J’ai passé six mois à Bagdad en 2003, travaillant avec les Irakiens pour mettre en place une stratégie pour traduire Saddam Hussein et ses acolytes devant la justice. La comparution de M. Hussein devant des juges irakiens est le fruit d’une remarquable collaboration entre la Coalition menée par les Américaines et les juristes irakiens. Cela marque également une avancée importante pour la justice internationale puisque, pour la première fois, un ancien dirigeant d’un pays sera jugé dans le cadre de la loi criminelle internationale dans une cour constituée localement.
Contrairement aux cours de La Haye ou de Sierra Leone, le tribunal servira également à renforcer les institutions judiciaires du pays. Nous avons travaillé six mois pour le constituer et ces travaux nous ont clairement démontré que les Irakiens souhaitaient que Saddam Hussein soit jugé par des Irakiens. Les conseillers de la Coalition ont travaillé étroitement avec les Irakiens pour que le statut du tribunal soit en harmonie avec les derniers développements de la loi criminelle internationale. Nous avons mis en place une méthode pour juger une liste quasi infinie de crimes et limiter le nombre de personne jugées par cette cour pour éviter que le tribunal ne se disperse (le tribunal sur l’ex-Yougoslavie pourrait mettre 18 ans pour traiter 100 cas). Nous avons demandé que seules 20 à 25 personnes soient jugées par ce tribunal (comme à Nuremberg). Il est vital que les cas traités couvrent l’intégralité du spectre des atrocités commises par ce régime afin que le procès soit aussi un facteur d’unification de ce pays fragmenté.
Il est important qu’il aboutisse à des peines irakiennes, pas question que les accusés soient dans une prison néerlandaise ou qu’on assiste au paradoxe rwandais (les plus hauts responsables du génocide sont jugés en Tanzanie et risquent la prison à vie alors que les sous-fifres sont jugés au Rwanda et risquent la peine de mort). Ce procès permettra d’accroître le respect pour les institutions judiciaires, clé de la stabilisation du pays et sa diffusion télévisée sera un cours de civisme partout dans le pays.

Source
International Herald Tribune (France)
L’International Herald Tribune est une version du New York Times adaptée au public européen. Il travaille directement en partenarait avec Haaretz (Israël), Kathimerini (Grèce), Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne), JoongAng Daily (Corée du Sud), Asahi Shimbun (Japon), The Daily Star (Liban) et El País (Espagne). En outre, via sa maison-mère, il travaille indirectement en partenarait avec Le Monde (France).
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Judgment at Baghdad », par Tom Parker, New York Times, 8 juillet 2004.
« Saddam’s trial creates a new legal model », International Herald Tribune, 8 juillet 2004.