Le débat sur le projet de constitution européenne est mort-né et laisse place aux imprécations. Dominique Strauss-Kahn et Bertrand Delanoë signent une tribune dans Le Monde appelant à sa ratification. Le seul argument de vente est qu’on n’a pas d’autre texte sous la main. DSK exhorte M. Fabius à s’aligner sur ses camarades socialistes, dans une interview cette fois publiée par Libération, faute de quoi il s’opposerait au sens de l’Histoire.
Sans entrer dans les détails du projet de constitution européenne, il apparaît comme un texte confus dont la valeur s’apprécie à la multiplicité des interprétations que chacun en fait. S’il offre une alternative à l’impraticable Traité de Nice, la vacuité fondamentale de son contenu laisse songeur. Dominique Strauss-Kahn et Bertrand Delanoë signent aujourd’hui une tribune dans Le Monde appelant à sa ratification. Si l’on fait abstraction des propos généreux relatif à la Charte des droits fondamentaux, au demeurant déjà promulguée, leur seul argument de vente est qu’on n’a pas d’autre texte sous la main. M. Strauss-Kahn va même jusqu’à exhorter son rival, M. Fabius, à s’aligner sur ses camarades du Parti socialiste, dans une interview cette fois publiée par Libération, faute de quoi il ferait montre d’une contre-productivité typiquement anti-européenne. On a connu un Strauss-Kahn moins totalitaire dans ses inclinaisons ultra-libérales.
Dans le Washington Times, Walid Phares prend en charge la justification de l’échec du Sommet de l’OTAN à obtenir un consensus pour la relève des États-Unis en Irak. Il explique sans ciller que le « transfert de souveraineté » anticipé était destiné à couper l’herbe sous le pied de la résistance, qui planifiait des attentats sanglants pour la date de transfert prévue initialement.
John Kerry, à l’occasion de la fête de la nation dont il voudrait être le président, signe dans le Washington Post une tribune dans laquelle il affirme une fois de plus sa volonté de faire comme Bush, mais en plus efficace et en se parant d’attributs humanitaires. Devancé par son concurrent sur l’engagement de l’OTAN en Irak, il doit donc se résoudre à innover en proposant le partage du butin irakien et en demandant à tous de faire des promesses.
À propos de promesses, les familles des victimes du 11 septembre 2001 qui ont accepté les indemnisations s’interrogent. Pendant que Kenneth R. Feinberg, administrateur du Fonds, digresse dans le Los Angeles Times sur les montants qui leur ont été accordés, certaines d’entre elles sont prises de remords. En effet, M. Feinberg se garde bien de préciser qu’en acceptant cette « justice » en monnaie sonnante et trébuchante, les familles des victimes ont renoncé à toute poursuite judiciaire, donc à la vérité sur les attentats. Les 3 % d’entre elles qui ont refusé l’indemnisation seront-elles accusées de manquer de patriotisme ?
Michael Moore relate dans le même quotidien sa relation au drapeau états-unien et confie son souhait de le voir un jour devenir un symbole de paix. L’intrépide général Rose défend d’ailleurs courageusement Fahrenheit 911 dans le Daily Mail, mais ne semble pas avoir vraiment compris le message de Moore lorsqu’il soupçonne que les soldats états-uniens déployés en Irak s’en irritent. Peu importe, car Moore, toujours confronté à des obstacles pour la diffusion de son film dans son pays, en a autorisé la copie pour tout usage non commercial : les GI’s, qui sont désormais rompus à l’utilisation des gadgets audiovisuels, pourront donc s’en faire leur propre idée.
L’ambassadeur états-unien en France s’efforçait pour sa part de vendre le « transfert de souveraineté » irakien dans l’édition du 2 juillet de Libération. Il a malheureusement tout faux : en effet, contrairement à ses affirmations, la production de brut irakien piétine avec de nouveaux attentats, le budget du ministère de la Santé irakien a forcément augmenté puisque le pays peut dorénavant importer de quoi soigner sa population, ce qui n’était pas le cas lors de l’embargo, et doit le faire puisqu’il regorge de blessés, le niveau d’alphabétisation est encore très loin derrière celui de 1990, etc. Autant de questions dont ne se préoccupe guère Peter Bergen, occupé quant à lui à régler ses comptes avec Laurie Mylroie, brutale propagandiste proche de James Woolsey, ex-directeur de la CIA sous Bill Clinton. Dans la tribune que publie malicieusement le Guardian, il s’applique toujours à faire table rase des erreurs passées de la propagande officielle en les attribuant à ses rivaux, pour préparer la terrain de la justification « à la démocrate » des prochaines expéditions coloniales.
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