informations fiables à travers la région. Je vous
enverrai une proposition visant à doubler le budget de la Fondation
nationale pour la démocratie et à concentrer ses nouveaux travaux sur
la promotion d’élections libres, du libre-échange, de la liberté de la
presse et de la liberté syndicale au Moyen-Orient. Par-dessus tout,
nous achèverons notre travail historique de démocratisation en
Afghanistan et en Irak, pour que ces pays puissent éclairer la voie à
d’autres nations et aider à transformer cette région en difficulté.
L’Amérique est un pays imbu d’une mission, qui reflète ses convictions
les plus profondes. Nous n’avons aucun désir de dominer, aucune
ambition d’empire. Notre but est la paix démocratique - une paix
fondée sur la dignité et sur les droits de chaque homme et de chaque
femme. Nous agissons pour cette cause avec nos amis et nos alliés à
nos côtés, sans méconnaître toutefois la vocation spéciale de notre
grande République en tant que fer de lance de la cause de la liberté.
Discours précédents de George W. Bush sur l’état de l’Union :
– 29 janvier 2002
– 28 janvier 2003
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