Le maréchal Badoglio s’empare de la capitale éthiopienne Addis-Ababa, le lendemain de la fuite de l’empereur Haile Selassie. La guerre est en fait un massacre prolongé, commis dans l’indifférence des grandes puissances occidentales. Les troupes éthiopiennes mal équipées résistent pendant un an, mais sont décimées par les armes modernes que l’Italie a acheté aux grands groupes industriels, voire obtenues gratuitement en échange de « rapports d’efficacité ». Lors de la « bataille » d’Harar, des experts envoyés par les fabricants d’armes assistent à la destruction complète de la ville par des bombes incendiaires, puis aux bombardements à l’arme chimique des villages de montagne hébergeant la résistance. L’Italie envisage de « nettoyer le pays au gaz moutarde afin de faire la place aux colons blancs italiens ». Plus de 100.000 civils seront tués lors de l’invasion. Primo Levi écrira plus tard : « Ce qui nous a choqué, c’est qu’Hitler applique à nous, des blancs, les méthodes que Mussollini a employé contre les noirs en Éthiopie. À l’époque, le sort des noirs ne nous avait guère ému. »