Robert Badinter affirme que l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne serait une aberration au profit des États-Unis. Comme pour lui donner raison, une cohorte d’intellectuels et d’hommes politiques atlantistes se presse pour préconiser l’adhésion. Il est étrange d’observer qu’ils appartiennent tous aux mêmes cercles sociaux-démocrates, proches de George Soros, et que leurs tribunes sont bien sûr diffusées par Project Syndicate.
Le débat sur l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne continue à agiter les pays fondateurs de l’Union, principalement la France et l’Allemagne.
Robert Badinter, ancien président du Conseil constitutionnel français, affirme dans un entretien au Figaro que ce serait une aberration. Il s’indigne qu’une question de cette importance n’ait pas été véritablement débattue (mais a-t-on débattu l’entrée de la Pologne, autre grand pays pauvre et religieux ?). Argument suprême : George W. Bush est favorable à cette adhésion, c’est bien le signe qu’elle est mauvaise pour les Européens.
Comme pour lui donner raison, une cohorte d’intellectuels et d’hommes politiques atlantistes se presse pour préconiser l’adhésion. Il est étrange d’observer qu’ils appartiennent tous aux mêmes cercles sociaux-démocrates, proches de George Soros, et que leurs tribunes sont bien sûr diffusées par Project Syndicate.
L’ancien ministre social-démocrate allemand Rudolf Scharping plaide habilement dans Le Figaro pour évacuer la question. Pour lui, un approfondissement de l’Union européenne est nécessaire avant tout nouvel élargissement. Dans cette perspective de consolidation, qui ferait de l’Union un partenaire fiable des États-Unis, il préconise de repousser temporairement l’adhésion de la Turquie à l’Union. Mais à vrai dire, observe-t-il, on n’en est pas là. Il n’est question pour le moment que de négociations d’adhésion et celle-ci reste souhaitable à long terme. Il faut donc s’engager dans le processus.
Sur le mode bien-pensant, le député européen Verts, Daniel Cohn-Bendit, assure dans Libération et El Periodico que l’adhésion turque est un scénario gagnant-gagnant : l’Europe y trouve une occasion d’intégrer une population musulmane et la Turquie la possibilité d’échapper aux intégrismes (sous-entendu, en se tournant vers le monde arabe, la Turquie se tournerait vers l’intégrisme).
Dans la même veine, quatre intellectuels français, Edgar Morin, Alain Touraine, Jean-Christophe Rufin et Guy Sorman, développent cette idée. L’adhésion turque serait un moyen de montrer que l’Europe refuse la guerre des civilisations et qu’elle est capable de s’affranchir des États-Unis. L’argument est distrayant sous leur plume et dans les colonnes du Monde.
De manière plus frontale, des membres de la Commission indépendante sur la Turquie, Martti Ahtisaari, Michel Rocard et Albert Rohan, résument dans le Daily Star libanais et The Independent du Bengladesh leurs travaux. Il serait malhonnête de changer les règles en cours de jeu : les adhésions sont soumises au respect des critères de Copenhague, la Turquie doit pouvoir en bénéficier lorsqu’elle y répondra. Voilà qui est juste. Mais au fait, quelle est donc cette Commission indépendante sur la Turquie et quels intérêts sert-elle ? C’est une structure militante financée par le Royaume-Uni et la fondation Soros.
Ilias Akhmadov, ministre des Affaires étrangères de l’auto-proclamé gouvernement tchétchène en exil et salarié de la NED/CIA, déplore dans le Washington Post la passivité de la communauté internationale devant la répression brutale de l’armée russe en Tchétchènie. Au passage, il souligne que le fait que les Tchétchènes n’aient pas de revendications autres que la libération de leur pays montre qu’ils ne sont pas liés à Al Qaïda. C’est un argument convaincant pour ceux qui croient qu’Al Qaïda est une organisation terroriste islamiste. C’est au contraire, pour ceux qui rejettent cette croyance et pensent qu’Al Qaïda est un instrument servant les intérêts états-unien, une preuve que le terrorisme tchétchène est manipulé par les États-Unis. On se souvient d’ailleurs que les premiers crédits de la NED/CIA furent versés aux organisations d’Oussama Ben Laden lorsqu’il luttait contre les Soviétiques en Afghanistan.
Enfin, Francis Fukuyama propose dans l’International Herald Tribune une stratégie pour les États-Unis en Extrême-Orient : il faudrait isoler la Corée du Nord en maintenant les contacts entre les cinq autres États participants à la négociation sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Ce plan permettrait à Washington de ne pas s’engager dans un guêpier où ses rodomontades risquent de l’entraîner.
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