C’est la première fois, M. le président, que je me présente devant cette assemblée. Je parle au nom d’un pays aux nombreuses langues et aux nombreuses cultures. Nous sommes une démocratie, mais nous avons connu la dictature et nous connaissons le terrorisme. Nous avons appris à lui résister et à le combattre. C’est pour cela que nous avons compris la douleur des États-Unis le 11 septembre et j’exprime, ici à New York, ma profonde solidarité avec les États-Unis. Nous comprenons également la douleur ressentie à Jakarta, à Bali, à Casablanca, à Riyad ou à Beslan. Nous mêmes avons été touchés le 11 mars. Il n’y a pas d’excuse au terrorisme. C’est un mal dangereux, mais comme tout mal, il faut le combattre par les racines et surtout le combattre rationnellement : il faut corriger les grandes injustices politiques et économiques afin de priver les terroristes de soutien populaire. Quand les gens vivent dans des conditions dignes, nous sommes tous plus en sécurité.
M. le président, en Irak, des milliers de civils et de militaires ont perdu la vie. Je leur exprime ma solidarité. Nous n’étions pas favorables à cette guerre et nous l’avons exprimé dans des manifestations et à l’Assemblée nationale, c’est pour cela qu’aujourd’hui, nous nous sommes retirés d’Irak. Quoi qu’il en soit, il est essentiel de rendre sa souveraineté à l’Irak, un Irak démocratique et en paix avec ses voisins. On ne pourra toutefois pas stabiliser la région tant que le conflit au Proche-Orient ne sera pas résolu. Il faut appliquer la « feuille de route » et constituer un États palestinien viable. Contre le terrorisme, Israël pourra compter sur le soutien de la communauté internationale tant qu’il respectera le droit international, mais avec la construction de son Mur de séparation ce n’est pas le cas. L’Espagne veut participer aux efforts internationaux pour relancer la feuille de route.
M. le président, l’Espagne débloque plusieurs millions d’euros pour faire face à la terrible crise du Darfour. Il est important que le gouvernement de Khartoum fasse tout pour normaliser la situation dans la région, mais il est également essentiel que les groupes rebelles respectent le cessez-le-feu. L’Espagne estime d’une manière générale qu’il ne faut plus tolérer les crises en Afrique et, avec les autres membres de l’Union européenne, elle travaille à une initiative de paix pour l’Afrique qui vise à apporter des solutions régionales aux crises dans le continent. L’Espagne est particulièrement attentive aux problèmes du Maghreb et est impliqué dans la résolution du conflit au Sahara occidental. L’Espagne est impliqué dans des forces de maintien de la paix partout dans le monde quand elles bénéficient de mandat explicites du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour établir la paix et la sécurité, il faut des Nations unies fortes et une légalité internationale forte. Pour cela, en tant que représentant d’un pays créé et enrichi pas des cultures diverses, je propose à cette Assemblée une alliance des civilisations entre le monde occidental et le monde arabo-musulman. L’Espagne demande à l’ONU de constituer en son sein un groupe de discussion de haut niveau pour cet objectif.
M. le président, l’Espagne estime qu’il faut renforcer les instances internationales et cet objectif est l’un des piliers de notre politique étrangère. Il faut cependant réformer l’ONU pour la rendre plus transparente et démocratique.
M. le président, je ne peux terminer mon intervention sans réaffirmer que l’Espagne est favorable au développement de la démocratie en Amérique latine et qu’elle souhaite régler le différend sur Gibraltar avec le Royaume-Uni via des négociations bilatérales qui devront bénéficier à toute la région.
Merci beaucoup M. le président.

Source
Espagne (présidence du Gouvernement)

« Discurso del présidente del Gobierno », par José Luis Rodriguez Zapatero, Services de presse du gouvernement espagnol, 22 septembre 2004. Ce texte est adapté du discours prononcé à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies le 21 septembre 2004.