Les villes et villages du Zeeland, aux Pays-Bas, sont construites sur des terres marécageuses peu à peu gagnées sur la mer. Mais l’entretien des digues coûtant cher, les prévôts et les guildes préfèrent investir dans le commerce maritime plutôt que dans des sacs de gravats et des salaires d’ouvriers. En 1530, les villes autour du Zuider Zee organisent une grève de l’impôt pour forcer les autorités à engager les sommes nécessaires à la réfection des digues. Celles-ci promettent... mais ne font rien, préférant spéculer avec l’argent des travaux. Dans la nuit du 1er novembre 1530, alors qu’une tempête fait rage, les digues cèdent sur des dizaines de kilomètres. Tout l’arrière pays est inondé, plus de 400 000 personnes disparaissent dans les flots. Les semaines suivantes, les survivants attaqueront les prévôts et lyncheront les autorités pour leur négligence. « La leçon de tels malheurs est que la fortune des peuples doit résider entre leurs propres mains » écrit un des survivants, l’anabaptiste Jan Van Leyden. Il deviendra un des pères de la pensée républicaine et inspirera Voltaire, mais aussi Jefferson et Franklin.