Les demandes croissantes de démission de Kofi Annan sont ridicules et une telle démission affecterait l’ONU et les États-Unis. Je dis cela en tant que personne ayant soutenu le renversement de Saddam Hussein et continuant, malgré les erreurs commises à soutenir les efforts de la Coalition pour construire une société démocratique en Irak. Je pense aussi que l’ONU a régulièrement déçu le peuple irakien mais je sais que c’est également ce que pense Annan. Il m’a dit qu’en 1992 il avait demandé à Boutros Boutros-Ghali d’agir davantage pour résoudre la situation en Irak.
Les sanctions imposées par l’ONU après la Guerre du Golfe ont, du fait de la non-coopération irakienne concernant les armes de destruction massive, affecté durement les Irakiens ordinaires mais pas les élites ba’asistes. Pour corriger cela, le Conseil de sécurité de l’ONU créa en 1996, le programme " pétrole contre nourriture ". Ce programme sauva des millions d’Irakiens mais, comme l’a prouvé le rapport Duelfer, les possibilités de corruption étaient immenses et Saddam en a pleinement profité.
Qui est responsable ? Pas Kofi Annan puisque les responsables de l’ONU qui dirigeaient ce programme rendaient compte directement au Conseil de sécurité de l’ONU et pas au secrétaire général de l’organisation. De même, il est difficile de rendre Kofi Annan responsable des agissements de son fils. On ferait mieux de se tourner vers les pays qui ont bénéficié du système comme la Russie, la Chine et la France.
Le bilan de Annan depuis 1996 est bon, c’est un admirateur des États-Unis et il a restauré les relations avec Washington. L’opposition du Conseil de sécurité à la Guerre d’Irak l’a mis dans une situation impossible et c’est vrai qu’il a fait une erreur en condamnant l’attaque contre les terroristes à Fallouja mais aujourd’hui les États-Unis ont besoin de l’ONU. Ils ne doivent pas combattre Annan.
International Herald Tribune (France)
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« America’s man at the UN », par William Shawcross, International Herald Tribune, 8 décembre 2004.
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