Le traité constitutionnel de l’Union européenne continue de générer un débat où tout et son contraire est invoqué en faveur ou contre ce texte. Ainsi, le président de l’Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Junker et l’ancien ministre travailliste britannique Robin Cook plaident en faveur de sa ratification mais en adoptant des arguments contraires. Dans une interview au Figaro, le premier affirme que ce traité permettra de favoriser l’intégration européenne en soutenant la constitution de « groupes pionniers » servant de moteur à l’Europe. Au contraire, pour le second dans le Guardian, les Britanniques n’ont pas à s’inquiéter d’un texte qui ne prend pas la direction du fédéralisme mais au contraire renforce les décisions intergouvernementales. Au passage, le travailliste utilise un argument employé aussi bien par les partisans du « oui » que par les partisans du « non » : refuser/accepter (selon l’auteur) ce texte, ce serait jouer le jeu de George W. Bush.

Dans l’International Herald Tribune, les parents du journaliste Daniel Pearl, Judea et Ruth Pearl, demandent l’unité du « monde civilisé » contre les terroristes qu’ils n’hésitent pas à présenter comme pire que les nazis. Ce faisant, ils continuent de pratiquer des amalgames dans leur analyse, mélangeant la situation au Pakistan et celle en Irak, imputant toutes les disparitions d’étrangers dans ce pays à une même entité et laissant entendre que les décapitations d’otage n’ont pas donné lieu à des condamnations de la part des autorités musulmanes, ce qui est faux. Ainsi, bien que Judea Pearl anime une organisation affichant pour vocation la mise en place d’un dialogue entre juifs et musulmans, il utilise les mêmes outils rhétoriques que les partisans de la guerre des civilisations.

Le député travailliste israélien Isaac Herzog vante dans le Guardian le plan de désengagement de Gaza et affirme qu’une telle initiative donne une chance à la reprise des négociations. Oubliant que le conseiller du Premier ministre Dov Weisglass a affirmé à Ha’aretz que l’objectif du désengagement était le gel du processus de paix, il affirme qu’Israël a désormais fait un pas en avant et que la balle est désormais dans le camps des Palestiniens qui doivent prendre des mesures contre le terrorisme. En tentant de convaincre les Britanniques, le député travailliste participe à l’un des objectifs du plan de désengagement : diminuer la pression internationale contre la politique coloniale d’Israël alors que ce pays étend son emprise en Cisjordanie.
Cet objectif est favorisé par la maladie de Yasser Arafat dont l’incapacité à gouverner ou la mort pourrait provoquer une crise de succession. Cette situation inquiète le journaliste Danny Rubinstein dans Ha’aretz. Pour l’auteur, qu’on apprécie ou non Arafat, il s’agit d’un interlocuteur qui, par son prestige, est un vrai représentant des Palestiniens. Or, il n’existe pas d’autres dirigeants représentatifs avec lesquels négocier. Au contraire, Edward Abington et Amjad Atallah se réjouissent plutôt d’une possible disparition d’Arafat dans le Los Angeles Times. Le vieux dirigeant palestinien sert d’excuse à Israël et aux États-Unis pour ne pas relancer le processus de paix, s’il disparaît ces deux pays seront obligés de changer de discours et de relancer effectivement les discussions. Pour cela, il faut toutefois un représentant légitime des Palestiniens et, comme Rubinstein, les auteurs demandent l’organisation d’élections dans les territoires, des élections bloquées par Israël.

James Dobbins, président de la Rand Corporation, poursuit dans l’International Herald Tribune sa campagne en faveur de l’indépendance du Kosovo. Il se félicite de la victoire du parti d’Ibrahim Rugova, signe selon lui que les Kosovars veulent obtenir pacifiquement l’indépendance, mais fustige l’attitude des Serbes dont moins d’un pour cent a participé à l’élection. Pour l’auteur, il n’y aura de réconciliation entre « Albanais » (en réalité les populations albanophones) et Serbes qu’une fois que l’indépendance du Kosovo aura été reconnue et que la possibilité d’une réunification de tout ou partie de ce territoire avec la fédération de Serbie-Monténégro aura été définitivement écartée.
Grand artisan de l’éclatement de la Yougoslavie lors des accords de Dayton, le néo-conservateur démocrate Peter W. Galbraith se penche aujourd’hui sur le cas irakien. Dans le Boston Globe, il reprend le type d’argumentation du candidat démocrate à la vice-présidence John Edwards en blâmant l’administration Bush pour sa gestion de l’après-guerre en Irak, tout en préparant l’opinion à une attaque contre l’Iran. Ainsi, il met en garde les lecteurs contre le pillage des anciens centres nucléaires irakiens (inutilisés depuis 1991) par l’Iran. Le programme nucléaire irakien fantôme est ainsi recyclé en un nouveau prétexte pour une aventure coloniale. Ce n’est pas la première fois que le programme d’armement irakien, dont l’inexistence est pourtant un fait avéré, est mis en avant pour justifier d’autres attaques. Rappelons ainsi qu’il a été affirmé que les pseudos armes de destruction massive irakienne étaient parties pour la Syrie, voire qu’elles avaient été utilisées au Darfour.