Le 14 juillet 2002, les cadets de l’Académie militaire de West Point défilaient sur les Champs Élysées aux côtés de leurs frères d’armes de Saint-Cyr. Le symbole était fort et se voulait à la hauteur d’une amitié transatlantique historique : l’hommage d’un vieux pays à son vieil allié meurtri dans sa chair par un attentat terroriste que les pires scénarios du Pentagone n’auraient pu imaginer.
Quelques mois plus tard, la guerre d’Irak éclatait et on voyait une crise entre la France et les États-Unis. C’est loin d’être la première et l’histoire de nos relations est émaillée par ce genre d’incident. Il n’y a rien d’anormal à cela car nos deux pays ont leurs intérêts propres, mais il faut quand même noter que depuis 1776, la France et les États-Unis ont une relation spéciale car ils sont les deux seuls grands peuples à ne s’être jamais faits la guerre.
La crise irakienne est conjoncturelle, mais elle est révélatrice d’un fossé grandissant dans les relations transatlantiques. L’actuel divorce reflète une divergence de fond sur la notion de puissance dans l’après-Guerre froide et de la dichotomie des visions sur les sujets majeurs de la gouvernance mondiale. Pourtant, nos sujets d’accords sont plus nombreux que nos sujets d’opposition car nous partageons les mêmes valeurs. La société internationale a besoin d’une ossature politique et il faut que cette dernière soit la relation euro-américaine, seule capable d’œuvrer pour la démocratie dans le monde.
Nous devons restaurer les relations franco-américaines et garder en tête la maxime de De Gaulle : « indépendant par temps calme, solidaire dans la tempête ».

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« La nécessaire amitié franco-américaine », par Amo Houghton et Axel Poniatowski, Le Figaro, 4 juin 2004.