Je fais partie des Colombiens qui sont obligés de vivre dans un état de panique permanent, depuis que mon épouse a été enlevée, le 23 février 2002. Ce jour-là, je suis venu grossir la longue file de ceux qui se battent pour la libération de plus de trois mille personnes enlevées en Colombie, vivant dans l’incertitude face aux évolutions d’état d’esprit des gouvernants et de la guérilla.
J’exige d’Alvaro Uribe qu’il dénoue le plus vite possible cette situation, c’est son devoir. Le président colombien affirme qu’il accomplit son devoir en augmentant le recours à la force et à l’armée, mais cela c’est servir la guerre, sa guerre, pas la vie. Un accord humanitaire est, avant tout, un geste de paix, mais Uribe veut nous placer dans la logique de la guerre, parce que c’est un homme qui suit les directives du président américain George W. Bush. Que peut-on attendre d’une mentalité telle que celle de l’ambassadeur américain en Colombie, William Wood, qui, parlant des trois mercenaires de son pays tombés aux mains des FARC et des autres otages détenus par ce groupe a dit : « Que pouvons-nous y faire ? Après tout, dans les hôpitaux aussi, il y a des malades en phase terminale ».
Le Prix Nobel portugais de littérature José Saramago a déclaré : « Le président Uribe a au moins trois mille raisons de ne pas bien dormir ». Nous aussi, nous lui souhaitons de longues insomnies jusqu’à ce qu’il se décide à s’engager à mettre fin à cette tragédie qui déchire le pays.
« Dormez mal, président Uribe », par Juan Carlos Lecompte, Le Monde, 9 septembre 2004.
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