Les dirigeants irakiens ont fait une tentative de constitution, mais ils n’ont pas répondu à la question centrale : l’Irak existe-t-il vraiment en tant que nation ? Les Kurdes et les chiites négocient entre eux, laissant les Arabes sunnites de côté, ce qui accroît les divisions. Les États-Unis veulent construire un nouvel Irak, mais ils versent leur argent et leur sang pour un pays qui n’existe plus. L’Irak serait bien plus proche de la démocratie si tout le monde rejetait la fiction d’un Irak unifié. Malheureusement, les États-Unis ont bien du mal à admettre que les pays éclatent. Ils ont résisté de toute leurs forces à l’éclatement de l’URSS et ils tentent aujourd’hui de conserver en une seule entité l’Afghanistan et l’Irak. Cette politique a pourtant déjà échoué en Haïti et en Somalie. La seule exception à la politique américaine est la Yougoslavie.
Depuis 1945, on a vu que la démocratisation et l’accroissement du nombre de pays vont de pair. Il y a de plus en plus de démocraties dans le monde et de plus en plus d’États. Les économistes estiment que les grands États sont coûteux à conserver unis et sont surtout utiles pour assurer la sécurité. Quand les risques de guerres diminuent et que les accords commerciaux se développent, le nombre d’États augmente. En apportant la sécurité et le commerce en Irak, les États-Unis encouragent la fragmentation du pays.
Les difficultés rencontrées pour rédiger la constitution devraient pousser les États-Unis à changer de politique en Irak. Ce n’est pas parce que les États-Unis se sont construits autour d’une constitution que cette règle est généralisée.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« A united Iraq - what’s the point ? », par John Yoo, Los Angeles Times, 25 août 2005.