Six chefs d’État ont participé aux cérémonies d’anniversaire du débarquement allié, en 1944. Les évocations historiques ont été conçues avec de fortes arrière-pensées : elles décrivaient le passé en fonction du présent. Il s’agissait de célébrer l’alliance d’hier et la réconciliation d’aujourd’hui avec d’autant plus de force que chacun perçoit un avenir de discorde.
Pourtant Amory Houghton et Axel Poniatowski, qui président à la Chambre des représentants et à l’Assemblée nationale les groupes d’amitié parlementaire France/États-Unis, en profitent pour magnifier les relations entre les deux pays. Pour eux, les divergences sont moindres que les convergences et, face au terrorisme, le moment est venu d’être à nouveau solidaires. Ce point de vue, publié par Le Figaro, se fonde sur une référence aux « valeurs communes », sans expliciter leur contenu.
Dans un entretien au Figaro, le chancelier allemand Gerhard Schröder explique le sens de sa participation à ces cérémonies : rendre hommage à toutes les victimes de l’hitlérisme, y compris les Allemands morts pour avoir cru en sa politique. Il précise également que Berlin, comme Paris, soutient l’adhésion, sous conditions, de la Turquie à l’Union européenne ; et qu’il est favorable à une force d’interposition de l’OTAN en Palestine, pas en Irak.

Les vingt-cinq ministres des Affaires européennes des États membres de l’Union appellent les citoyens européens à voter pour désigner le Parlement européen. Cet exercice de style, publié dans de nombreux quotidiens dont Le Monde, manifeste l’inquiétude des gouvernements face aux disparités de participation qui risquent d’être observées la semaine prochaine, et aux conséquences qu’elles impliqueraient sur la légitimité de l’institution. Cet appel pathétique met aussi en évidence la responsabilité de ces mêmes gouvernements dans l’échec du projet européen : ils ont échoué à mettre en place un mode de scrutin unique et une date unique d’élection ; ils ont échoué à mettre en œuvre les dispositions du Traité de Maastricht relatives au financement de partis politiques européens. Dans le cas français, pour ne prendre que celui-là, ils ont même transformé une élection européenne en élection régionale en créant artificiellement huit circonscriptions électorales dans l’espoir de laminer tout autre parti que l’UMP et le PS. Ils tirent aujourd’hui les conséquences désastreuses de cette cuisine politicienne qui jette un discrédit sur le Parlement et détourne, dans de nombreux États, les électeurs.
De la participation, il y en aura sûrement au Royaume-Uni. À ce propos, le député libéral Nick Clegg renvoie dos-à-dos les conservateurs et les travaillistes britanniques, dont il relève les incohérences dans le Guardian. L’élection du Parlement européen est un moment de clarification des politiques. George Galloway a raison d’appeler à sanctionner Blair qui n’a pas su choisir : il prétend être pro-européen, mais s’est aligné sur les États-Unis dans le conflit irakien.

À la veille des jeux d’Athènes, George A. Papandreou appelle dans l’International Herald Tribune au respect de trève olympique. Il rappelle que 190 États ont approuvé une résolution en ce sens à l’ONU et que la Grèce et la Turquie ont donné l’exemple en s’engageant à suspendre leurs manœuvres militaires.

Ancien officier de la CIA, Paul R. Pillar prend la défense de George Tenet dans le New York Times. Il souligne que, contrairement à ce que l’on prétend, l’Agence n’a pas démérité, mais que le renseignement US se trouve face à une crise structurelle. Ce n’est donc pas en contraignant le directeur de la CIA à la démission que l’on réglera le problème.
Sur le même registre, Danielle Pletka de l’American Enterprise Institute s’inquiète dans le Los Angeles Times de la campagne anti-Chalabi. Elle souligne que l’accusation d’espionnage au profit de l’Iran n’est pas crédible et ressort exclusivement des rivalités entre départements à Washington. Cet épisode risque de décourager les Irakiens qui souhaitent collaborer avec les États-Unis.

Enfin, le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, répond dans Le Figaro aux interpellations du lobby US conduit par Emma Bonino à propos du rôle de la France au Darfour. Le Quai d’Orsay s’est impliqué dans les négociations de paix depuis des mois, a participé à la réunion des donateurs de Genève, et a accru son aide alimentaire. Bref, si le conflit continue, ce n’est pas la faute de la France, ni de son allié tchadien.