Valery Giscard d’Estaing développe dans Le Figaro les arguments contre l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. L’ancien président de la République française souligne l’impact économique de l’entrée éventuelle d’une très forte population, pauvre et agricole. Il récuse le procès qui lui est fait d’hostilité envers l’islam, mais maintien néanmoins quelques arguments de mauvaise foi sur la localisation de la Turquie ou les particularité de son histoire.
Dans le même quotidien, Jacques Toubon, ancien ministre gaulliste de la Culture, propose d’envisager un partenariat privilégié avec la Turquie, plutôt qu’une adhésion formelle. Concrètement, la Turquie participerait à l’union économique et juridique, mais ne siègerait pas dans les instances décisionnelles. Elle pourrai donc profiter à la carte du système, sans pouvoir influer sur sa forme. Ce partenariat garantirait à l’Union la stabilité des détroits du Bosphore et des Dardanelles. La proposition de M. Toubon n’a rien de désobligeant, elle correspond à ce qui a été proposé à la Suisse, membre de l’Association européenne de libre-échange (AELE), donc du marché commun européen, mais ne siégeant pas dans ses instances. Cette solution offrirait aux Unionistes une sortie honorable de la polémique, mais ne satisfait pas les Turcs.
Observons au passage la difficulté à exprimer clairement les arguments et leurs conséquences qu’induit le vocabulaire politique actuel. On emploie le terme « d’Européens » pour désigner non pas les habitants du continent, ni les héritiers d’une culture, mais les membres de l’Union. Il serait plus juste de dire « les Euro-unionistes ». En effet, au plan géographique, les Turcs sont asiatiques et parfois Européens ; au plan historique, ils sont Orientaux et Européens ; mais au plan politique, ils sont isolés et espèrent devenir Euro-unionistes.

Le ministre britannique des affaires européennes, Denis MacShane, dénonce dans le Daily Telegraph l’attitude des actuels conservateurs, prêts à remettre en cause l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne. Il rappelle que, par le passé, les conservateurs furent les plus grands défenseurs des traités internationaux, alors qu’aujourd’hui, ils refusent toute contrainte de ce type.

Pierre Marion répond dans Le Figaro à un récent article de l’amiral Lacoste à propos du charivari à l’intérieur de la CIA. L’ancien directeur des services secrets extérieurs français (SDECE, puis DGSE), rappelle qu’il s’affronta au président de la République et démissionna après avoir refusé de dévoyer son service dans l’intérêt personnel de M. Mitterrand. Il en conclut que des patrons responsables sont capables de protéger leur service des pressions politiques. Une manière inélégante de régler ses comptes personnels : c’est en effet l’amiral Lacoste qui lui succéda à la direction de la DGSE, avant de faire les frais du fiasco du Rainbow Warrior.

Enfin, le nouveau « Tsar anti-drogue » des États-Unis, John P. Walters, annonce dans le Washington Times que la Maison-Blanche entend lutter contre le trafic de drogues en Afghanistan. Cette déclaration d’intention ne manquera pas d’intriguer : c’est sous la protection des GI’s que l’Afghanistan est devenu, en quelques mois, le premier producteur mondial d’opium ; et avec leurs moyens logistiques qu’elle est exportée et vendue, classiquement, pour alimenter des caisses noires. La question se pose donc de savoir si Washington souhaite rompre avec cette pratique ou éliminer des concurrents émergeants. Quoi qu’il en soit, la lutte militaire contre les drogues, telle que l’auteur la supervise en Colombie, ne résout aucun problème, mais habille de bonnes intentions un déploiement permanent.