N’attendez pas trop de larmes dans les rues de Gaza et de la Cisjordanie à l’annonce de la mort de Yasser Arafat. Les Palestiniens se préoccupent davantage de leur avenir que d’une figure de proue invalide. Personne ne regrettera les erreurs diplomatiques d’Arafat et son goût des menaces bien qu’il ait contribué à la constitution d’une identité collective et le chaos pourrait suivre sa disparition. Les Palestiniens le savent et ils le craignent. Israël devrait le craindre également.
On pourrait en effet assister à un éclatement de la société palestinienne qui ferait disparaître du même coup les espoirs de paix. C’est comme cela que s’explique le poids politique frappant de la police dans les territoires palestiniens : l’importance de leur arsenal pour régler les troubles qui ne manqueront au début de l’ère post-Arafat. Le Hamas est prêt à remplir le vide laissé par la mort d’Arafat. Il faut donc soutenir les Palestiniens pragmatiques et restaurer un optimisme diplomatique dans le discours palestinien. Le succès de la People’s Voice Initiative montre que dans les deux camps, il y a des partisans du compromis. Il faut mettre ce texte en avant pour renforcer les modérés.
Ariel Sharon doit reconnaître clairement le droit à un État pour les Palestiniens sans quoi ces derniers croiront que le Premier ministre préfère les tanks aux négociations. Il faut donc que le plan de désengagement soit la première étape d’un nouveau processus. On ne gagnera rien à laisser se former un bain de sang chez les Palestiniens.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Carpe diem », par Ami Ayalon, Ha’aretz, 9 novembre 2004.