Lentement, mais inévitablement, l’OTAN perd de son importance. Les populations des deux côtés de l’Atlantique posent de plus en plus de questions sur son utilité depuis que cette organisation a perdu son objectif initial. Pourtant, l’OTAN est une force qui pourrait être efficace pour la paix et pour la sécurité si ses membres s’engagent dans cette voix.
Pour gérer des situations dans lesquelles des pays membres refusent d’être impliqués, on a vu émerger le concept d’une OTAN « boîte à outil » dans laquelle des États membres pourraient mener des opérations approuvées par l’Organisation. C’est la base de la « coalition des volontaires » qui a conduit à l’invasion de l’Irak malgré l’opposition résolue de certains pays membres. Toutefois, comme ces pays ont des engagements nationaux, les forces utilisables par l’OTAN diminuent. Ainsi, en Afghanistan, l’OTAN a pris la tête d’une force de sécurité internationale qui est passée temporairement de 6 500 hommes à 10 000 hommes pour assurer la sécurité lors de l’élection. Dans le même temps, les États-Unis ont 20 000 hommes qui combattent les Talibans. En Irak, le décalage est encore plus important.
L’Afghanistan et l’Irak renforcent l’image de l’OTAN qui est par ailleurs le cœur du problème : initialement, ces deux conflits sont des conflits états-uniens, l’OTAN n’y a qu’un second rôle. Dès lors, elle n’apparaît plus comme une alliance, mais comme une supplétive des Etats-Unis. De ce fait, les nations alliées restent indifférentes aux appels à la participation dans cette alliance et les États-Unis s’en désintéressent. Pour garder l’organisation unie, des changements importants sont nécessaires. Il faut revoir les nominations aux postes de commandement et les nations européennes doivent réformer leurs armées. Les Européens doivent également cesser d’attendre que ce soient les États-Unis qui proposent des initiatives et les États-Unis doivent se rappeler qu’ils ont des devoirs envers l’Organisation. Les deux côtés doivent se souvenir que leur force réside dans l’alliance.

Source
International Herald Tribune (France)
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« Twilight ? Not necessarily », par Frederick Bonnart, International Herald Tribune, 6 octobre 2004.