Pour réussir en Irak comme dans toute guerre, il faut que l’usage de la force soit lié à un objectif politique allant au-delà du simple renversement de régime. Cet objectif n’a pas été fixé dans le cas de l’Irak et la situation dans ce pays est devenue dramatique. Même s’il y a eu des désaccords sur la façon dont cette guerre a été menée, les politiciens veulent tous que nous réussissions en Irak. Les extrémistes qui attaquent nos forces doivent savoir qu’ils ne parviendront pas à nous diviser. Qui que soit le prochain président, nous persévèrerons dans notre engagement pour construire un Irak pacifique et démocratique.
Pour maximiser nos chances, nous devons faire un usage total de nos capacités et si les militaires ont besoin de plus de troupes, nous devons les déployer car il faut rendre la sécurité aux Irakiens. Les militaires ne peuvent toutefois pas réussir seuls. L’administration Bush a conçu plusieurs plans pour l’Irak, mais les a tous abandonnés car ils étaient irréalistes. Aujourd’hui, l’administration a choisi une date de transfert de souveraineté, mais on ignore toujours par quel processus sera constitué un gouvernement qui bénéficiera de la légitimité nécessaire avant cette date.
Compte tenu de la façon dont les États-Unis ont mené cette guerre, ils se retrouvent seuls pour supporter la majorité du poids de la transition. Même si Washington se rapproche de l’ONU, cela reste insuffisant. Il faut impliquer davantage l’ONU sur le plan politique et l’OTAN sur le plan militaire. Surtout, le président doit unir le pays derrière un but précis en Irak.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« A Strategy for Iraq », par John F. Kerry, Washington Post, 13 avril 2004.