André Gluckmann prononce dans Le Monde l’éloge des combattants tchétchènes qui viennent de liquider les dirigeants favorables au maintien dans la Fédération de Russie. L’essayiste considère que, vu la sauvagerie de la répression, les indépendantistes sont dans leurs droits. Ce sont les Russes qui doivent donc être qualifiés de terroristes. Ce raisonnement se fonde sur l’idée implicite selon laquelle celui qui souffre le plus a forcément raison. Il se justifie par une distorsion historique : l’essayiste amalgame plusieurs conflits distincts et prétend que la résistance tchétchène au colonialisme russe a 400 ans.

Une sorte de panique parcours la classe dirigeante états-unienne qui ne parvient pas à maîtriser le cours des évènements qu’elle a provoqués. On cherche des victimes expiatoires et les critiques se cristallisent sur le secrétaire à la Défense, bien que celui-ci soit au cœur du dispositif impérial.
Même Max Boot demande la démission de Donald Rumsfeld dans le Los Angeles Times. L’affaire doit être prise au sérieux car le directeur de la page éditoriale du Wall Street Journal passait, comme son quotidien, jusqu’à présent pour un soutien aveugle du secrétaire à la Défense. Mais elle doit être comprise comme un doublement du secrétaire à la Défense sur son extrême droite et non pas comme un désaveu de fond. Ce qui se passe aux Etats-Unis est la réplique de la mise en cause d’Ariel Sharon par le Likoud pour mollesse pro-palestinienne.
Dans cette ambiance de surenchère, l’ancien conseiller du président Clinton, Sidney Blumenthal, alerte les lecteurs du Guardian sur un éventuel coup d’État militaire aux États-Unis. Des officiers, opposés à la manière dont l’équipe Bush-Cheney-Rumsfeld gouverne le pays, pourraient être tentés par l’aventure.
Cette crise ouvre la voie à une redistribution des cartes. Ainsi, l’ancien agent de la CIA Ron Marks fait campagne dans le Washington Times pour le remplacement du directeur de l’Agence de renseignement. Il verrait bien à ce poste Sam Nunn ou Rudolph W. Giuliani. Cette question avait déjà évoquée au lendemain du 11 septembre et les deux personnalités citées paraissaient déjà les mieux placées.

Kenneth Roth de Human Rights Watch demande qu’on en finisse avec l’hypocrisie des tortures encadrées. Il souligne dans le Washington Post qu’aucun État n’a jamais réussi à pratiquer la torture de manière limitée. Elle ne peut être qu’autorisée ou interdite, jamais contrôlée.

Enfin, Boris Kagarlitsky relève dans le Moscow Times que les présidents géorgiens successifs ont été acclamés à leur installation, puis sont entrés en conflit avec une de leurs provinces, avant d’être renversés. Cependant Mikhail Saakashvili semble être sorti de cette malédiction en soumettant l’Adjarie. La Géorgie pourrait donc enfin connaître la stabilité qui lui fait défaut.