Dans la perspective du second mandat Bush, les néo-conservateurs débattent durement des prochaines priorités. Ainsi, l’ambassadeur Peter W. Galbraith critique la stratégie de Washington dans le Guardian. Non pas pour en dénoncer le bellicisme, mais au contraire pour regretter qu’il n’ait pas donné de correction à l’Iran et à la Corée du Nord. Pour lui, il faut neutraliser les « États-voyous » avant de « démocratiser » le Moyen-Orient.
Gary Sick, administrateur d’Human Rights Watch proche de George Soros, déplore dans le Daily Star les conséquences de l’invasion de l’Irak. Si George H. Bush (le père) avait effacé le syndrome de la guerre du Vietnam avec sa victoire dans le Golfe, George W. Bush (le fils) a créé un syndrome de la guerre d’Irak en ne parvenant pas à stabiliser la situation. Cette expédition, qui devait renforcer l’autorité des États-Unis dans le monde, a finalement miné leur crédibilité.

L’ancien président de la Chambre des représentants, Newt Gingrich, se saisit des massacres du Darfour pour mettre en cause la Commission des Droits de l’homme de l’ONU dans le Los Angeles Times. Partant du principe que, contrairement à ses allégations, c’est le gouvernement de Khartoum qui est responsable des atrocités et que celui-ci siège à la Commission, il en conclut que quelque chose est pourri à l’ONU. Dans son élan, M. Gingrich exige que l’on radie de cette commission tous les États qui violent les Droits de l’homme oubliant que les États-Unis, qui viennent d’envahir sans mandat un État souverain et entretiennent des camps de torture à Guantanamo et Bagram, seraient concernés par une telle mesure.

L’élection présidentielle afghane ne suscite que des commentaires positifs. Elle est, nous dit-on, la première dans l’histoire du pays et augure d’un avenir radieux débarrassé des seigneurs de la guerre.
Ashraf Ghani, ministre des Finances du gouvernement intérimaire, s’en félicite dans le Washington Post. Il note que cette réussite soulève de nouvelles attentes et qu’elle n’est donc qu’une étape sur un long chemin.
Zalmay Khalilzad, ambassadeur des États-Unis à Kaboul, observe avec satisfaction dans le Wall Street Journal la démilitarisation de la population, la reconstruction des infrastructure et le retour massif des exilés.
Tout cela est certain. Une majorité d’Afghans est en train de découvrir la paix. Cependant les éléments positifs de cette évolution sont imputables à l’ONU, pas à la Coalition qui, au contraire, a sa part de responsabilités dans les décennies de souffrances qui ont précédé. En outre, il y a quelque chose de ridicule à présenter cette réussite de la communauté internationale comme une avancée du programme de « démocratisation du monde » de l’administration Bush. Les élections ont été truquées à grande échelle pour faire élire Hamid Karzaï et lorsque tous ses concurrents ont porté plainte à la Commission électorale de l’ONU, l’ambassadeur Khalilzad leur a offert une compensation financière pour le retrait de leur plainte.

Le journaliste Chris Stephen attire l’attention des lecteurs de The Observer sur les conclusions du docteur Cees Wiebes de la commission d’enquête néerlandaise sur le massacre de Srbrenica. Selon cet éminent universitaire, ce crime fut perpétré par Mladic, malgré l’opposition de Slobodan Milosevic qui cherchait alors une issue politique au conflit. L’ancien président yougoslave ne serait donc pas responsable du crime de génocide pour lequel il comparaît devant le Tribunal pénal international de La Haye.
Il ne s’agit pas là d’une découverte, mais cette affirmation n’en remet pas moins en cause la version officielle des événements telle qu’elle a été réécrite lors de la guerre du Kosovo. M. Milosevic n’était pas considéré par la communauté internationale comme responsable de ce massacre lors des Accords de Dayton. Ce crime ne lui fut imputé que lorsque la propagande de l’OTAN chercha à la diaboliser pour pouvoir attaquer la Yougoslavie. Et voici trois ans que se poursuit son procès sans que l’accusation présentée par le procureur Clara del Ponte ait pu présenter le moindre élément de preuve à charge. Il y a erreur de qualification. M. Milosevic est l’un des responsables politiques de l’exacerbation des identités qui aboutit à la guerre civile, il n’est pas pour autant la tête pensante d’un génocide.

Enfin, le député travailliste Ephraïm Sneh revient dans Ha’aretz sur les déclarations des conseillers d’Ariel Sharon. Ceux-ci ne cachent plus que le prétendu plan de retrait unilatéral de Gaza est en réalité, un redéploiement de Tsahal pour renforcer le contrôle de la Cisjordanie et prévenir la création d’un État palestinien. Ce qui est étonnant, ce n’est pas la révélation des objectifs -Ils sont limpides à l’analyse et nous les avions explicités dans ces colonnes-, mais leur absence de conséquences. Le prétendu « camp de la paix » les ignore délibérément et persiste à feindre de ne pas comprendre ce qui se passe. Cette observation de Sneh, nous nous la sommes souvent faite en cherchant des interlocuteurs parmi les pacifistes israéliens. Comme lui, nous avons constaté que la plupart d’entre eux soutenaient au fond la politique d’Ariel Sharon sans accepter de se salir les mains eux-mêmes.