Suite à l’échec du sommet de Bruxelles du 12 décembre, une polémique est née sur la possibilité, émise par certains, de créer une Europe à plusieurs vitesse. Il est cependant devenu évident pour tous que les 25 ou 27 membres de l’Union européenne ne peuvent pas tous avancer à la même vitesse.
Dès 1994, je m’étais prononcé en faveur d’une Europe construite en trois cercles : un « cercle avancé » regroupant les États voulant aller plus loin dans les domaines économique, monétaire, diplomatique et militaire, un « cercle de droit commun » regroupant l’ensemble des pays de l’Union européenne et un « cercle élargi » associant l’Union à ses voisins. L’Europe à 25 ou 30 est beaucoup plus diverse que l’Europe des débuts. Elle a vu s’instaurer des cercles particuliers comme l’euro-groupe, l’espace Schengen ou les accords de défense. Il n’est plus possible aujourd’hui cependant de créer un seul « cercle avancé » à moins de le restreindre à quatre ou cinq États, ce qui ne serait pas souhaitable.
Pour régler les questions liées à sa propre diversité, l’Union européenne doit se fixer des tâches précises :
 Adopter rapidement le projet de constitution.
 Définir le statut des « nouveaux voisins », ce qui nécessite de régler le cas de la Turquie au préalable.
 Définir les relations entre cercles restreints.
 Préciser que ces cercles doivent rester ouverts.
 Dépassionner la question des relations transatlantiques et réaffirmer qu’un renforcement des forces européennes serait un bénéfice pour l’OTAN.
 Surseoir quelques années à toutes les nouvelles adhésions pour consolider les dernières adhésions en date.
 Mieux préciser les perspectives budgétaires à moyen terme.

Source
Le Monde (France)

« Combien d’Europes ? », par Édouard Balladur, Le Monde, 5 mars 2004.