Le Jerusalem Post a eu la bonne idée de reproduire des extraits des discours prononcés à la Knesset par Ariel Sharon (repris également par The Independent) et son ministre et néanmoins rival, Benjamin Netanyahu, lors du débat sur le plan de redéploiement.
Le Premier ministre s’est présenté comme un vieux soldat que l’on ne peut accuser de brader la terre juive, mais qui considère le retrait nécessaire à la paix. Son ministre des Finances, tout en approuvant du bout des lèvres le plan Sharon, en a fait la critique, pour finalement conclure à l’obligation de convoquer un référendum pour trancher.
Dans Ha’aretz, Qaddoura Farez, un des négociateurs palestiniens de l’Initiative de Genève, souligne que, contrairement à ce qu’il déclare en public, M. Sharon et ses conseillers ne font pas mystère en privé de leur volonté de poursuivre le redéploiement pour empêcher la création d’un État palestinien viable. Il note que, de toute manière, la paix ne peut être que le fruit d’une négociation et non de décisions unilatérales.
Le sort semble favorable aux projets de M. Sharon. Le président Yasser Arafat est gravement malade. La guerre civile et le chaos seraient d’autant plus faciles à provoquer lors du retrait israélien de Gaza que le leader historique du peuple palestinien serait empêché ou décédé.

Illustre membre du Comité consultatif de Défense du Pentagone, l’ambassadeur Kenneth Adelman a révélé aux lecteurs du Los Angeles Times la subtile et novatrice stratégie de Saddam Hussein. Sérieusement ou par dérision, Gulf News s’est empressé de reproduire ce morceau choisi. Selon le diplomate, bien que respectant les injonctions de l’ONU, le président irakien aurait tenté de protéger son pays en faisant croire qu’il disposait d’armes interdites. Paradoxalement ce bluff aurait causé sa perte, puisque la Coalition l’a renversé pour lui retirer des armes qu’il ne détenait pas. Bref, M. Adelman découvre avec deux mille cinq cent ans de retard sur Sun Tzu que le bluff et la ruse sont des armes de dissuasion. Le ridicule n’est pas là, mais dans sa conclusion : l’invasion de l’Irak était juste parce que Saddam Hussein bluffait. La vérité est toute autre : pour se protéger, l’Irak a feint d’avoir les moyens de se défendre. Mais les inspections de l’ONU montraient qu’il n’en était rien. La Coalition a alors décidé de profiter de cette contradiction pour écraser un adversaire sans défense réelle. Elle était parfaitement consciente du bluff au point que les Britanniques n’ont même pas doté leurs troupes de combinaisons NBC car ils les savaient inutiles. Prétendre qu’une guerre est juste parce que l’on s’est laissé berner ou que l’on a feint de l’être n’est qu’un exercice rhétorique. Au demeurant, la question de la guerre juste était certainement passionnante pour saint Thomas d’Aquin et ses successeurs, elle ne se pose qu’en théologie morale, pas en politique. La Coalition n’était nullement contrainte d’agir comme elle l’a fait. La guerre était son choix et sa volonté. Le reste n’est que « communication ».

Comme beaucoup d’autres, Shlomo Avineri est tenaillé par la culpabilité qu’il ressent devant un inutile carnage. Aussi, explique-t-il doctement dans le Jerusalem Post, l’invasion de l’Irak était juste parce qu’elle était la sanction des crimes passés de Saddam Hussein. Il avait en effet attaqué quatre États souverains et violé une douzaine de résolutions de l’ONU. La Coalition n’était donc que le bras vengeur du courroux divin. Il ne semble pas que cette vision biblico-hollywodienne laisse la place à un examen de conscience. M. Avineri se serait alors souvenu qu’aujourd’hui Israël occupe illégalement des territoires palestiniens, libanais et syriens, et viole une centaine de résolutions de l’ONU.

Le sociologue irakien Sami Ramadani, révèle aux lecteurs du Guardian les dessous du scandale qui entoure le rejet de l’adhésion de la Fédération irakienne des syndicats au collectif anti-guerre britannique, Stop the War. Il ne s’agit là nullement d’un signe de sectarisme des militants pacifistes, mais de cohérence. Cette fédération est aux mains d’un des partis communistes irakiens, lui-même lié à la CIA bien avant l’occupation du pays et aujourd’hui impliquée dans la collaboration. D’une manière plus générale, les Européens doivent être informés que la Coalition fabrique à la chaîne des groupes de pseudo-résistance qu’elle envoie prendre la parole en Occident pour les besoins de sa propagande.

Enfin, Daniel Benjamin et Gabriel Weinmann mettent en garde les lecteurs du New York Times face au slogan de George W. Bush selon lequel la faiblesse attire le danger, la force l’éloigne. En effet, selon eux, la force déployée en Irak a, au contraire, encouragé les dijadistes. Il ne suffit donc pas de montrer fort pour dissuader, il faut finir le job. Pour étayer leur discours alarmiste, les deux auteurs citent « le magazine on line d’Al Qaïda », Sawt al-Jihad. Notre question est : à quel moment les lecteurs du New York Times vont-ils se réveiller d’un long cauchemar et s’interroger sur l’authenticité du site internet officiel d’une organisation prétendument clandestine dont les membres sont recherchés par les polices et armées du monde entier ?