Le président George W. Bush affirme vouloir régler la question des tortures à Abu Ghraib en construisant de nouvelles prisons aux frais des Irakiens et en détruisant celle d’Abu Ghraib, qui ne lui appartient pas, pour effacer les traces de ses crimes. Rebecca Hagelin ne voit dans cette affaire qu’une conséquence de la dégradation des mœurs aux Etats-Unis sur le comportement des GI’s. Le problème est donc moral : il faut lutter contre la pornographie à la télévision.
À quelques jours de la journée mondiale de l’environnement (6 juin) James D. Wolfensohn, président de la Banque mondiale, demande dans Libération que l’on fasse de cet enjeu une priorité. Au moment où la Fédération de Russie vient, après de longues hésitations, de se prononcer pour le protocole de Kyoto, tous les regards se tournent vers les États-Unis.
Il ne faut pourtant attendre aucun geste d’eux en ce domaine. Dans un discours au Royal Institute of International Affairs, dont The Independent reproduit des extraits, le secrétaire états-unien à l’Énergie, Spencer Abraham, examine l’impossibilité matérielle de répondre encore longtemps à la demande croissante d’énergie alors que le pétrole s’épuise. Écartant d’un revers de main toute remise en cause du modèle de développement US, il affirme que la solution ne pourra provenir que d’un bond technologique.
Crispin Black, directeur d’une compagnie de sécurité, exprime dans le Guardian sa perplexité face aux accusations d’espionnage lancées contre Ahmed Chalabi. Le patron du Congrès national irakien est suspecté d’avoir manipulé les autorités états-uniennes pour le compte des Iraniens. C’est peu crédible car, outre qu’une telle opération est bien complexe, elle ne débouche pas seulement sur le renversement de Saddam Hussein, mais sur l’installation durable de la Coalition en Irak alors qu’elle est déjà présente en Afghanistan. Il est improbable que Téhéran ait organisé son encerclement.
Dans un long discours à l’École de guerre de l’armée de terre, le président George W. Bush a présenté son plan en cinq points pour l’Irak : transfert de souveraineté, sécurisation, reconstruction des infrastructures, implication de l’ONU et de l’OTAN, élections démocratiques. Le lecteur sera frappé à la fois frappé par la détermination du président états-unien et par l’incohérence de son propos : la démocratie, selon Bush, c’est désigner un gouvernement avant d’organiser des élections ; reconstruire l’économie, c’est s’accaparer le pétrole, etc. Quant à l’affaire des tortures commises par les GI’s, le président entend la régler en construisant de nouvelles prisons aux frais des Irakiens et en détruisant celle d’Abou Ghraib, qui ne lui appartient pas, pour effacer les traces de ces crimes.
Sur le même registre, Rebecca Hagelin de la Fondation Heritage prêche dans le Los Angeles Times sur l’affaire des sévices. Elle n’y voit qu’une conséquence de la dégradation des mœurs aux Etats-Unis sur le comportement des GI’s. Le problème n’est donc ni militaire, ni politique, mais moral : il faut lutter contre la pornographie à la télévision. On aurait tendance à penser, en se souvenant des centaines de milliers de personnes torturées lors des opérations de contre-insurrection états-uniennes pendant la Guerre froide, que ses propos aussi sont indécents.
La Commission d’enquête « indépendante » sur le 11 septembre poursuit ses investigations sur tout ce qui concerne les attentats, sauf les attentats eux-mêmes. Elle devrait accoucher d’un volumineux rapport préconisant des réformes des services de renseignement et des services de secours d’urgence. Mais les commissaires étant divisés, il se pourrait qu’une partie d’entre eux rejette le rapport final. L’un des membres, John F. Lehman, présente d’ores et déjà ses excuses aux policiers et pompiers dans le New York Times. Il regrette de les avoir offensés en suggérant qu’ils n’avaient pas été de la plus grande efficacité ce jour-là. Mais, il fallait comprendre ses critiques de manière positive, comme un encouragement à une amélioration des services publics.
Enfin, Jessica Montell de B’Tselem se demande dans le Los Angeles Times comment elle réagirait si une armée d’occupation venait détruire sa maison en lui laissant cinq minutes pour emporter ses affaires. C’est une idée insupportable, et c’est pourtant ce qu’ont vécu des milliers de Palestiniens cette année. Une tribune fait écho aux propos de Yosef Lapid, ministre israélien de la Justice, qui s’est souvenu en Conseil des ministres de sa grand-mère pleurant sur les ruines de sa maison détruite par les nazis.
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