Robin Cook, ancien ministre travailliste des Affaires étrangères, note dans le Guardian que les mobiles officiels ayant justifié de l’invasion de l’Irak ayant été démentis, cette guerre n’avait pas de fondement légal. Il s’ensuit que les opérations militaires étaient des crimes les auteurs pourraient avoir à répondre devant la Justice internationale. Cette polémique, qui se développe à l’intérieur du Parti travailliste, est relancée alors que M. Blair assistait à la VIe Conférence progressiste à Budapest. Cette rencontre internationale, initiée par Tony Blair et Bill Clinton, vise à développer un courant social-réaliste dont on comprend de plus en plus qu’il se borne à un alignement des partis de gauche sur les États-Unis. Cependant la conférence a tourné au vinaigre lorsque M. Blair a, une nouvelle fois, plaidé pour restaurer l’unité européenne et les relations transatlantiques en tournant la page irakienne. Le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, lui a répondu vertement que l’on ne saurait passer une guerre illégale par pertes et profits, et que c’est le comportement britannique qui porte atteinte à l’unité européenne : du suivisme en Irak à l’occupation de Gibraltar.
Au Royaume-Uni comme à l’étranger, le blairisme ne séduit plus.

Le Monde a posé trois questions à Pierre Moscovici et à Pierre Lelouche au sujet de l’élection présidentielle états-unienne. Il peut paraître étonnant d’interroger deux personnalités qui n’exercent pas les fonctions équivalentes au sein du PS et de l’UMP, mais le choix du quotidien atlantiste se comprend mieux lorsque l’on connaît le rôle de M. Moscovi entre le NDI/NED et le PS, et celui de M. Lellouche entre l’IRI/NED et l’UMP. C’est donc au regard du clivage propre à l’appareil d’influence des États-Unis et non à la vie politique intérieure française que l’on peut interpréter cette sélection.
Pour Pierre Moscovici, les programmes de Bush et de Kerry convergent. Les États-Unis prennent conscience qu’ils doivent revenir au multilatéralisme. Aussi faut-il se préparer à un rapprochement.
Pour Pierre Lellouche, la politique des États-Unis dépasse les personnes de Bush et de Kerry. Elle est aujourd’hui tournée vers l’exercice de la « supériorité américaine » pour démocratiser le monde. Il faut donc se préparer à un rapprochement.
Bref, le consensus états-unien fait tache d’huile dans les élites françaises. Jim Hoagland, éditorialiste du Washington Post, peut rassurer ses lecteurs. Tout n’est pas perdu avec la France : bientôt Jacques Chirac sera remplacé par Nicolas Sarkozy qui rétablira les relations transatlantiques. Ce M. Sarkozy, que l’auteur a eu le plaisir de rencontrer lors du voyage officiel du ministre aux États-Unis, sera certainement un excellent partenaire dans la lutte contre le terrorisme.

À propos de consensus, les président et vice-président de la Commission présidentielle sur le 11 septembre, Thomas H. Kean et Lee H. Hamilton expliquent aux lecteurs du Christian Science Monitor comment ils ont animé leur enquête. Leur souci principal a été d’équilibrer toute critique des administrations Clinton et W. Bush, des démocrates et des républicains. Une préoccupation, revendiquée et assumée, qui n’est évidemment pas compatible avec la recherche de la vérité.

Le journaliste Bartle Breese Bull rappelle dans le New York Times que le parti de l’imam Sadr pourrait obtenir la majorité absolue des voix aux élections irakiennes de janvier. Il conviendrait donc de cesser de le diaboliser et de se préparer à l’avoir comme interlocuteur légitime. D’autre part, poursuit-il, Ahmed Chalabi, qui a été tant décrié, apparaît aujourd’hui comme un leader crédible qui s’est affranchi des États-Unis. Il serait donc judicieux de s’appuyer sur lui pour conserver une influence sous un gouvernement Sadr.
Ce raisonnement se trahit de lui-même : si l’auteur espère que Washington puisse s’appuyer sur M. Chalabi, c’est bien que celui-ci est toujours l’homme des États-Unis et que sa rupture n’est qu’une mise en scène. Cependant il existe aujourd’hui des dissensions au Conseil de sécurité nationale entre les « soft » qui veulent jouer la carte Chalabi en composant avec Sadr, et les « durs » qui veulent confisquer la totalité du pouvoir en s’appuyant sur Allaoui et les anciens cadres du Ba’as.
Enfin, Patrick Clawson, du WINEP, dénonce dans le Los Angeles Times la menace que la nucléarisation de l’Iran fait peser sur Israël. L’auteur déplore que les projets de bombardement de l’Iran ne soient pas mis à exécution, compte tenu des capacités de riposte iraniennes. Aussi préconise-t-il d’isoler ce pays en lui appliquant la technique du « cordon sanitaire » autrefois utilisée contre l’URSS.