L’historien Steven J. Ross tire la sonnette d’alarme dans le Los Angeles Times. L’enseignement de l’Histoire sociale est, de facto, désormais interdit dans les écoles états-uniennes. Les élèves seront maintenus dans l’ignorance des pages noires de l’histoire de leur pays et seront conditionnés pour se concentrer sur les épisodes glorieux. Lynne Cheney, épouse du vice-président et ancienne présidente de la National Endowment for Humanities, a fait pilonner 300 000 exemplaires de manuels scolaires. Pour le professeur Ross, cette censure est comparable à celle pratiquée par les nazis à leur arrivée au pouvoir, aussi bien qu’aux lois sudistes interdisant aux esclaves de se cultiver et même d’apprendre à lire. Car c’est de cela dont il s’agit : un régime totalitaire est en cours d’installation aux États-Unis. Il établit son emprise sur les esprits en interdisant l’accès de la jeunesse à une culture émancipatrice et en la soumettant simultanément à une propagande intensive de type Fox News.

Mark Brzezinski observe tristement la Coalition se déliter. Dans le Washington Post, il relève que les Polonais planifient leur retrait et que les Hongrois ne devraient pas tarder. Les gouvernements qui se sont hasardés à soutenir l’opération états-unienne doivent affronter l’hostilité de leurs électeurs et ne peuvent faire valoir aucun aspect positif à leur engagement. Tous les contrats de reconstruction ont été raflés par des entreprises états-uniennes, les " alliés " n’ayant que leur sang à verser en silence.
Gareth Evans et Karim Sadjadpour de l’International Crisis Group déplorent dans l’International Herald Tribune les conséquences du chaos irakien. Le renversement de Saddam Hussein qui devait permettre l’établissement d’une démocratie et, par effet de contagion, déstabiliser les mollahs iraniens, a eu l’effet inverse. Le chaos actuel renforce l’autorité du régime khomeyniste avec lequel finalement, il faudra bien composer. Ce n’est pas dans cette voie que s’engagent les États-Unis puisqu’ils viennent d’équiper Israël en missiles pour bombarder l’Iran.
Plus offensif, William Safire relève dans New York Times le long chapitre du rapport Duelfer accusant la France, la Russie et l’ONU d’avoir été corrompues par Saddam Hussein. Il n’y a rien de nouveau dans cet éditorial, sinon un haussement de ton. Le New York Times n’est plus ici un observateur neutre, il prend position. Et dans cet affrontement, M. Safire glisse une étrange référence à la condamnation de sa collègue Judith Miller, dont nous parlions hier dans ces colonnes. Il laisse entendre que la diplomatie française ne serait peut-être pas étrangère aux malheurs de Mme Miller.

Le député travailliste Isaac Herzog explique le récent vote de son groupe parlementaire dans le Jerusalem Post. Tandis que Tsahal poursuit son expédition punitive « Jours de repentir », le Premier ministre Ariel Sharon était venu prononcer un discours de politique générale à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne de la Knesset. Il a dû affronter un chahut où se mêlaient députés du Likoud et du Parti travailliste. L’Assemblée a alors désapprouvé par vote le programme du Premier ministre, mais, lors de deux scrutins suivants, a renoncé à renverser le gouvernement. Tout cela étant pour le moins confus, M. Herzog indique que les travaillistes soutiennent le plan de redéploiement de Sharon, contre son propre parti, mais s’opposent à sa politique économique. Ils ne souhaitent donc pas faire partie de son gouvernement, mais ne veulent pas aller jusqu’à le renverser. En d’autres termes, les travaillistes s’opposent à la politique économique du Premier ministre, mais lui laisse le temps d’accomplir à leur place le sale boulot qu’ils ne veulent pas assumer.
Dans le même quotidien, le directeur de l’UNRWA, Peter Hansen, répond à la campagne de dénigrement israélienne dont sont agence fait l’objet. Il rappelle que son rôle se borne à venir en aide aux réfugiés palestiniens, pas à traiter les causes du conflit, et exhorte Israël à collaborer à cet effort plutôt qu’à le saboter. Mais il ne peut être entendu dans la mesure où l’Agence onusienne place son action dans le cadre du droit international que récuse Israël.