Steven Spielberg affirme à propos de son dernier film provocateur Munich qu’il ne nous dit pas quoi penser des problèmes qu’il soulève et qu’il ne fait que poser des questions. Quand on voit le film et qu’on lit les déclarations de Steven Spielberg, on constate que ce n’est pas vrai. Le réalisateur ne cesse, d’ailleurs, de répéter qu’il estime que répondre à une agression par une agression n’est pas une solution. Le film soutient ce point de vue. Et bien que Steven Spielberg prétend ne pas avoir de solutions pour lutter contre le terrorisme, il prétend au moins avec ce film que la riposte n’est pas une solution. C’est bien la preuve que ce film est un film à thèse, non seulement sur le terrorisme, mais sur la description du conflit israélo-palestinien.
Le réalisateur se pose en arbitre neutre du conflit et affirme que la paix n’aura lieu que si les deux parties en présences discutent. Spielberg montre un Palestinien expliquer la douleur qu’a été la perte de son foyer. Il montre un Israélien insister sur la nécessité pour les juifs d’avoir un endroit où vivre et d’avoir du le prendre par eux-mêmes. Mais il oublie de préciser que si les juifs se sont installés précisément là c’est parce qu’historiquement cette terre est à eux. Spielberg ne le dit pas et c’est ce que risquent de perdre de vue des dizaines, peut-être des centaines, de millions de personnes qui verront ce film.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Something’s Missing In Spielberg’s ’Munich’ », par Walter Reich, Washington Post, 1er janvier 2006.