Max Boot poursuit dans le Los Angeles Times son hagiographie de la politique étrangère états-unienne. De Wilson à W. Bush, en passant par Clinton, tous les présidents agissent pour défendre universellement la démocratie tout en défendant les intérêts particuliers des États-Unis qui, c’est bien connu, coïncident. Développant une étrange comparaison entre Haïti et l’Irak, il conclut que Washington doit à la fois garantir les libertés en Irak et y maintenir des troupes. Une profession de foi en forme d’aveu puisqu’elle implique que le maintien des troupes n’a pas pour but de garantir les libertés aux Irakiens, mais de défendre les intérêts (pétroliers et stratégiques) des États-Unis.
James Dobbins, expert à la Rand Corporation et militant de la guerre contre l’Irak, explique aux lecteurs de l’International Herald Tribune pourquoi ils doivent être patients à propos de l’Irak. L’administration Bush est en train de changer de stratégie, mais tout cela est complexe. Il faut appliquer une série de transferts de pouvoir qui ne peuvent être réalisés que progressivement et demandent chacun du temps. Bref, les États-Unis se dégagent du bourbier en se défaussant sur l’ONU et l’OTAN, mais ils n’ont pas l’intention de quitter le pays pour autant. Voilà qui confirme l’impression précédente selon laquelle Washington s’intéresse surtout aux ressources pétrolières du pays.

Avec force précautions, Mohamed ElBaradei plaide pour la non-prolifération nucléaire dans le New York Times. Selon l’usage, il valide d’abord la théorie de la menace d’acquisition de la bombe atomique par d’obscurs groupes terroristes. D’où il affirme la nécessité de contrôler la prolifération nucléaire. Jusque-là rien que très consensuel pour les lecteurs états-uniens. Puis, il souligne que la prolifération est suscitée par la domination nucléaire des grandes puissances. Pour conclure que la lutte contre la prolifération passe par la dénucléarisation des cinq États membres permanents du Conseil de sécurité.

Les exploits de l’axe Londres-Washington laissent de plus en plus perplexe le Guardian qui note la continuité entre les agressions contre la Yougoslavie, l’Afghanistan et l’Irak. Le quotidien donne la parole à trois critiques sévères.
Neil Clark établit un premier bilan du procès de Slobodan Milosevic. Il constate que les accusations portées par le procureur Carla Del Ponte n’ont toujours pas été prouvées et que le défilé des témoins tourne à la déroute : l’un se rétracte, le second a été payé par les services britanniques, tandis que le troisième assure avoir été torturé pour témoigner contre Milosevic. Il observe que les ONG qui persistent à se réjouir de ce procès sont, comme le tribunal lui-même, financées par George Soros. Il conclut que le problème fondamental de cette Cour est de s’être interdit de juger les responsabilités des dirigeants de l’OTAN pour ne s’intéresser qu’à rendre la justice des vainqueurs.
Une porte-parole anonyme de l’Association des femmes d’Afghanistan dresse le bilan de la situation des femmes dans son pays. Exemples à l’appui, elle montre que, hormis dans une certaine mesure pour les habitantes de la capitale, la situation ne s’est guère améliorée depuis la chute des Talibans. La Coalition a instrumentalisé les Droits des femmes pour justifier sa guerre, mais ne les a pas défendus.
Le lieutenant-colonel Crispin Black, qui vient de prendre sa retraite des services de renseignement militaires britanniques, réagit au rapport Hutton et aux propos de Tony Blair. Il rit de la description des réunions du Comité central du renseignement par Lord Hutton tant elle lui semble ridicule : les militaires n’agissent pas parce que la personnalité du Premier ministre impressionne leur inconscient, mais lorsqu’ils reçoivent des ordres. De plus, il ne croit pas un instant que le Premier ministre ait pu mal interpréter les informations qui lui ont été transmises, car des informations de cette importance font toujours l’objet d’explications précises.