Dans le Los Angeles Times, Max Boot se félicite de l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, bien qu’il s’inquiète de l’évolution de cet État. En effet, d’alliée traditionnelle des États-Unis et d’Israël, la Turquie s’aligne de plus en plus sur les positions franco-allemandes en matière de politique internationale au fur et à mesure qu’elle se rapproche de l’Union.
S’exprimant au nom des évêques catholiques d’Europe, Mgr Hippolyte Simon prend position dans Le Figaro contre l’adhésion de la Turquie. Selon lui, cet État ne serait pas digne d’entrer dans l’Union car il ne respecterait pas la liberté religieuse des chrétiens. Le propos ne manque pas de surprendre : après avoir laissé les associations catholiques dénoncer le péril qu’une vaste population musulmane ferait courir à l’identité chrétienne de l’Europe, les évêques s’indignent du caractère laïque de la Turquie. Ils relèvent que les Kemalistes ne pourront jamais accepter l’article 52 du Traité constitutionnel qui accorde des privilèges politiques aux Églises et aux Loges maçonniques. Ils craignent donc que la Turquie laïque s’oppose à leur hold-up sur les institutions de l’Union.

Daniel Pipes invite les lecteurs du New York Sun à lire l’ouvrage de la polémiste Michelle Malkin sur la répression des minorités à risque. Publié cet été, ce livre remet en question le travail des historiens et de la justice sur l’internement des citoyens d’ascendance japonaise durant la Seconde Guerre mondiale. 120 000 personnes avaient été placées en camp de concentration. La commentatrice de Fox News affirme que c’est sur la foi de travaux erronés que le président Reagan présenta les excuses de la nation et indemnisa les victimes. Après avoir nié ce crime, elle en réhabilite le principe : les États-uniens d’origine japonaise formaient un vivier d’espions nippons, leur arrestation était une nécessité de sécurité nationale. Elle ne relève pas que les citoyens d’origine allemande ou italienne représentaient le même danger et n’ont pourtant pas été opprimés. Puis elle établit un parallèle avec la situation actuelle : aujourd’hui ce sont les musulmans qui sont un vivier de terroristes. Il faut les interner à leur tour pour les mêmes motifs. Daniel Pipes, nommé par le président Bush administrateur de l’Institut des États-Unis pour la paix, se réjouit de cet ouvrage qui confirme ses propres propositions et les font avancer dans l’opinion publique.

La campagne états-unienne contre l’ONU franchit de nouvelles étapes. Il ne s’agit plus seulement de mettre en cause le principe du droit international, mais désormais aussi celui de la solidarité internationale.
Adrian Karatnycky de la Freedom House et Matteo Mecacci du Parti radical libéral européen pour les États-Unis d’Europe et d’Amérique annoncent dans l’International Herald Tribune l’initiative commune de leurs associations pour créer un « caucus » des démocraties à l’ONU. Leur campagne vise à miner l’organisation de l’intérieur en déligitimant certains membres, qualifiés de non-démocratiques, pour lui substituer le leadership des États-Unis, qualifiés de démocratie. C’est le dernier avatar d’une opération organisée en 2001 par le département d’État avec l’aide de Vaclav Havel et à laquelle la France s’est opposée dès le début. Après plusieurs conférences internationales, la création d’une ONG ad hoc par George Soros, le rapport Laschet au Parlement européen, la mutation de l’ex-Parti radical transnational en une courroie de transmission de la NED/CIA et l’appel de personnalités pour la création du Commissaire européen de Promotion de la démocratie. Reste évidemment à prouver que les États-Unis, dont la constitution ne reconnaît pas la souveraineté populaire et qui ne sont pas signataires des Pactes internationaux sur les droits civils, politiques, économiques, culturels et sociaux, sont un modèle démocratique.
Dans une déclaration officielle reproduite par The Independent, le président Bush annonce son intention de constituer une Coalition des États humanitaires pour résoudre la crise du tsunami asiatique.
Clare Short, ancien ministre démissionnaire du gouvernement Blair, alerte ses concitoyens : cette initiative n’est qu’une tentative d’instrumentaliser la crise humanitaire pour substituer le leadership US aux agences de l’ONU, observe-t-elle dans The Independent.

À la suite d’un colloque auquel il a participé, l’ambassadeur Dennis Ross confirme dans le Washington Post que, dans la période actuelle qui fait suite à la mort de Yasser Arafat, les Palestiniens sont disposés à débattre. Il en conclut que la disparition du vieux leader les rend plus ouverts. On pourrait aussi considérer que ce ne sont pas les Palestiniens qui ont changé, mais les États-uniens qui cherchent une occasion de faire évoluer la situation qu’ils ont contribué à bloquer.
À ce propos, l’ancien secrétaire d’État démocrate, Warren Chistopher, plaide dans l’International Herald Tribune pour une plus grande implication de son pays dans la région. Le plus efficace serait que le président Bush désigne un négociateur spécial pour relancer le processus de paix. Un poste pour lequel il n’hésite pas à proposer son ami James Baker III, d’autant que ce fidèle ami des Bush semble aujourd’hui isolé à washington, en butte à l’hostilité de Dick Cheney.

C’est d’ailleurs avec James A. Baker III que le même Warren Christopher signe une tribune dans le Washington Post. Les deux anciens secrétaires d’État apportent un soutien bipartisan aux propositions de la Commission présidentielle sur le 11 septembre en matière d’aide internationale. Si la pauvreté n’est pas la source du terrorisme, elle l’alimente néanmoins. Les États-Unis devraient donc augmenter leurs budgets d’aide et de coopération avec le Tiers-monde.