Jean-Marie Colombani, directeur du Monde annonce l’adaptation de la ligne éditoriale de son journal qui devient Tous non-Américains ?. L’atlantisme forcené n’étant plus tenable devant ses lecteurs, M. Colombani introduit une variante : Washington aurait changé et se serait éloigné de ses valeurs. Pour que tout redevienne confortable comme avant, il suffirait d’un rapprochement de Washington avec l’Europe et d’une victoire de John Kerry.
Jean-Marie Colombani, directeur du Monde, qui s’était rendu célèbre outre-Atlantique en proclamant, au lendemain du 11 septembre, Nous sommes tous Américains, annonce l’adaptation de la ligne éditoriale de son journal qui devient Tous non-Américains ?. L’atlantisme forcené du quotidien de prédilection de la classe dirigeante française n’étant plus tenable devant ses lecteurs, M. Colombani introduit une variante : Washington aurait changé et, sous l’impulsion du tandem Bush-Rumsfeld, se serait éloigné de ses valeurs. Pour que tout redevienne confortable comme avant, il suffirait donc que Washington prenne à nouveau en compte les remarques de ses alliés européens et que Kerry remplace Bush. Cette contorsion intellectuelle permet au Monde de réaffirmer ses croyances : valeurs « américaines », « mission universelle », « incapacité du monde arabe », « guerre au terrorisme » etc. Elle se nourrit de phantasmes : existence d’un mouvement islamique que « tous les pays libres, ceux qui le sont comme ceux qui aspirent à le devenir, vont devoir combattre ensemble », « mise à disposition des moyens d’Al Qaïda au service du nationalisme arabe », etc. Elle condamne l’invasion de l’Irak pour mieux approuver la « guerre au terrorisme », et se clôt par une prière pour la victoire du sauveur Kerry, une sorte de Johnson que le journal nous présente à longueur de colonnes comme un JFK. En définitive, les arguments de M. Colombani visent à écarter toute critique historique de la politique impériale des États-Unis, qualifiée d’« anti-américanisme primaire », en stigmatisant George W. Bush.
L’ambassadeur Peter W. Galbraith poursuit son projet de yougoslavisation de l’Irak. Dans le Guardian, il trouve de nouveaux arguments à une fédéralisation du pays, dont le principal serait de diviser l’Irak pour mieux y régner.
Plus sincère, le politologue Pascal Boniface dresse le bilan de l’opération états-unienne en Irak dans Libération. Il souligne que la paix ne viendra pas d’une solution militaire, mais politique. Il ne sert à rien de vouloir renforcer les troupes US, ni d’embrigader des troupes étrangères. Il faut transférer le pouvoir aux Irakiens sous contrôle de l’ONU et non pas sous contrôle de Washington.
Les juristes David B. Rivkin Jr et Lee A. Casey assurent dans le Wall Street Journal que si l’on appliquait aux prisonniers de Guantanamo les protections juridiques états-uniennes, cela équivaudrait à annexer ce territoire. Le raisonnement est évidemment spécieux puisque les Etats-Unis occupent illégalement Guantanamo depuis l’expiration de leur bail, en 2003, et qu’ils y empêchent l’application du droit cubain.
Le chroniqueur militaire William M. Arkin interprète dans le Los Angles Times l’affaire des tortures d’Abu Ghraib au regard de son expérience d’officier de renseignement à Berlin-Ouest. Il se souvient que, pendant la Guerre froide, certains agents se comportaient comme des cow-boys et provoquaient une multitude de problèmes. Son service ne pouvait fonctionner qu’avec un tri et un encadrement. Ce qui manque aujourd’hui dans les forces US, c’est un grand coup de balai.
Noam Chomsky souligne dans El Periodico que le plan Bush-Sharon d’annexion de la Cisjordanie par Israël est une folie. La solution d’un État binational, qui était initialement prévue par l’ONU, est devenue impraticable. Il ne reste donc plus pour construire la paix que la solution de deux États indépendants.
Enfin, le roi Abdallah II de Jordanie plaide pour son pays dans le Washington Post. Il insiste sur la dissociation qu’il établit entre les conflits du Moyen-Orient et la réforme des régimes politiques de la région. Il présente donc la Jordanie comme le bon élève de la région : avancé dans les réformes libérales et patient pour la résolution des conflits.
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