Le week-end dernier, Donald Rumsfeld s’est rendu en Moldavie, un pays où la Guerre froide n’a jamais vraiment pris fin. Ce voyage illustre la menace pour les valeurs et les intérêts occidentaux que représentent les ambitions impérialistes russes sur les anciennes portions de l’empire soviétique. Cela nous rappelle également qu’en dépit du succès du sommet de l’OTAN à Istanbul, cette organisation n’a jamais réussi à terminer son grand projet géopolitique : construire une Europe de démocratie sûre s’étendant jusqu’aux frontières de la Russie.
La nostalgie de la Russie pour son empire est flagrante dans l’empire de poche qu’elle s’est construite à ses frontières. Ces aspirations impériales sont une menace pour la démocratie dans cette région et la négation des valeurs sur lesquelles devrait se fonder le partenariat entre l’OTAN et la Russie.
La Moldavie est devenue un État indépendant, il y a 13 ans, mais la quatorzième armée russe s’y trouve encore puisqu’elle garde la frontière entre la Moldavie et une région sécessionniste, la Transnitrie, devenu un client de Moscou. Les dirigeants de cette région profitent des réseaux criminels qui y prolifèrent (traite des femmes, trafic de drogue et d’arme). Si Al Qaïda n’y a pas encore fait son marché, cela ne saurait tarder. La Russie demande que la Transnitrie devienne un État fédéral et qu’un accord garantisse la présence russe en Moldavie. Seule la mobilisation populaire contre ce projet l’a fait échouer.
Cette approche reflète la stratégie classique de Moscou dans ses pays voisins : geler des conflits territoriaux tant que la Russie n’a pas obtenu l’assurance qu’elle pourra déployer ses troupes dans le pays. Cette politique est une violation du traité sur les armes conventionnelles en Europe et c’est un obstacle à la démocratisation. L’OTAN doit s’impliquer dans ces pays et faire comprendre à la Russie que son déploiement à ses frontières la rend plus sûre, et pas le contraire.

Source
Christian Science Monitor (États-Unis)

« Beware Russia’s pocket empire », par Daniel C. Twining, Christian Science Monitor, 1er juillet 2004.