La péninsule coréenne est probablement l’endroit le plus dangereux du monde, mais cette situation est aggravée par ceux qui imaginent le pire des scénarios. La menace nucléaire pour l’Europe est aussi crédible que la conversion du Pape à l’islam. Même les préoccupation nées de l’apparition d’un « nuage en forme de champignon » ont été dissipées par les États-Unis et la Corée du Sud. En fait, la vérité est que la Corée du Nord est en train de changer, de sortir de la Guerre froide et de se tourner vers l’économie de marché, une décision fondée sur ses besoins économiques. C’est pourquoi la Corée du Nord est prête à négocier.
La Corée du Nord ne faisait pas confiance aux États-Unis pour respecter l’accord de 1994 et elle n’avait pas tort. En effet, les négociateurs états-uniens pensaient alors que la Corée du Nord ne survivrait pas longtemps à l’implosion de l’URSS et qu’ils n’auraient donc pas à honorer leur part du contrat, oubliant que le régime nord-coréen trouve ses origines dans l’histoire ancienne du pays et dans sa culture. Aujourd’hui, la découverte que Séoul avait également un programme nucléaire très avancé allant bien plus loin que celui de son voisin du Nord sape la crédibilité des protestations de Washington. Surtout si on note que le budget militaire de la Corée du Sud est supérieur au PIB de la Corée du Nord.
Dans les années 90, la Corée du Nord a connu une famine qui a fait trois millions de morts, une situation qui ne s’est stabilisée qu’avec l’aide internationale. Compte tenu de la situation, la Corée du Nord est entrée dans l’économie de marché, les paysans peuvent désormais vendre leurs surplus pour leur bénéfice (ce qui a fait exploser la productivité agricole) et la planification a été abandonnée. Les nouveaux marchés sont florissants, malgré l’inflation. Dans ces conditions, il faut négocier avec la Corée du Nord pour la faire évoluer comme la Chine ou le Vietnam.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« In from the cold », par Glyn Ford, The Guardian, 15 septembre 2004.